Caresser les chiens morts

La gamine était morte. Aucun doute à ce sujet. C'est ce qu'avait dit le type qui avait appelé la police. Elle était déjà morte à l'arrivée aux urgences. Le toxicologue avait indiqué le décès.
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Roman - Noir

Caresser les chiens morts

Braquage/Cambriolage - Corruption - Gang MAJ jeudi 13 décembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 7,5 €

Jan Thirion
Triel-sur-Seine : Lokomodo, août 2012
258 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-35900-103-7
Coll. "Zone d'Ombres", 5

Actualités

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    Cette fois, ça y est, nous sommes en plein dedans. Pour ceux qui n'auraient pas compris, je veux parler de la rentrée littéraire. Les parutions sont de plus en plus en nombre, et l'on découvre au hasard des titres d'ouvrage quelques surprises de taille. D'abord que Dantec propose une suite à son Babylon Babies, et qu'il a quitté pour l'occasion Albin Michel pour rejoindre les toutes nouvelles éditions Ring avec à leurs commandes David Kersan épaulé littérairement parlant de Raphaël Sorin. On découvre pour l'occasion que Stéphane Bourgoin y dirige deux collections qui sont "Ring noir" et "Murder ballads".
    Le roman de la semaine et au moins du mois, si ce n'est plus, est à aller chercher chez Rivages. Il s'agit de Dernière nuit à Montréal de la Canadiene Emily St. John Mandel. Lisez notre chronique pour comprendre pourquoi nous l'aimons. Parmi les curiosités, à n'en pas douter, le nouvel opus de Nicolas Bouchard chez Asgard (point de tromperie, nous aimions déjà Nicolas Bouchard chez Après la lune, le fait qu'il soit publié tout comme Jan Thirion dans la collection "Zones d'ombre" de notre k-libriste Thomas Bauduret ne rajoute rien si ce n'est de la qualité au risque d'être traité de vil flagorneur).
    Le reste, bien sûr, est à découvrir (ou pas...), notons que Le Masque continue de rééditer Agatha Christie dans une traduction révisée ou nouvelle. Quatre pour cette fournée qui nous éloigne d'Hercule Poirot. Et que Rivages ressort en poche Les Corps déchiquetés, d'Hervé Le Corre.
    Voilà donc de (mal)saines lectures en attendant de voir ce que la semaine prochaine nous réserve !

    Grand format :
    Ceux qui règnent dans l'ombre, de Nicolas Bouchard (Asgard, "Zones d'ombre")
    Le Dernier vol des frelons, de Michel Brouard (Mon village, "Roman")
    L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran)
    Fusion froide : l'autre histoire du groupe AZF, de Patrick F. Cavenair (L'Aube, "Regards croisés")
    Le Département de français, de Murielle Lucie Clément (Édilivre, "Coup de cœur")
    Satellite sisters, de Maurice G. Dantec (Ring)
    Les Pendus de Tire-Bœuf, de Pascal Daval (Galipote)
    Boum Julie, d'Alain Declercq (Janninck)
    La Persévérance du jardinier, de Marie-Hélène Ferrari (Clémentine, "Soleil noir")
    La Clique dorée, d'Émile Gaboriau (Pascal Galodé)
    Filiation mortelle, de Cyriac Guillard (Noir'éditions)
    Mauvais sang, de Manfred Kastrop (Les Nouveaux auteurs, "Thriller")
    Dans le jardin de la bête, d'Erik Larson (Le Cherche midi, "Thriller")
    Dominance, de Will Lavender (Michel Lafon)
    le Cri de l'ange, de C. E. Lawrence (Pôle noir)
    Sous la manche, de Gilles Pétel (Stock, "Bleue")
    Les Nénuphars empoisonnés, de Jean-Louis Poirey (Citron bleu, "Série noire")
    Ne jamais dire jamais, de Sara Shepard (Fleuve noir, "Territoires")
    Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandel (Rivages, "Thriller")
    Les Poissons aux longues jambes, de Depal Stermans (L'Harmattan, "Lettres du Pacifique")
    Les Anneaux de la honte, de François Thomazeau (Archipel, "Cœur noir")
    La Dernière confession, de Charles Todd (City, "Thriller")
    Génération maudite, d'Anton Tramp (Édilivre, "Coup de cœur")

    Poche :
    La Fille du Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir")
    Lauragais morgue plaine, de Jean-Marie Calvet (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
    Moody Blues, d'Yves Carchon (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
    Associés contre le crime... d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    La Maison biscornue, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Passager pour Francfort, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Témoin muet, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    L'Enquête, de Philippe Claudel (LGF)
    La Guérisseuse, de Géraldine Jaujou (J'ai lu, "Policier")
    Rendez-vous dans le 18e, de Jake Lamar (Rivages, "Noir")
    Les Corps déchiquetés, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir")
    Green War, de Jean-Marc Ligny (Lokomodo, "Zones d'ombre")
    En mémoire de la forêt, de Charles T. Powers (Pocket, "Best")
    L'Égorgerie de la Rance, d'Éric Rondel (Astoure, "Breizh noir")
    Caresser les chiens morts, de Jan Thirion (Lokomodo, "Zones d'ombre")
    Mortelle Jamaïque, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
    La Maison du loch, de Patricia Wentworth (10-18, "Grands détectives")
    Liens : Les Cœurs déchiquetés |Dernière nuit à Montréal |Les Anneaux de la honte |Green War |Témoin muet |Ceux qui règnent dans l'ombre |Stéphane Bourgoin |Nicolas Bouchard |Agatha Christie |Maurice G. Dantec |Émile Gaboriau |Manfred Kastrop |Jake Lamar |Hervé Le Corre |Emily St. John Mandel |Jan Thirion |François Thomazeau

Attention pauvres méchants

D'un autre roman tonkinois, Jan Thirion avait ramené des piastres, monnaie de pacotille des temps coloniaux, dont le trafic avait fait beaucoup coulé d'encre sous la IVe République. Ces piastres, une vieille dame, en a des poignées. Elle en offre comme porte-bonheur. Deux des récipiendaires de Caresser les chiens morts vont en récupérer chacun une, mais la chance sera-t-elle encore au rendez-vous ?

Gaétan est un petit truand qui participe à une combine de deuxième zone. Comme il n'a pas lu le roman de Jan Thirion, il s'est trop approché de chiens vivants et la caresse s'est transformée en morsure. Éric, lui, est un policier chargé de le coincer mais qui reste plus intéressé par de petites corruptions qui entretiennent son compte en banque. Il croit en son étoile mais il croise le chemin de la pègre rom locale de la pire des manières : il s'est mis à dos le fils du "parrain" et prend ainsi le risque d'être sauvagement mordu. Lorsque la vieille dame en plus des piastres, raconte que son mari est revenu d'Indochine avec des lingots d'or qu'il a enterrés quelque part, nos deux personnages voient la richesse s'approcher... mais ils devraient savoir que lorsque les chiens mordent, la rage arrive.

Le roman s'ouvre sur une figure complexe avec deux hommes qui jouent à la belote, action calme s'il en est, mais dont le gagnant frappe le perdant, car c'est une belote boxée... La suite va être à cette image, une variation entre la violence soudaine, parfois stupide (à un moment, alors qu'il négocié la paix, un homme tombe et déclenche le carnage) et des plages de calme, comme lorsque Éric retrouve un amour d'enfance, une jeune femme devenue aveugle. Les deux protagonistes descendent lentement dans leur enfer personnel, multiplient les bourdes comme des Jacques Tati noirs, avec une certaine élégance et l'air de ne pas y toucher. Jan Thirion est un styliste. Il se sert de ses personnages, dans une structure alternée classique, pour nous livrer une suite de variations tragiques et comiques sur la déchéance et le blues.

Citation

Éric se demanda si eux aussi, les flics de Saint-Gaudens, ils n'avaient pas été fabriqués en Chine, mal conçus, mal peints, avec des matériaux laissant tellement à désirer qu'aucune gosse n'avait envie de s'en approcher.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 13 décembre 2012
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