Jusqu'à la folie

Les bandits sont en train de redevenir ceux d'autrefois, songea Marco quand il se trouva face à face avec Cesare Adami, dit Numéro Huit. Laids, sales et méchants. Anthropologiquement caractérisés, aurait-on dit.
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Roman - Thriller

Jusqu'à la folie

Psychologique - Médical - Procédure - Complot MAJ lundi 17 décembre 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,8 €

Jesse Kellerman
Trouble - 2007
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Julie Sibony
Paris : J'ai lu, octobre 2012
444 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-290-02969-5
Coll. "Thriller", 9947

Actualités

  • 05/10 Édition: Parutions de la semaine - 5 octobre
    Pleins feux sur les éditions Rivages qui avec Bill James, Elmore Leonard et un étrange duo composé de Ken Bruen et Reed Farrel Coleman proposent trois romans délectables. Le premier vaut le détour ne serait-ce que parce qu'il reprend ce qui a fait le succès des littératures romantiques du XIXe siècle : c'est un roman épistolaire (mais noir). Les nouveaux romans de Marin Ledun (chez Ombres noires, un nouvel éditeur), Elizabeth George, Donna Leon, Peter May, Arni Thorarinsson, Pierre Lemaitre et Don Winslow arrivent sur les tables avec des avis très partagés. Winslow et George cèdent ainsi aux facilités américaines. C'est de l'efficace mais sûrement pas du dérangeant, du déstabilisant. Du neuf fait avec du vieux. Et c'est bien dommage. Le Seuil publie des nouvelles mettant en scène Wallander, le personnage de Henning Mankell, pendant que L'Opportun en dégotte cinquante de Maurice Leblanc. Rayon des rééditions poche, nous ne saurions vous conseiller de vous plonger dans Paperboy, de Pete Dexter ou L'Affaire Vargas, de Fernando Pessoa. Pour les amateurs, il y a aussi les romans de Philip Kerr, Ian Rankin et Robert Littell. Très différents dans leurs genres, mais sobres et efficaces...

    Grand format :
    L'Ange du matin, de Arni Thorarinsson (Métailié, "Noir")
    Mauvais pas, de Linwood Barclay (Belfond, "Noir")
    Ce bonheur trop parfait, de Suzanne Bugler (Presses de la Cité, "Suspense psychologique")
    Comme au cinéma : petite fable judiciaire, de Hannelore Cayre (Métailié)
    Jeunes pousses en folie, de Jean Céa (L'Harmattan)
    Ligne de mire. 1, de Tom Clancy (Albin Michel, "Thrillers")
    Ligne de mire. 2, de Tom Clancy (Albin Michel, "Thrillers")
    Mauvaises fréquentations, de Marcia Clark (Albin Michel, "Spécial suspense")
    Le Souilleur de femmes d'Oxford : et autres cas mystérieux du Dr Henry St Liver, de Gary Dexter (Le Dilettante)
    L'Automne meurtrier, de Andrea Ellison (Mosaïc)
    Un goût de cendres, de Elizabeth George (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    La Ronde des mensonges, de Elizabeth George (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    Lettres de Carthage, de Bill James (Rivages, "Thriller")
    Beau parleur, de Jesse kellerman (Les 2 Terres, "Best-seller")
    Freezing, de Clea Koff (Héloïse d'Ormesson)
    Nouvelles inédites, de Maurice Leblanc (L'Opportun)
    Dans le ventre des mères, de Marin Ledun (Ombres noires)
    Sacrifices, de Pierre Lemaître (Albin Michel, "Thrillers")
    Les Joyaux du paradis, de Donna Leon (Calmann-Lévy)
    La Faille souterraine : et autres enquêtes, de Henning Mankell (Le Seuil, "Policier")
    Le Braconnier du lac perdu, de Peter May (Le Rouergue, "Noir")
    La Politique du tumulte, de François Médéline (La Manufacture de livres)
    Le Murmure de l'ogre, de Valentin Musso (Le Seuil)
    Sonate pour un espion, de Jean-Pierre Pochon (Robert Laffont)
    Les 500, de Matthew Quirk (Le Cherche midi, "Thriller")
    L'Évadée du bocal, de Patty Siyha (Chloé des Lys)
    Cool, de Don Winslow (Le Seuil, "Policier")
    Aventure de Newton Poppleford : le jeu des 7 terreurs, de Gordon Zola (Le Léopard démasqué)

    Poche :
    Et l'ange de Reims grimaça, de Jean-Pierre Alaux (10-18, "Grands détectives")
    Va, brûle et me venge !, de Philippe Bouin (Archipoche, "Archipoche")
    Tower, de Ken Bruen & Reed Farrel Coleman (Rivages, "Noir")
    Lazhadeg, de Maxime Chattham (Hor Yezh)
    Un père idéal, de Paul Cleave (LGF, "Thriller")
    Caïds, de Martina Cole (LGF, "Thriller")
    Paperboy, de Pete Dexter (Points, "Roman noir")
    Les Yeux de Lira, de Eva Joly & Judith Perrignon (Points)
    Jusqu'à la folie, de Jesse Kellerman (J'ai lu, "Thriller")
    La Paix des dupes : un roman dans la Deuxième Guerre mondiale, de Philip Kerr (LGF, "Policier")
    L'Élixir du diable, de Raymond Khoury (Pocket)
    La Parole perdue, de Frédéric Lenoir & Violette Cabesos (LGF, "Thriller")
    Cat Chaser, d'Elmore Leonard (Rivages, "Noir")
    Philby : portrait de l'espion en jeune homme, de Robert Littell (Points, "Policier")
    Le Mensonge dans la peau : la ruse de Bourne, de Eric van Lustbader (LGF, "Thriller")
    les Charmants travers de nos semblables, d'Alexander McCall Smith (10-18, "Grands détectives")
    L'Affaire Vargas, de Fernando Pessoa (Folio)
    Lost Girls, de Andrew Pyper (Points, "Thriller")
    Exit music, de Ian Rankin (LGF, "Policier")
    Panique à Bamako, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS)
    Satori, de Don Winslow (Points, "Policiers")
    Liens : Va, brûle et me venge ! |Un père idéal |La Ronde des mensonges |L'Élixir du diable |Philby : portrait de l'artiste en jeune homme |Le Braconnier du lac perdu |Exit Music |Cool |Satori |La Politique du tumulte |Tower |Les 500 |Freezing |La Faille souterraine et autres enquêtes |Les Joyaux du paradis |Jean-Pierre Alaux |Árni Thórarinsson |Linwood Barclay |Philippe Bouin |Ken Bruen |Hannelore Cayre |Maxime Chattam |Paul Cleave |Martina Cole |Pete Dexter |Elizabeth George |Bill James |Jesse Kellerman |Philip Kerr |Raymond Khoury |Maurice Leblanc |Marin Ledun |Pierre Lemaitre |Donna Leon |Elmore Leonard |Robert Littell |Henning Mankell |Peter May |Alexander McCall Smith |Valentin Musso |Ian Rankin |Don Winslow |Gordon Zola |François Médéline |Clea Koff

  • 07/10 Édition: Parutions de la semaine - 7 octobre

À la folie... pas du tout...

La folie est omniprésente dans ce roman de Jesse Kellerman du titre à son contenu. Elle pourrait bien entendu l'être déjà dans l'intrigue qui sert de départ au texte : dans une rue sombre de Manhattan, un fou armé d'un couteau agresse une jeune femme tard la nuit. En la défendant, Jonah tue l'agresseur. Encensé par les médias, poursuivi par le procureur qui s'interroge sur son geste et ses motivations, il est l'objet d'une plainte et risque d'aller en prison. Sans doute la folie du système judiciaire américain. La folie, encore elle, poursuit le personnage central. Étudiant en médecine, il doit effectuer un stage en hôpital psychiatrique. Sa fiancée a sombré dans la folie et est soignée par son père. Jonah lui rend visite chaque week-end. Vous l'aurez compris, la folie rôde partout. Et ce n'est pas la famille de Jonah, pourtant comble de la normalité, qui y échappe car c'est l'occasion pour Jesse Kellerman de décrire toutes ses failles psychologiques. La mère est à la fois trop présente et absente, le père quant à lui est bien trop lointain. Pour compléter le tableau, Jonah partage son appartement new-yorkais avec un fils de bonne famille aux passions interchangeables, mais toujours particulières (il a par exemple posé des caméras partout dans l'appartement pour être vu quasiment en permanence sur Internet), qui se complait dans une certaine oisiveté.

Il ne reste que le monde qui sous la plume de Jesse Kellerman n'est peuplé que de gens aux comportements étranges. Oh ! Bien sûr, il ne s'agit que de quelques silhouettes de la vie new-yorkaise comme un chauffeur de taxi, une concierge, un passant ou un avocat, mais le romancier laisse éclater la bizarrerie dans le comportement comme, par exemple, celle d'un chef de service médical ou celle plus spécifique de l'incapacité de la police à aider Jonah lorsqu'il sera menacé. Dans cette folie omniprésente et partout vivace, Jonah croit finalement avoir découvert un havre de sérénité en filant le parfait amour avec la jeune femme qu'il a sauvé, mais peu à peu les apparences vont s'avérer encore plus trompeuses que le reste. Jesse Kellerman est un auteur efficace à l'américaine. Il met en scène peu de personnages, il planifie une montée lente et insidieuse du suspense (si lente que le lecteur "chevronné" - mais est-ce là le public visé ? - a vite compris le dénouement de l'intrigue), une histoire qui s'englue dans la multiplicité des détails réalistes ancrant le roman, un personnage central auquel on s'attache, quelques perversions sexuelles en arrière-plan pour assurer le maintien de la tension. Tout cela conduit évidemment à un texte maitrisé à l'extrême pour réussir ses effets en oubliant ce qui justement pourrait amener un grain de folie qui le différencierait des autres thrillers du genre.

Citation

Il était trois heures moins le quart du matin et il marchait en direction de Times Square pour s'acheter de nouvelles chaussures.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 14 janvier 2013
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