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Grand format
Inédit
Tout public
304 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8098-0872-8
Coll. "Suspense"
Fort Chabrol
Il est dommage que le regretté Claude Chabrol n'ait pas connu les romans de Philippe Bouin. Il aurait certainement voulu adapter cet auteur qui, de livre en livre, traite des turpitudes d'une certaine bourgeoisie, celle qui hantait les films du cinéaste, à travers des récits où les questions morales jouent un rôle certain, ce qui se fait rare dans notre ère de cynisme affiché. Là, l'auteur de l'excellent Paraître à mort prend cap au Sud, à savoir la région de Montpellier : le fils de famille Jovien Porol est parti de la région sept ans plus tôt et en revient avec un livre-document brûlot sur les famines dans la Corne de l'Afrique, où on meurt en silence loin des yeux de l'occident. Mais si Jovien est parti, c'est avant tout parce qu'il fut témoin de l'assassinat d'une étudiante, dont il crut reconnaître l'assassin. Mais en est-il vraiment sûr ? Et qui était cette deuxième personne présente sur les lieux ? Lorsqu'un nouveau meurtre fort semblable est commis, il apparaît que le retour de Jovien a secoué un beau panier de crabes... Si on passe sur la présentation et le titre sentant le Harlan Coben (mais l'Archipel a déjà fait le coup avec Sebastian Fitzek), on reste dans du pur Philippe Bouin : de nombreux personnages, une intrigue reposant sur des choix moraux et éthiques, et, toujours, une dissection de la grande bourgeoisie, ici mêlée aux diasporas venues du Vietnam (le personnage d'Oncle Côc, truculent sans jamais tomber dans le cliché). Peut-être un peu trop de personnages d'ailleurs car on s'y perd un peu et le tout est parfois limite bavard, certaines discussions tombant dans le didactisme. La conclusion, glaciale et d'une logique imparable, rachète ces quelques errements. Un Bouin mineur ? On peut le dire, si on admet qu'un Bouin mineur vaut bien des œuvres majeures d'auteurs moins talentueux...
Citation
Le dossier était aux mains d'un juge qui, dès qu'il aurait du neuf, convoquerait les médias. Lui n'était qu'un homme de l'ombre. La lumière appartenait aux magistrats.