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Marseille's Calling
Par delà l'intrigue qui joue avec les passages obligés du genre - hommes politiques corrompus, violence des cités, trafics divers et variés, mallette volée contenant des photos compromettantes pour de nombreuses personnes, poids des différentes communautés plus ou moins intégrées -, c'est toute l'effervescence d'une ville en état de siège qui est rendue à travers le roman de Cédric Fabre. Il faut bien le dire : la période s'y prête car nous sommes à la veille des manifestations qui vont faire de Marseille une capitale européenne de la Culture. Des artistes y participent, chacun à leur façon, entre traditions bon teint, provocations d'avant-garde et performances dont on ne sait jamais si elles ressortent du génie le plus aiguisé ou de la crétinerie la plus profonde. Sur fond de musique rock, utilisée avec un sens de la dramaturgie et non plaquée comme c'est parfois le cas, l'auteur nous offre une description sociologique riche et prenante. Phil, le personnage central, est à la fois barman et batteur dans un groupe de rock, qui essaie d'écrire le morceau qui retranscrira la folie de la ville aussi bien que l'ont fait par le passé les Clash avec Londres. Son parcours personnel lui permet de naviguer des quartiers les plus huppés - où les derniers grands notables de la ville, rentiers opulents, supportent difficilement de voir arriver ces parvenus que sont les dealers enrichis de la Cité -, jusqu'aux bas-fonds où des petites frappes survivent de menues entorses à la loi. Il n'oublie pas de passer par les artistes installés dans le circuit institutionnel et les happennings dévastateurs, restitués avec ironie comme lorsque ce performeur organise avec des acteurs et des passants une scène en pleine rue où des volontaires se mettent des masques d'hommes politiques locaux et d'autres, cagoulés, les abattent ; les spectateurs et les forces de police qui se trouvent sur place ne savent pas comment réagir, mais tout cela provoque un charivari qui oscille entre l'atmosphère bon enfant et la guerre civile - l'atmosphère marseillaise, quoi ! C'est ainsi que fonctionne le roman de Cédric Fabre qui établit comment faire la révolution - ou du moins SA révolution - avec force, conviction et sens de l'énergie positive, et ce n'est pas un hasard si Marseille's burning s'achève par le concert du groupe de Phil, invitant le monde entier à entrer dans la danse.
On en parle : 813 n°115
Nominations :
Prix marseillais du polar 2014
Citation
Dans un monde en miettes, on retrouve du sens en apprenant à faire des mille-feuilles.