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La Geisha et le casseur de tirelire
Grand format
Inédit
Tout public
344 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-36845-062-8
Coll. "Sueurs glaciales"
Truands de la vieille école
Un parfum de nostalgie s'échappe du roman de l'ancien officier de police judiciaire Jean-Bernard Durrault, celui d'un temps béni révolu où les truands s'appelaient entre eux les beaux mecs, mijotaient des coups fumants, ne parlaient pas devant la police et faisaient leur années de prison en souriant. Un temps où les policiers tentaient de les coincer - car c'était le jeu -, mais les respectaient, voire partageaient même certaines valeurs. Un temps où les femmes fatales et les mères maquerelles rêvaient de sable chaud, d'hommes virils aux gros pistolets, mais en parallèle également de confort petit-bourgeois.
Est-ce parce que la région bordelaise est en province profonde que les remous du temps moderne ne l'ont pas atteint ? En tout cas, Jason Bossavie (dont quelques flashbacks sur sa jeunesse explicitent son parcours) est un voyou, passé par la légion qui rêve de se refaire une vie honnête, quitte à passer pour un cave et se fait embaucher comme ouvrier dans une usine de confection. Il rencontre d'ailleurs une secrétaire qui devient sa maitresse. Mais dans cette vie d'honnêtes caves ce sont bien les capitalistes qui pourrissent tout. Aussi, l'entreprise ferme même si Jason Bossavie participe à la SCOP qui en résulte. Pour obtenir un marché, il lui faut soudoyer un homme politique local. L'idée est simple : faire un gros coup qui lui rapportera la mise de fond nécessaire...
Le parfum de nostalgie pousse le lecteur à des rêveries vers les années 1950-1970 et leurs films avec Jean-Paul Belmondo ou Lino Ventura avec la description d'un milieu dont il ne doit rester que des traces. Un roman aux légères teintes misogynes (deux des truands sont arrêtés parce qu'ils ont le malheur de croire que leur amoureuse va les suivre), où les événements s'additionnent de manière chorale - les policiers et leurs magouilles pour coincer les truands, la préparation du casse, la vie des comparses du hold-up, les amours des personnages (et la geisha du titre bien entendu), une guerre des gangs entre le parrain local et des jeunes aux dents longues soutenus par un policier qui entend ainsi faire bouger le cocotier, des retours sur le passé du personnage principal.
Tous ces événements décrits avec justesse créent une histoire qui avance par sa propre force d'inertie. Il manque sans doute une maitrise littéraire pour créer du style et alimenter un suspense, qui transformerait cet hommage aux séries B de nos cinémas en un véritable roman noir. Il n'en reste pas moins un goût de passé, le souvenir d'un Henri Verneuil, d'un noir et blanc avec Dany Carrel.
Citation
Ils se serrèrent la main mais ce geste, contre nature en prison, ressemblait à la caresse d'un dogue sur un chaton.