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Tout public
Traduit de l'anglais (Écosse) par Arnaud Baignot, Perrine Chambon
Paris : Flammarion, mars 2015
440 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-08-131158-9
Coll. "Thriller"
Revue nègre
Pendant que Stephanie Harker passe les contrôles de l'aéroport, procédure rallongée aux États-Unis, quelqu'un enlève Jimmy, l'enfant qui l'accompagne. Il n'y a pas par la suite de demande de rançon, largent n'est donc pas un mobile alors qui pourrait avoir commis un tel geste ? La vérité est à chercher cinq ans plus tôt, alors que la même Stephanie Harker est un "nègre" littéraire réputée, et qu'elle doit rédiger l'autobiographie de Scarlett, la "pétasse" d'une émission de téléréalité. Alors que Stephanie Harker écrit, celle qu'elle découvre est bien loin d'être l'imbécile hydrocéphale que l'on peut attendre, et s'est elle-même mise en scène pour échapper à la pauvreté. Mais il y a Joshu, son parasite de petit ami, qui se prétend DJ... La discorde va arriver sous les traits de Leanne, la cousine de Scarlett, qui lui ressemble tant que Scarlett, qui n'a que peu d'appétence pour les mondanités, l'embauche pour lui servir de doublure. Puis un jour, Scarlett tombe enceinte de Jimmy... Comment Stephanie a-t-elle fini par lui servir de chaperon ? Et qui peut vouloir récupérer l'enfant à tout prix ?
La toujours sympathique Val McDermid sort un peu de ses polars d'enquête classique pour ce roman à la quatrième de couverture un rien mensongère. Loin d'un suspense haletant à base d'enlèvement, il s'agit plutôt d'un mélodrame moderne, profondément humaniste, où l'Écossaise Val McDermid suit le chemin de l'œuvre de la Britannique Joolz Denby, voire de la Cathi Unsworth quand elle écrivait superbement roman Le Chanteur. On sait donc plus ou moins ce qui va se passer, et la façon dont finiront les choses — mal —, mais ce qui importe dans cette histoire d'une amitié inattendue, c'est surtout la façon dont on y parvient et surtout la vérité humaine qui transparaît. Comme dans le chef d'œuvre de Cathi Unsworth, ce n'est qu'à la fin que les éléments épars s'emboîtent pour une conclusion purement policière. On pourra regretter quelques longueurs et un finale à moitié crédible, mais on ne peut qu'applaudir un tel changement de braquet, loin des sirènes commerciales, et toujours dans une traduction irréprochable. Comme dans les romans de Joolz Denby (dont seul Stone Baby est traduit chez nous), on en sort avec l'impression d'avoir touché du doigt quelque chose d'impalpable et pourtant de fondamental, qui est peut-être tout simplement la vérité de ce roseau pensant qu'est l'humain...
Citation
Quand on est nègre, on n'arrive jamais à ses fins en tapant du pied et en exigeant que les autres se plient à notre volonté. Il faut réussir à gagner leur confiance et les laisser croire que tout s'est déroulé selon leurs désirs. Vous savez que vous avez réussi le jour où vous les voyez raconter dans une émission de télé qu'ils se sont levés deux heures avant leurs enfants tous les matins pour pouvoir écrire en paix. À ce stade, ils sont persuadés d'avoir rédigé le livre eux-mêmes et que vous avez simplement corrigé l'orthographe et la ponctuation.