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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Claire-Marie Clévy
Paris : Ombres Noires, septembre 2015
252 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-08-134790-8
Actualités
- 06/06 Prix littéraire: Sélections 2016 des Trophées de l'association 813
Les adhérents de l'association 813 avaient jusqu'au 6 juin 2016 pour voter pour le premier tour de leurs "Trophées" (au nombre de quatre). Les ouvrages qui pouvaient être plébiscités devaient impérativement être parus entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2015 avec une règle d'unicité concernant les romans et recueils de nouvelles, puisqu'un auteur ne peut être récompensé qu'une fois tous les cinq ans. À ce jeu, la sélection francophone ressemble à un match de ping-pong entre les éditions Rivages et Gallimard (tout comme le Trophée Maurice Renault qui promeut un essai, un article, un travail universitaire, une association, une revue ou un blog) avec pour arbitre La Manufacture de livres. Le Trophée Michèle Witta et celui de la bande dessinée sont plus représentatifs de la diversité éditoriale. Il n'en demeure pas moins qu'une tendance noire - comme à l'accoutumée - se dégage. Les adhérents ont maintenant l'été (période propice s'il en est) pour lire les titres qui leur ont échappé et voter pour le second tour !
Sélection 2016 du Trophée roman francophone :
- Le Chemin s'arrêtera là, de Pascal Dessaint (Rivages, "Thriller") ;
- Pukhtu Primo, de D.O.A. (Gallimard, "Série Noire") ;
- Une plaie ouverte, de Patrick Pécherot (Gallimard, "Série Noire") ;
- Adieu Lili Marleen, de Christian Roux (Rivages, "Thriller") ;
- Battues, d'Antonin Varenne (Écorce/La Manufacture de livres, "Territori").
Sélection 2016 du Trophée Michèle Witta :
- Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
- L'Enfer de Church Street, de Jake Hinkson (Gallmeister, "Néo Noir") ;
- Ils savent tout de vous, de Iain Levinson (Liana Lévi) ;
- Les Infâmes, de Jax Miller (Ombres Noires) ;
- Le Fils, de Jo Nesbø (Gallimard, "Série Noire").
Sélection 2016 du Trophée Michèle Witta :
- Elmore Leonard, un maître à écrire, de Laurent Chalumeau (Rivages, "Écrits noirs") ;
- C'est l'histoire de la Série Noire, collectif (Gallimard) ;
- Actu du Noir, de Jean-Marc Laherrère (Blog) ;
- Les Lectures de l'Oncle Paul, de Paul Maugendre (Blog).
Sélection 2016 du Trophée BD :
- Men of Wrath, de Jason Aaron & Ron Garney (Urban comics) ;
- Les Nuits de Saturne, de Pierre-Henry Gomont & Marcus Malte (Sarbacane) ;
- Trou de mémoire. 1 Gila Monster, de Virginie Regnauld & Roger Seiter (Le Long bec) ;
- Tungstène, de Marcello Quintanilha (Çà et là) ;
- Tyler Cross. 2, Angola, de Fabien Nury & Brüno (Dargaud).
Liens : Le Chemin s'arrêtera là |Une plaie ouverte |Adieu Lili Marleen |Battues |Perfidia |L'Enfer de Church Street |Le Fils |Tyler Cross. Angola |Pascal Dessaint | D.O.A. |Patrick Pécherot |Christian Roux |Antonin Varenne |James Ellroy |Iain Levison |Jax Miller |Jo Nesbø |Laurent Chalumeau |Elmore Leonard |Jean-Marc Laherrère |Paul Maugendre |Pierre-Henry Gomont |Marcus Malte |813 - 11/09 Édition: Parutions de la semaine - 11 septembre
- 05/09 Site Internet: Cercle polar sur Télérama
Calme trompeur des lieux
Il y a parfois des intrigues qui accumulent les éléments. C'est ici le cas avec Les Infâmes, premier roman de Jax Miller, puisque nous avons une secte millénariste où - entre pédophilie, extorsion de fonds et envie de constituer un suicide collectif -, son gourou a fort à faire. Surtout que ce gourou a, quelques années plus tôt, lorsqu'il était encore honnête, adopté deux enfants. Or ces deux enfants sont ceux de Freedom Oliver, une femme qui a abattu son mari et qui depuis dix-huit ans vit sous la protection des témoins du FBI au fin fond de l'Oregon. Elle avait en effet dénoncé son beau-frère, chef d'un gang irlandais. Justement, ce beau-frère vient de sortir de prison. Quasiment au même moment, la fille adoptive du gourou disparaît. À partir de là, c'est un joyeux bordel qui s'annonce. Tous les protagonistes sans exception de cette histoire rocambolesque se donnent rendez-vous sans le savoir dans un petit village qui vit ses dernières heures de calme un frère fugueur, une mère alcoolique et suicidaire, une bande de truands irlandais...
Centré principalement sur le personnage de Freedom Oliver, une femme qui surveille de loin ses enfants, protégée par un policier local tombé amoureux d'elle, Les Infâmes se permet de décaler son regard vers le fils, les membres de la secte ou la famille irlandaise qui vient à leur recherche. Complication supplémentaire : un des Irlandais, membre de la fratrie, n'est pas d'accord avec le reste de la tribu et veut aider son ex-belle-soeur. Tout ce petit monde débarque donc dans la petite ville où vit la secte. Là, de nombreux policiers s'inquiètent car ils surveillent le gourou, soupçonné de vouloir lancer un deuxième Waco, et dont l'adjoint n'est autre que le chef de la police locale.
Les Infâmes est un roman très particulier car devant cette surcharge d'éléments, de trahisons possibles, de contradictions entre les buts des divers protagonistes, on aurait pu attendre une montée angoissante du suspense avec de nombreuses pistes à explorer dramatiquement : la mère de famille va-t-elle sauver sa fille ? Que peut faire le frère avocat, venu là en catastrophe avec sa fiancée qu'il devait emmener en voyage ? Que peut faire le FBI ? Comment les gangsters vont-ils s'introduire dans l'histoire ? Pourtant, le récit, stylistiquement assez neutre, aligne les événements, les rencontres, détaille les personnages comme des marionnettes, presque comme un scénario de série qui n'aurait pas vu le jour et se serait reconverti. C'est mené de manière efficace avec à la clé de nombreux stéréotypes. Citons pêle-mêle la femme alcoolique qui doit surmonter des traumatismes, le policier divorcé qui la soutient, le frère qui a fui la secte et a des remords d'y avoir laissé sa sœur, le gang irlandais constitué de psychopathes menés par un mater obèse, le gourou qui oscille entre sa psychologie déroutante et un fond d'escroc de haut vol. On peut donc considérez que pour cette première incursion de Jax Miller dans les littératures policières, Les Infâmes est un roman qui offre un divertissement honnête.
Citation
Je m'appelle Freedom Oliver et j'ai tué ma fille. C'est surréaliste et je ne sais pas ce qui me fait le plus l'effet d'un rêve : sa mort ou son existence. Je suis coupable des deux.