Condor

Tout de même, ce black-out n'est pas normal. Est-ce qu'on ne vit pas à l'époque des faits divers ? Est-ce que les crimes ne sont pas le pain quotidien des journalistes ? Quelle raison auraient-ils de se taire s'ils savaient quelque chose ?
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dimanche 10 novembre

Contenu

Roman - Thriller

Condor

Ethnologique - Corruption MAJ mercredi 22 juin 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Caryl Férey
Paris : Gallimard, mars 2016
416 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014352-8
Coll. "Série noire"

Actualités

  • 16/12 Édition: Parutions de la semaine - 16 décembre
  • 05/09 Site Internet: Cercle polar sur Télérama
    À un rythme aléatoire qui oscille entre le mensuel et le bimensuel, sur le site de Télérama, Christine Ferniot et Michel Absecat animent l'émission radiophonique Cercle polar. Le plus souvent, il s'agit pour les deux journalistes littéraires de présenter en une quinzaine de minutes deux romans qui ont suscité leur attention, mais parfois ils laissent la parole à un, voire deux romanciers pour une interview sans limite de temps. Nous allons revenir progressivement sur les émissions passées afin de vous faire (re)découvrir avec le recul, les choix de Cercle polar.

    Liste des émissions Cercle polar :

    #180 (11/06/2016) : L'Enfer est au bout de la nuit, de Malcom Mackay (Liana Lévi), Une offrande à la tempête, de Dolorès Redondo (Mercure de France) & Cat 2.15, d'Antonin Varenne (La Manufacture de livres).
    "Pays basque, Guyane ou Écosse... trois destinations et trois ouvrages au programme de Cercle Polar, l'émission qui voyage dans tous les pays du noir."
    Lien vers l'émission (16:55)

    #179 (28/05/2016) : Entretien avec François Guérif.
    "Il est le créateur de 'Rivages-Noir', qui vient de publier son n° 1000. James Ellroy, Dennis Lehane, Hervé Le Corre... et bien d'autres encore nous on émus, et cela grâce à lui. François Guérif est l'invité de Cercle Polar."
    Lien vers l'émission (36:26)

    #178 (23/04/2016) : Meurtres rituels à Imbaba, de Parker Bilal (Le Seuil), Rural noir, de Benoît Minville (Gallimard) & Les Enfants du Cap, de Michèle Rowe (Albin Michel).
    "Trois ouvrages au programme de Cercle Polar aujourd'hui et trois voyages inhabituels : au Cap avec Michèle Rowe, au Caire avec Parker Bilal, mais aussi à Tamnay-en-Bazois en compagnie de Benoit Minville."
    Lien vers l'émission

    #177 (09/04/2016) : Entretien avec Richard Price pour son nouveau roman The Whites (Presses de la Cité).
    "Cercle Polar reçoit l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Avec son dernier roman en noir et blanc, The Whites, Richard Price ne déçoit pas."
    Lien vers l'émission (18:39)

    #176 (04/04/2016) : Le Lagon noir, d'Arnaldur Indridason (Métailié) & Condor, de Caryl Férey (Gallimard).
    "Caryl Férey est un écrivain voyageur qui a choisi le roman noir pour rendre compte de ce qui l'agite. Il parcourt les pays qu'il met en scène, loin des chemins touristiques, en dresse une géographie intime [...] Arnaldur Indridasson aime mener deux intrigues de front et s'appuyer à la fois sur l'histoire de son pays et ses secrets plus intimes. Mais ce qui fait le charme principal de cet excellent roman policier, c'est le plaisir ressenti à accompagner un héros dont nous connaissons en partie l'avenir."
    Lien vers l'émission (20:41)

    #175 (12/03/2016) : Berlin 49, de Joseph Kanon (Le Seuil) & Le Grand jeu, de Percy Kemp (Le Seuil).
    "Deux romans d'espionnage, deux merveilles d'aventure et de réflexion philosophique au passage."
    Lien vers l'émission (18:56)

    #174 (27/02/2016) : Entretien avec Giancarlo De Cataldo.
    "Giancarlo De Cataldo, magistrat, écrivain, auteur du fameux Romanzo criminale qui l'a propulsé à l'avant-scène du roman noir, poursuit son portrait ravageur de Rome en capitale de la mafia avec son nouveau roman, écrit avec le journaliste Carlo Bonini, Suburra. Le roman est passionnant et nous avions mille questions à lui poser. Il est l'invité de Cercle polar."
    Lien vers l'émission (41:00)

    #173 (13/02/2016) : Les Salauds devront payer, d'Emmanuel Grand (Liana Lévi) & Viens avec moi, de Castle Freeman Jr. (Sonatine).
    "Cette semaine, dans notre émission spéciale polar, deux romans au goût corsé."
    Lien vers l'émission (15:57)

    #172 (23/01/2016) : Il reste la poussière, de Sandrine Collette (Denoël) & Plateau, de Franck Bouysse (La Manufacture de livres).
    "Deux auteurs français pour commencer cette année 2016. Deux romans aux inspirations cousines, les grands espaces sauvages, la rudesse du monde qu'ils mettent en scène, la noirceur de leur vision, l'approche intimiste, au plus près des personnages... Sandrine Collette et Franck Bouysse sont deux valeurs qui montent."
    Lien vers l'émission (17:43)

    #171 (02/01/2016) : Les Portes de l'enfer, de Harry Crews (Sonatine) & Épilogue meurtrier, de Pétros Márkaris (Le Seuil).
    "Un inédit d'Harry Crews qui nous entraîne dans les tréfonds d'une cour des miracles du sud des États-Unis et une suite aux aventures du commissaire Kostas Charitos, flic athénien désabusé aux prises avec la dure réalité grecque."
    Lien vers l'émission (14:43)

    #170 (21/12/2015) : Les Infâmes, de Jax Miller (Flammarion) & Le Fils, de Jo Nesbø (Gallimard).
    "Deux histoires de vengeance et de rédemption, deux textes parfaitement vissés, virtuoses et violents : multiplicité des personnages, sens du rythme, rage et énergie, le roman noir au mieux de sa forme."
    Lien vers l'émission (18:09)

    #169 (21/11/2015) : Ténèbres, ténèbres, de John Harvey (Rivages).
    "Pour dire adieu à Charlie Resnick, le héros de John Harvey, il fallait bien une émission toute entière. Hommage à un personnage courageux, mélancolique et solitaire."
    Lien vers l'émission (12:41)

    #168 (07/11/2015) : La Quête de Wynne, de Aaron Gwyn (Gallmeister) & Le Premier mai tomba la dernière neige, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon).
    "Amateurs de textes singuliers, hors des sentiers battus, arrêtez-vous. Voici deux romans subtils, à la poétique sombre, difficilement classables comme tous les livres hors du commun : La Quête de Wynne de l'Américain Aaron Gwyn. Roman noir, roman de guerre, et surtout western bien qu'il se passe dans l'est de l'Afghanistan. Et Le Premier mai tomba la dernière neige, le nouveau roman de l'Allemand Jan Costin Wagner, désespéré et tendre, aussi beau que les précédents."
    Lien vers l'émission (15:37)

    #167 (24/10/2015) : Entretien avec James Grady pour son nouveau roman Les Derniers jours du Condor (Rivages).
    "Invité spécial du Cercle polar, James Grady a accepté de répondre à toutes les questions : espionnage, roman noir, adaptation cinéma. Sans oublier de parler d'une Amérique qu'il ausculte depuis trente-cinq ans à travers son héros, le Condor."
    Lien vers l'émission (18:45)

    #166 (10/10/2015) : Entretien avec Patrick Pécherot pour son nouveau roman Une plaie ouverte (Gallimard).
    "Patrick Pécherot est discret. Il construit patiemment, sans tapage, depuis 1996, une œuvre singulière et attachante, où les coins de rue, les gens, le quotidien, tiennent le premier plan. Il s'intéresse à l'histoire, sociale en particulier, à celle de Paris aussi, à la mémoire et aux traces que laissent les hommes après leur disparition. À l'occasion de son nouveau roman, Une plaie ouverte, qui paraît en 'Série Noire', chez Gallimard, Patrick Pécherot est venu nous rendre visite."
    Lien vers l'émission (30:28)

    #165 (26/09/2015) : Le Contrat Salinger, d'Adam Langer (Super 8) & Le Crime de Julian Wells, de Thomas H. Cook (Le Seuil).
    "Des histoires mettant en scène des auteurs de polar et des journalistes littéraires, c'est tellement tentant ! Et quand la fiction dépasse la réalité, comment résister ? Voici Le Contrat Salinger, d'Adam Langer, et Le Crime de Julian Wells, de Thomas H. Cook."
    Lien vers l'émission (15:51)

    #164 (05/09/2015) : Entretien avec David Lagercrantz, l'auteur de Millenium 4. Ce qui ne me tue pas (Actes Sud).
    "Qui est David Lagercrantz, l'auteur du nouveau Millenium ? Comment a-t-il été choisi ? Est-il sensible aux critiques de ceux qui pensent qu'une suite aux aventures de Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist était inutile, et même choquante, si l'on considère que l'auteur de la trilogie initiale, Stieg Larsson, est mort prématurément, en 2004, sans avoir eu le temps de voir ses livres imprimés ? Comment David Lagercrantz a-t-il travaillé pour s'approprier les personnages d'un autre ? Autant de questions (et bien d'autres) auxquelles il a bien voulu répondre pour Cercle polar."
    Lien vers l'émission (30:28)

    #163 (11/07/2015) : Fin d'été, de Johan Theorin (Albin Michel) & Du sang sur la glace, de Jo Nesbø (Gallimard).
    "Le polar scandinave a le vent en poupe, les éditeurs surfent sur la vague et les romans sous ce label ne sont pas toujours à la hauteur de sa réputation. Pas de panique, les deux que nous vous proposons valent le détour et leurs auteurs ont largement fait leurs preuves. Fin d'été du Suédois Johan Theorin et Du sang sur la glace du Norvégien Jo Nesbø méritent votre attention. Et peut-être même une petite place dans vos bagages pour les vacances !"
    Lien vers l'émission (16:15)

    #162 (27/06/2015) : Hommage à Jean Vautrin & Prendre Lily, de Marie Neuser (Fleuve).
    "Un au revoir à l'écrivain talentueux et à l'homme engagé que fut Jean Vautrin. Et, cela n'aurait pas été pour lui déplaire, un zoom sur la nouvelle génération du polar avec Prendre Lily, de Marie Neuser. Un thriller lent, très addictif."
    Lien vers l'émission (13:33)

    #161 (13/06/2015) : Pukhtu, de D.O.A. (Gallimard) & Derrière les panneaux, il y a des hommes, de Joseph Incardona (Finitude).
    "Attention chefs-d'œuvre ! Sans vouloir en faire trop (ce n'est pas notre genre), les deux romans que nous vous proposons dans cette émission sont vraiment hors du commun. Écrits par deux auteurs français de la même génération, leur ambition littéraire est vraiment singulière. Et le pari est gagné dans les deux cas. À lire d'urgence !"
    Lien vers l'émission (14:15)

    #160 (04/05/2015) : Toutes les vagues de l'océan, de Víctor del Árbol (Actes Sud) & La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine).
    Lien vers l'émission (15:29)


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Monde de charognards

Les plus anciens d'entre nous se souviennent de la prise de la Moneda, de la première fois où le 11 septembre fut vraiment synonyme d'effroi. On se souvient de la mort de Salvador Allende, de Victor Jara et de groupes chiliens parcourant les rues de l'Europe bien frileuse en chantant "El condor pasa". Et le condor évoque aussi de manière très évidente les charognards que l'on voit se dandiner sur les corps en putréfaction dans les déserts. Pour les plus politisés, le condor renvoie au nom de code d'une célèbre opération qui consistait à liquider les opposants politiques aux gouvernements militaires d'Amérique du Sud. C'est à tous ses sens que nous convie Caryl Férey avec un nouveau thriller aussi performant que les précédents. Un mélange entre une intrigue noire très forte, des personnages bien dessinés et dont l'auteur sait évoquer les forces et les failles, les envies et les compromissions, et un arrière-plan qui donne à voir un pays, une situation politique, des éléments géographiques, et tout un paysage historique qui conditionne aussi les aventures.
Il y a le désert, un homme blessé, agonisant mais pourquoi le tuer alors que les condors qui rôdent dans le ciel sauront s'en occuper ? Dans ce désert minéral de l'Atacama, il y a aussi un vieil homme qui tente de survivre au milieu des mines abandonnées. Dans une de ces mines, il y a le corps de son père mort et momifié lors d'un éboulement. Sous ses pieds, il y a l'eau qui pourrait s'avérer si utile et, autour de ses terrains, des charognards humains qui entendent bien profiter de sa fin prochaine pour lui offrir une bouchée de pain contre des terres qui valent beaucoup. Il y a aussi des restes de l'opération Condor avec des ex-tortionnaires reconvertis dans le libéralisme le plus effréné. Ils ont volé, pillé, tué. Ils ont changé de nom et gèrent le pays sans s'occuper de morale. Face à eux, il y a des rescapés dont un ancien garde du corps de Salvador Allende, qui survit au malheur, essaie de retrouver l'amour dans les bras d'une jeune femme, et qui rêve encore en secret à son ancienne amoureuse disparue durant la dictature. Il y a des charognards contemporains comme ces petits revendeurs de drogue qui tentent de se voler entre eux, d'escroquer un petit peu leurs commanditaires, des policiers qui semblent dépassés par les morts qui ponctuent la vie des bidonvilles. Il y en a de plus gros comme cet avocat qui commence à avoir des remords de passer des valises de billets pour corrompre à droite ou à gauche. Mais un roman noir ne devient scintillant, aussi, que par sa face plus claire : notre ancien garde du corps, une députée qui veut la vérité, un prêtre qui essaie de sauver les corps autant que les âmes, une jeune femme liée aux puissances magiques du pays, un flic honnête.
Caryl Férey sait écrire des romans noirs et tout son talent éclate une fois de plus. Il n'hésite pas à cabosser ses personnages, à révéler leurs côtés obscurs, à liquider un personnage sympathique en plein cœur du récit, car dans la réalité, il arrive aussi, plus souvent qu'à leur tour, que les salopards gagnent. Grâce à son style, il sait rendre visible à nos yeux un désert et sa vie minérale, une party chez les riches, un moment de paix dans un village indigène, une cérémonie chamanique, les désarrois d'un salaud ou la vie qui fait vieillir et corrompre même ceux qui avaient de grandes idées. Il y a le souffle de l'espoir, de l'Histoire et de l'humanisme derrière une histoire construite avec soin, qui sait nous parler de notre monde, de ses contradictions, et du bonheur qui peut s'y nicher au cœur des souffrances.

Citation

D'ordinaire, personne ne s'aventurait dans cette zone devenue dépotoir où les chiens errants rôdaient, prêts à s'entredéchirer pour des rebuts dans le no man's land qui constituait le territoire d'El Chuque.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 23 décembre 2016
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