Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
312 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-37109-071-2
Remuer le passé
L'auteur est alsacien et il connaît l'histoire de sa région, s'appuyant sur une documentation rigoureuse. Il y a eu des pages glorieuses et d'autres plus sombres. L'annexion par l'Allemagne du IIIe Reich a été une période complexe entre certains qui y virent une horreur sans nom et d'autres qui étaient attirés par les idées nazies. Entre les deux, des Alsaciens qui tentèrent simplement de survivre, parfois de se servir de la situation pour vivre un peu mieux. Le personnage de Thomas est celui d'un Américain qui ne connaît rien de l'Europe. Il a arrêté ses études de médecine pour se consacrer à une profession plus "étrange" : il est engagé par une société qui congèle les corps des plus riches afin de leur offrir la possibilité de revenir plus tard, de tester une variante de l'immortalité. C'est alors qu'il apprend soudainement que son père, qu'il n'a pas connu, est sur le point de mourir. Il le rejoint et découvre que ce dernier a émigré de l'Alsace à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais il y a des trous dans cette histoire, des trous qui deviennent des béances lorsque Thomas découvre dans les dossiers de son père une photo le représentant en uniforme SS... Alors, Thomas prend son courage à deux mains et il se rend en Alsace pour en apprendre davantage. Il va rencontrer une jeune femme qui va le mener à travers les méandres du passé alsacien, des malgré-nous, du seul camp de concentration sur le sol français, sur les médecins de la faculté de Strasbourg qui menèrent des expériences sur les prisonniers. Les questions se font de plus en plus nombreuses et les derniers Alsaciens qui pourraient répondre sont bien âgés et n'ont pas forcément envie de répondre aux questions dérangeantes.
Si l'on ne connaît pas le problème alsacien, les soubresauts tragiques de cette région, voici une bonne occasion de combler cette lacune. Ces différents aspects sont exposés de manière logique au sein d'une histoire, et ne sont pas plaqués sur l'intrigue. La complexité est bien rendue, à travers des personnages bien dessinés et aux motivations claires. Il manque cependant, sans doute, une tension policière (même si l'auteur essaie de glisser des agents du MOSSAD dans l'histoire, et si le père mourant semble bien être un nazi) pour plaire aux amateurs de récits policiers au sens strict du terme, le récit de Arnault Pfersdorff lorgnant ici plutôt du côté de la littérature générale, avec des éléments historiques de qualité.
Citation
Je l'ai bien connu, Haagen, au camp de Schirmeck. On le voyait souvent venir faire ses saletés d'expérimentation sur des Polonais. Parfois j'accompagnais des convois au Struthof, j'entendais dire des choses.