Bad man

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Roman - Thriller

Bad man

Fantastique - Énigme - Disparition MAJ jeudi 22 août 2019

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,9 €

Dathan Auerbach
Bad Man - 2018
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny
Paris : Belfond, février 2019
446 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-7995-2
Coll. "Noir"

Méchant garçon

Quoi de plus normal que deux frères d'une petite ville de Floride partant faire les courses au supermarché du coin ? Sauf qu'Eric, trois ans, parti aux toilettes, n'en reviendra jamais... Cinq ans plus tard, en dépit des efforts de son grand frère Ben, de ses questions dans toute la ville et ses affichettes placardées partout, Eric reste introuvable, comme s'il s'était volatilisé. Une disparition comme tant d'autres à laquelle la police locale ne consacre pas l'attention qu'elle devrait, du moins aux yeux de Ben, et qui laisse indifférent le directeur du supermarché dont, comme par hasard, les caméras de surveillance ne fonctionnaient pas le jour fatidique... Il ne reste à Ben, devenu obèse, que sa culpabilité et sa famille ravagée par le drame. C'est pour aider son père à subvenir aux besoins de la maisonnée, sa mère dépressive n'étant pas en état de travailler, que Ben se met à chercher un emploi. Or le seul qu'il trouve est au supermarché où Eric a disparu... Désormais magasinier, il va affronter la nuit dans cet étrange décor peuplé de zones d'ombres et de personnages à la conduite étrange, à commencer par son directeur ou Miss Beverly, l'acariâtre caissière. Et il y a Marty, son collègue avec qui il finit par sympathiser, qui prétend avoir vu Eric dans ces bois intrigants bordant la ville. Eric dont Ben sent la présence... Mais ne laisse-t-il pas son obsession le dévorer ? Peut-il vraiment se fier à ce que lui disent ses sens ?
On finit par se méfier des Petits Génies AméricainsTM que l'on nous vend régulièrement et sur lesquels il est de bon ton de s'extasier... Que vaut celui-là, que l'on lance comme une savonnette à grand renfort de superlatifs ? Il faut passer par une introduction cumulant les tares du genre – écriture à la mitraillette, longueurs –, pour que la suite s'améliore un brin avec la description de cette famille détruite par un événement que tout le monde semble vouloir glisser sous le tapis – même si ce n'est pas vraiment expliqué –, et ce protagoniste dont on est poussé à remettre en question le point de vue, quitte à penser que le récit eût été plus efficace à la première personne. Mais si on nous balance l'obligatoire référence à Stephen King (oui, comme dans les années 1980 où les éditeurs anglo-saxons se précipitaient pour publier tout ce qui ressemblait un tant soit peu au maître de Bangor), on pense plutôt à Joe Hill, dont le redoutable Nosfera2 cumulait toutes les tares de ces dits ersatzs... On comprend qu'il y ait un deal cinéma avec Blumhouse (enfin, annoncé, bien qu'on en n'ait aucune trace) : l'intrigue évoque ces films d'épouvantes modernes où on balance des faux chocs soulignés par une musique tonitruante et des effets visuels à la seule attention du spectateur qu'il faut bien réveiller... De même, la référence aux indispensables séries télévisées est pertinente : le roman partage le même art de mouliner pendant des pages et des pages où il ne se passe rien, ne cessant de suggérer des choses sans grand rapport avec l'intrigue (le supermarché devient quasiment un personnage alors que l'élément surnaturel promis n'est jamais explicité) puisqu'il faut bien remplir plus de quatre cents pages. Et, bien sûr, la conclusion est beaucoup plus simple que tout ce qui l'a précédée, voulant sans doute lorgner du côté du conte de fées moderne sans y arriver tant elle semble arbitraire et loin de tout expliquer (à commencer par le prologue). Bref, le genre de roman dont on entrevoit les intentions, mais qui s'effondre sous les clichés habituels du Livre Ventripotent, à commencer par noircir de la page pour gonfler artificiellement le tout quitte à noyer le poisson, et au final promet plus qu'il ne tient.

Citation

Il ne connaissait Marty que depuis quelques heures mais il était déjà étiqueté comme 'le mec qui avait laissé son frangin se faire kidnapper'. Et cette description lui collerait à la peau. Il deviendrait à jamais le pauvre type à qui il fallait parler gentiment, celui qui exigeait la pitié des autres alors qu'il ne la méritait pas.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 22 août 2019
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