Contenu
Camargue blanche et série noire
Poche
Inédit
Tout public
270 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-35068-871-8
Coll. "Du noir au Sud", 91
Matador matendo
Coup de tonnerre durant la feria d'Arles : Luisito, un jeune matador, a été assassiné dans la chapelle où il se recueillait avant de monter dans l'arène pour faire son spectacle. Et pas n'importe quel assassinat ! Il a été tué avec une puntilla, le couteau qui sert à mettre à mort le taureau. Une arme qui nécessite une connaissance certaine de son maniement pour pouvoir infliger un tel coup fatal, mais aussi une mort particulièrement ignominieuse pour un torero... Qui dans le monde de la tauromachie pouvait bien en vouloir au jeune homme alors qu'on ne lui connaissait ni ennemis ni vices ? Les jeunes hommes propres et lisses ne se font pas exploser la base du crâne par une arme sacrificielle... Le commissaire Fabien Sagnes et son équipe se tournent tout naturellement vers la cuadrilla, l'entourage professionnel du jeune homme. Les soupçons se portent sur Bonnieu, son valet d'épée, lequel a disparu, mais son cadavre est vite retrouvé flottant dans le Petit Rhône, tué à son tour. Est-ce lui l'assassin ? Et si Chevalier, l'acariâtre père de Luisito, un grand rizier avide et sanguin, avait vengé son fils ? Bonnieu n'était-il pas censé se rendre chez lui pour une veillée funèbre ? Ou alors la vérité serait-elle plus surprenante encore ?
Il est clair qu'en sept ans d'existence, la collection "Du noir au Sud" des éditions Cairn a pris la place laissée vacante par les grandes collections populaires en poche genre "Spécial-Police" (enfin... sans la force de frappe d'un Fleuve Noir de la grande époque). Lorsqu'on ne voulait pas révolutionner le monde ou faire œuvre politique ou sociologique, juste raconter une histoire plus ou moins classique susceptible de faire passer deux ou trois heures de lecture agréable. C'est le cas ici, en dépit d'un titre pas très inspiré : des policiers, une enquête, un milieu, celui de la tauromachie (les adversaires de la barbarie des arènes n'ont pas à craindre un plaidoyer pro domo car Jacques Lavergne, l'auteur, se garde bien de prendre position et il n'y a pas de scènes de corrida proprement dite), mais aussi des grands producteurs de riz, on est en terrain connu. Connu mais pas désagréable grâce au style d'une efficacité redoutable et au sens de la narration de l'auteur qui offre en plus des personnages vivants dont on a l'impression de pouvoir les croiser dans la rue, et qui, à deux cent cinquante pages, n'étire pas son propos. Deux ou trois heures de lecture agréable, disions-nous ? Pari gagné...
Citation
Le plus mauvais moment pour un policier, le moment où il fallait affronter les proches de la victime, leur expliquer l'inexplicable, le moment où les mots, les formules banales et éculées étaient la seule chose que l'on puisse opposer au désespoir, à la stupeur et à l'incompréhension.