La Ville des impasses

Certains meurtres ressemblent à des histoires qui n'en finissent pas. Mais ce ne sont pas les plus nombreux. La plupart des meurtres se résolvent sans imagination, par la lecture consciencieuse des agendas téléphoniques, par le croisement des auditions, dont les incohérences sont débusquées à la pointe du stylo avant d'être creusées jusqu'à l'os, jusqu'aux larmes et jusqu'aux aveux. La plupart des meurtres sont aussi faciles à résoudre que des rébus dont la solution nécessite d'être patient et c'est tout.
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Roman - Noir

La Ville des impasses

Écologique - Tueur à gages - Urbain MAJ mardi 09 février 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Aymen Gharbi
Paris : Asphalte, janvier 2021
122 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-36533-103-6
Coll. "Fictions"

Dans le labyrinthe des intrigues

L'action se situe dans un futur pas si lointain que ça, en 2042. Une ville a été construite par un architecte en se basant sur les impasses et la complexité, ce qui a engendré une cité étrange, animée par un gigantesque carnaval. Mais certains auraient envie de retrouver un sens à la ville, notamment en y trouvant des rues et des boulevards ce qui reviendrait à effectuer un certain retour à la normalité, plutôt que de passer par des égouts, qui restent le moyen le plus pratique pour se déplacer logiquement. Sur les hauteurs de la ville, la dominant et la contrôlant, l'architecte Gravimal se refuse à toutes ses concessions qui ruineraient son projet de ville écologique. C'est la raison pour laquelle débarque Paoletta, une tueuse à gage dont la mission est justement de liquider cet architecte. Quelle peut bien être l'identité du commanditaire, et quelles seraient ses motivations ?
Ce second roman d'Aymen Gharbi est très court, mais il va brasser plusieurs thèmes entre noir urbain et science-fiction avec une ville écologique soumise à une sorte de "dictature éclairée", des meurtres à tendance politique, des révoltes des classes populaires et l'enjeu du carnaval comme moyen de détournement des luttes. Tous ces thèmes sont esquissés, offerts au sein d'une intrigue assez noire au début puisque nous suivons la trajectoire de la tueuse pour abattre ce fameux architecte, puis l'histoire bifurque vers différents autres points avant in fine de revenir à un thème plus polar basé sur la prise de contrôle de la ville avec violence. Le roman est construit avec soin, et les variations montrent que l'auteur a lu ses classiques que ce soit chez les auteurs de genre (la version policière, le jeu avec la S.-F.) ou d'autres plus classiques dans la lignée de Franz Kafka dans son côté humoristique ou d'auteurs sud-américains –sans la démesure du propos et de la forme (avec cette idée de ville labyrinthique, de château qui domine la ville et la contrôle). Ce mélange crée une atmosphère livresque rarement vue et qui pourra décontenancer certains lecteurs car on ne perçoit pas toujours où l'auteur nous mène. À l'inverse d'autres pourraient penser toute cette construction intelligente pour arriver à un résultat finalement assez léger. Toujours est-il qu'il y a là une voix singulière qui crée sa petite musique, une musique qui pourraient plaire à des amateurs intéressés par les "polars" d'un Roberto Bolaño.

Citation

Elle se démenait ainsi lorsqu'un garçon vêtu d'un complet noir, les cheveux impeccablement pommadés et coiffés avec une raie au milieu, apparut de nulle part, sa silhouette se découpant devant la tour alors qu'il la scrutait avec curiosité.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 09 février 2021
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