Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
446 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-005-4
Nostalgie, quand tu nous tiens
Paris juste après les événements de 1968. Nous allons suivre les aventures de quelques personnages en marge de la société. En fait tout a commencé quelques années plus tôt. Norbert, un mac, vient d'être mis en prison. Une nuit, un nouveau prisonnier arrive. Il essaye de lui parler mais l'autre ne dit rien. Au matin, Norbert le provoque et le nouveau arrivé le frappe. Une lutte s'engage et Norbert sort battu. Il est cependant libéré quelques mois plus tard, mais est normalement interdit de séjour à Paris. Il s'empresse de transgresser cette règle et se retrouve coincé par Jean, un policier. En échange de sa protection, Norbert lui filera des informations. Jean est tombé amoureux d'une prostituée et fréquente quelques petits truands qui ne connaissent pas sa véritable identité.
Un jour, Norbert voit passer Fabien, un gangster violent qui cherche quelques complices pour un coup juteux : celui avec qui il s'est battu quelques années plus tôt en prison ! Comme Jean est dans le viseur de son commissaire et qu'il a besoin de résoudre des affaires, Norbert dénonce Fabien, aidant le policier et se vengeant. Mais les choses tournent autrement.
Voici un roman très étrange. Le lecteur a l'impression de remonter dans le temps, d'imaginer l'histoire écrite par Albert Simonin, de voir dans le personnage de Fabien un rôle découpé sur mesure pour un Lino Ventura. Le rendu des années est intéressant : ce monde disparu des petites frappes, des prostituées au grand cœur, des braqueurs à la petite semaine, des taudis dans un Paris pas encore touché par les vagues immobilières pompidoliennes.
Eisenbarth parvient à rendre une atmosphère quotidienne assez poisseuse, jonglant avec les stéréotypes sans trop y plonger, et à raconter une histoire somme toute banale du Milieu. Par son utilisation assez incongrue du présent de narration, par son refus de montrer les scènes d'action (le braquage est absent de l'histoire et seuls les meurtres crapoteux sont décrits avec un soin du détail qui pousse presque à vomir) et de faire avancer son roman par une suite de dialogues où il faut repérer les informations importantes au sein des détails du quotidien, À coups de crosse ressemble plus à une ébauche de scénario de film, avant découpage, qu'à un roman construit comme tel.
Si la peinture du Milieu (à l'instar de certains textes d'André Héléna) est intéressante, elle n'est pas installée au sein d'une intrigue qui permette aisément la lecture par le quidam. C'est donc un texte intéressant, une fois que l'on est prévenu des choix narratifs de l'auteur qui fut lui-même partie prenante de ce milieu à cette époque-là.
Citation
Les emmerdes, c'est toujours réservé aux amis, rigole Gérard, c'est là qu'on peut les compter.