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Grand format
Inédit
Tout public
318 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-2508-4
Coll. "Noir"
Cynisme mortifère
En Belgique, le terrorisme djihadiste est aussi meurtrier qu'en France. Toujours est-il que le récit s'ouvre par une véritable explosion de haine. Des inconnus, peu mais supérieurement armés, s'introduisent dans une célébration catholique d'une petite ville (la Beauraing du titre), tirant et provoquant un massacre très important. Aussitôt, des jeunes revenus de Syrie et autres amateurs musulmans sont montrés du doigt et la tension monte entre les communautés. Des dérapages organisés par un groupe d'extrême droite catholique, lié à un curé influent bras-droit du nouvel évêque local, viennent perturber l'enquête, et les policiers en charge de l'affaire se demandent même si ce groupe ne serait pas derrière l'attentat tellement le mode opératoire ne ressemble pas à celui d'islamistes. Mais à peine commencent-ils leurs investigations qu'ils sont menacés par un officier des services secrets qui leur reproche leur parti pris et leur choix d'ennuyer d'honnêtes citoyens.
Le roman de François Weerts s'ouvre sur l'attentat puis montre la manipulation de l'extrême-droite et le conflit larvé qui explose entre les communautés religieuses. Le récit, assez linéaire, développe in extenso la volonté des policiers d'explorer la piste interne et les mouvements divers pour les en empêcher. Au final, un complot encore plus complexe est dévoilé, même s'il manque d'un peu de montée du suspense. Toutefois, l'instrumentalisation des haines, les complots cachés à l'intérieur des complots, tiennent la route et décrivent la situation d'un pays voisin qui a bien du mal avec sa population locale ou immigrée, avec les haines entre Wallons et Flamands, entre "blancs" et "nouveaux arrivés". À force de construire des pétaudières, il faut bien qu'elles explosent un jour et ce roman en est une excellente démonstration, avec depuis le début, une once de fatalisme qui devient un monument de cynisme dans les dernières pages.
Citation
Après avoir jeté un regard à l'horloge de l'ordinateur, l'inspecteur se pose fugacement une question : devrait-il rédiger un rapport sur ce qu'il vient d'apprendre ? Dans ce cas, ne contreviendrait-il pas au secret qu'il s'est engagé à respecter ? Ses derniers doutes durent à peine, un simple frémissement à la surface de sa conscience. Par lassitude, par servilité, le devoir l'emporte désormais sans combat.