Clockers

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Roman - Noir

Clockers

Drogue - Urbain - Trafic MAJ lundi 20 décembre 2021

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 10,2 €

Richard Price
Clockers - 1992
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Martinache
Paris : 10-18, septembre 2021
742 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-07840-7
Coll. "Littérature étrangère", 4583

Les Soutiers de la came

Dempsy. Une banlieue défavorisée de New York, coincée entre ses barres d'immeubles, ses terrains vagues, et son hôpital désaffecté. Une "économie" locale qui tourne presque exclusivement autour du trafic de drogue et de ses multiples intervenants dont Strike, un clocker, une de ces petites mains du trafic, qui organise la distribution dans sa cité. Un territoire minuscule dont il rêve de sortir sans savoir comment ne pas finir comme les autres, en prison ou mort d'overdose ou de violence. Et s'il s'avère incapable de perpétrer le meurtre qu'on lui a ordonné, ses actions vont placer sur sa route un flic désabusé qui a vu trop de vies gâchées.

Si l'image d'un groupe de dealers adolescents attendant les clients perchés sur un banc en bas de barres d'immeubles décatis ne vous évoque rien, cessez de lire cette chronique et allez immédiatement regarder l'intégrale de The Wire ! Dans le cas contraire, vous aurez évidemment reconnu des personnages et situations de la première saison de la série culte de David Simon, dont Clockers a été l'une des inspirations (Richard Price rejoindra d'ailleurs officiellement l'équipe des scénaristes lors de la saison 3), après avoir été adapté (d'une manière plutôt terne) par Spike Lee en 1995 sous le même titre. À travers la banlieue fictive de Dempsy, qu'il explore au fil de ses romans, et qui pourrait jouxter n'importe quelle mégapole américaine tant elles sont toutes frappées du même fléau, Richard Price dessine un portrait très détaillé d'un urbanisme qui a laissé la drogue s'installer dans les quartiers à dominante noire ou latino, et ne s'y intéresse qu'au moment des élections, le temps de quelques rafles médiatiques. Dans ce paysage dévasté, tous les personnages de Clockers sonnent juste : adolescents dont les pères, les frères et les oncles sont en prison et qui ne tarderont pas à les y rejoindre, gamins employés pour transporter les doses aux trafiquants ou pour faire le guet en attendant une position plus rémunératrice dans le gang, chefs de bandes guère mieux lotis que leurs troupes, flics oscillant entre l'alcoolisme, la dépression ou le pantouflage, politiciens corrompus... tout y est, et tout est crédible, riches en nuances. Il n'y a pas de grande intrigue dans Clockers, juste un règlement de compte bâclé, inutile, minable, et les ronds dans l'eau qu'il provoque sur toute la communauté. Un grand roman noir, poisseux comme le réel, désespéré comme la vie de ces mômes, et de tous les autres, dans tous les Dempsy de la planète !

Citation

Rodney le disait : la plupart des négros du coin, ils veulent tout le blé tout de suite. Ils tuent la poule aux œufs d'or, le client qui revient, parce qu'ils ne voient pas plus loin que les deux prochaines minutes.

Rédacteur: Jean-François Micard lundi 20 décembre 2021
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