Les Brumes du passé

Étant ému de colère et de vin, et d'une bouillante jeunesse, portant son épée et sa dague 'évaginées', en blasphémant il le provoqua pour se battre.
Paul Delsalle - Crimes et Châtiments en Franche-Comté au temps de Ravaillac. 1 - La Taverne et l’Arquebuse
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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Policier

Les Brumes du passé

Historique - Social MAJ mercredi 20 avril 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,8 €

Leonardo Padura
La Neblina del ayer - 2005
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Elena Zayas
Paris : Points, janvier 2011
432 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-2183-1
Coll. "Policier", 2530

Actualités

  • 22/05 Édition: Parutions de la semaine - 22 mai
  • 24/11 Prix littéraire: Pete Dexter à l'honneur
    Mercredi 23 novembre au Lutetia s'est déroulée la remise du Prix du meilleur polar des lecteurs de Points. À cause d'un virage de campagne à moto, Antonin Varenne, lauréat du premier prix en 2010 et par conséquent Président du jury, n'a pu être présent. Cela ne l'a pas empêché d'adresser une lettre lue à haute voix teintée d'humour... noir évidemment. Dans une ambiance festive, le roman noir a été mis à l'honneur. C'est en effet un véritable plébiscite. Neuf titres avaient été retenus par les éditions Points dans un catalogue qui ne se soucie que très peu de savoir si tel ou tel roman appartient aux genres policier, thriller ou noir. Mais force est de constater le raz de marée imposé par Pete Dexter et Leonardo Padura. C'est d'ailleurs ce premier pour l'excellent Cotton Point qui a remporté la palme. L'occasion pour les présents d'entendre son éditeur premier, Olivier Cohen, dire tout le bien qu'il pensait d'un ancien journaliste cassé par son métier vivant avec sa femme dans un mobile home auteur de romans époustouflants de Paperboy à Deadwood. Notons également qu'étaient présents trente des trente-quatre jurés tant professionnels qu'amateurs, et que l'engouement du prix cette année avait valu à l'équipe chargée du prix chez Points de recevoir par lettres deux mille candidatures.

    Sélection et nombre de votes :
    Cotton Point, de Pete Dexter (15 voix)
    Les Brumes du passé, de Leonardo Padura (11 voix)
    Hypothermie, de Arnaldur Indridason (4 voix)
    Origine, de Diana Abu-Jaber (2 voix)
    Les Visages, de Jesse Kellerman (2 voix)
    La Ronde des innocents, de Valentin Musso (1 voix)
    Hiver, de Mons Kallentoft (1 voix)
    Les Courants fourbes du lac Tai, de Qiu Xiaolong (0 voix)
    Donne-moi tes yeux, de Torsten Petterson (0 voix)
    Liens : Cotton Point |Hypothermie |Hiver |Origine |Pete Dexter |Leonardo Padura |Jesse Kellerman |Mons Kallentoft |Arnaldur Indridason |Antonin Varenne |Diana Abu-Jaber

  • 18/09 Édition: Parutions de la semaine - 18 septembre

Cuba Livre

Mario Conde est un ancien flic qui n'a pas perdu son flair, qui n'a pas perdu ses réflexes, et qui n'a pas perdu ses "prémonitions" qui insupportaient tant ses collègues parce qu'elles finissaient toujours par se révéler exactes. Le livre débute par l'une d'elles : Condé, qui s'est reconverti dans l'achat de livres auprès de particuliers désireux de vider leur bibliothèques pour remplir leurs assiettes, se trouve dans la caverne d'Ali Baba du bibliophile : la bibliothèque des Montes de Oca. Il sait qu'il y a ici de l'argent à se faire. Beaucoup d'argent, comme il n'aura plus l'occasion d'en remplir ses poches. Mais il y autre chose. Quoi ? Il ne le sait pas encore mais compte bien le découvrir. Et si cet article de journal trouvé entre les pages d'un livre de cuisine, vantant les mérites de Violeta del Rio dite "La reine de la nuit", chanteuse de boléro cubaine des années 1960 était la clef de cette prémonition ? On s'enfonce alors dans la bibliothèque, on s'enfonce dans la mémoire du Cuba du XXe siècle, dans celui des révolutions, dans celui de la musique, de la grandeur et de la déchéance, on s'enfonce dans la mémoire des Montes de Oca, de Conde et des quartiers oubliés de La Havane.

Leonardo Padura nous gratifie sans aucun doute d'un livre exceptionnel. De ceux qu'on ne lâche pas, de ceux qui font que le roman policier ne peut définitivement plus être rangé parmi les romans de gare, de ceux qui restent. Une traversée de Cuba. Celui des années 1960, de ses musiciens, de ses bars, de ses chanteuses et de ses rêves. Et le Cuba actuel qui semble maudit, ruiné qui reste sonné par des décennies d'une crise qui semble à son paroxysme. Au milieu, un ancien flic qui reste debout grâce à du mauvais café. Et il y a cette voix qui traverse le livre, celle de "La dame de la nuit", tombée dans l'oubli après avoir envoûté le tout Cuba. Conde n'aura de cesse d'aller à sa recherche, comme un Ulysse qui aurait dénoué les liens qui le maintenaient au mât pour écouter le chant des sirènes. Parce que là réside la faille taillée par Padura : il entraîne son héros là où il sait qu'il se perdra, il le précipite à l'endroit même où les hommes trébuchent, où ils ne se relèvent qu'à la force de renoncements et de privations. Mais les privations, à Cuba, on connaît bien, si bien que les premiers billets venus de la vente des livres des Montes de Oca sont pour Conde l'occasion de célébrer la gastronomie, l'amitié et la littérature. Les Brumes du passé nous envoûte à la manière d'une chanteuse de boléro qu'on aurait rencontré au hasard d'un bar cubain et dont on n'aurait pu s'empêcher de tomber amoureux. On la suit, on la traque et on sait qu'elle nous perdra et qu'elle restera là, quelque part en nous. Morte ou vive.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°30 |La Tête en noir n°141

Nominations :
Prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2011

Citation

Je suis flic, Conde, rien qu'un flic : je ramasse la merde, je ne distribue pas les repas...

Rédacteur: Gilles Marchand mercredi 11 août 2010
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