Diké ou l'archiviste

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samedi 20 avril

Contenu

Roman - Policier

Diké ou l'archiviste

Procédure MAJ jeudi 08 septembre 2011

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Jérôme Bonneau
Cholet : Les 2 Encres, février 2011
152 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35168-363-7
Coll. "Sang d'encre"

Actualités

  • 25/02 Édition: Parutions de la semaine - 25 février
    Semaine très k-librée avec les parutions d'un roman de Laurent Fétis, Nocturne pour instrument divers, publié dans la collection dirigée par Thomas Bauduret aux éditions Asgard, "Zones d'ombres" et le roman La Fracture de Coxyde, un "Polar en Nord" de Maxime Gillio, notre spécialiste émérite de l'œuvre de San-Antonio. Et ils tombent plutôt bien car la semaine est assez légère si l'on omet Adieu Gloria, un roman noir aux teintes archaïques de la surprenante Megan Abbot, L'Heure des loups, nouvel opus aux éditions Sonatine de Shane Stevens, et surtout Un hiver de glace, de Daniel Woodrell, sorte de western contemporain, version proximale de Fantasia chez les plouc, de Charles Williams. Si vous n'avez pas le temps de le lire, vous pourrez voir son adaptation au cinéma par Debra Granik (Winter's Bone). Le reste est bien entendu à découvrir :

    Grand format :
    Adieu Gloria, de Megan Abbott (Le Masque)
    Les Fils d'Omphals, de Pierre Bassou (Le Masque d'or, "Adrénaline")
    Diké ou L'Archiviste, de Jérôme Bonneau (Les 2 Encres, "Sang d'encre")
    Le Commissaire Adam et l'énigme de l'expert Haudet, de Yves Cléon (Clea)
    Là où se cache la vérité, de Julie Corbin (Ixelles)
    Jusqu'au sommet de la montagne, d'Arne Dahl (Le Seuil, "Policiers")
    Mort d'un fan des Beatles, de Philippe Dell'ova (Le Masque d'or, "Adrénaline")
    Nocturne pour instruments divers, de Laurent Fétis (Asgard, "Zones d'ombre")
    L'Ombre dans l'eau, d'Inger Frimansson (First, "Thriller")
    Lyalo-ly, de Patrice Guirao (Au vent des îles, "Noir Pacifique")
    Dame de trèfle, d'Alexis Lecaye (Le Masque)
    La Petite fille de ses rêves, de Donna Leon (Calmann-Lévy)
    Il va neiger sur Venise, de Jean Mazarin (Nuits blanches, "Policier")
    Engrenage, de Andrée Mortier (M. Dricot, "Roman policier")
    Justice dans un paysage de rêve, de Mala Nunn (Les 2 Terres, "Best-seller")
    Frontière blanche, de Matti Ronka (L'Archipel, ""Les Maîtres du suspense")
    L'Heure des loups, de Shane Stevens (Sonatine)
    Ultimes rituels, de Yrsa Sigurdardottir (Anne Carrière, "Policier")

    Poche :
    Bigorneaux et lingots à Ré la Blanche, de Robert Béné (De Borée, "Polars")
    Ré la Blanche, ruelle du Puits-sans-Fond, de Robert Béné (De Borée, "Polars")
    La Fracture de Coxyde, de Maxime Gillio (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Le Colibri, de Hervé Jovelin (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Show effroi, de Claude Muller (Papier libre, "Polar en poche")
    Suicides.com, de Michel Ollivier (Papier libre, "Polar en poche")
    Le Putsch, de Gérard Streiff (Krakoen, "Forcément noir")
    Tuez Rigoberta Menchu, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
    Un hiver de glace, de Daniel Woodrell (Rivages, "Noir")
    Liens : Adieu Gloria |La Fracture de Coxyde |Un hiver de glace |La Petite fille de ses rêves |L'Heure des loups |Ultimes rituels |Arne Dahl |Laurent Fétis |Maxime Gillio |Donna Leon |Gérard Streiff |Daniel Woodrell |Megan Abbott

Un requin contre un rouquin

Dans une prison de la région parisienne un détenu accusé de viol est retrouvé mort, les parties génitales proprement découpées, arborant un étrange tatouage sur le corps. Mis à part le personnel pénitentiaire, personne n'a pu approcher la victime : aucun suspect ne semble vouloir sortir du lot. Le mystère est total. Jonathan Bouvier, un flic divorcé et solitaire que ses collègues ont surnommé Shark en raison de son teint pâle, de ses méthodes musclées et de son fort taux d'élucidation d'affaires, est désigné pour résoudre l'énigme.

Le roman de Jérôme Bonneau démarre très (mais alors très) doucement. La scène de meurtre décrite dans le premier chapitre est même plutôt mauvaise tant elle est caricaturale. On craint alors le pire. L'arrivée de Shark, au second chapitre est encore un peu poussive et ne rassure pas vraiment. Le coup du flic solitaire, tourmenté, un brin anachronique avec son goût pour les vieilles voitures et le vieux rock, bref, du gars "brut-de-décoffrage-mais-gentil-au-fond", on nous l'a déjà fait tellement de fois que l'on songe même un instant à stopper là la lecture.

Et enfin, heureusement, à partir du troisième chapitre, la mayonnaise commence à monter. Les premiers fils de l'intrigue se nouent et l'atmosphère s'épaissit. Le rythme s'accélère, les personnages acquièrent une étoffe plus convaincante. Une fois passé la moitié du roman, on est définitivement attrapé par le col et on se laisse dorénavant transporter, sans plus aucune résistance jusqu'au point final.

Le scénario de Diké ou l'archiviste, sans être révolutionnaire apparaît au final plutôt bien bâti et peut revendiquer sans rougir la dénomination de "suspense" que l'on peut lire en haut de la couverture. Cela est principalement dû au fait que Jérôme Bonneau a eu l'intelligence de ne pas en faire des tonnes et de ne pas diluer ses propos dans de vains bavardages. Il nous trousse son récit sans chichis ni blablas, en cent cinquante petites pages et la chute, même si elle n'est pas non plus foncièrement originale, est plutôt bien amenée et réussit à prendre le lecteur par surprise.

Pour un premier essai, Jérôme Bonneau nous offre par conséquent un bon roman, efficace, concis, bien écrit, mais un peu "jeune", encore, comme on dirait en parlant d'un vin. Il lui manque encore un ton, une voix, une personnalité, cette dimension "littéraire" qui fait les grands polars. Diké ou l'archiviste est le genre de livre dont on retient l'histoire, éventuellement le titre, mais dont hélas on risque vite d'oublier le nom de l'auteur parce que même si on a pris du plaisir à lire son œuvre, on ne l'a pas personnellement senti ni entendu derrière tout ça. Jérôme Bonneau devra s'appliquer, dans ses prochains romans, à faire plus intimement corps avec son travail, à s'attacher à élever son texte à un niveau plus personnel, pour qu'une fois le livre fermé le lecteur ne dise pas : "c'était un bon roman", mais : "c'était un bon Jérôme Bonneau" !

Vous pouvez retrouver toutes les chroniques à L'Heure des comptes !

Citation

Un grain de beauté, situé à la commissure de ses lèvres, attirait le regard lorsqu'on l'observait attentivement. Hormis cela, c'était un homme ordinaire.

Rédacteur: Stéphane Beau dimanche 20 mai 2012
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