Le Jour du fléau

Quelques mots, il n'en faut pas plus pour créer dans une vie un avant et un après.
Karen-M McManus - Qui ment ?
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Le Jour du fléau

MAJ mardi 06 décembre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13,9 €

Karim Madani
Paris : Gallimard, novembre 2011
296 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-013521-9
Coll. "Série noire"

Actualités

L'enfer du décor

Plombé par le soleil, le goudron fondant sous les semelles, la ville d'Arkestra est un condensé des grandes métropoles actuelles. Les riches vivent entre eux, dans des quartiers protégés et les pauvres tentent de survivre à coups de rapines et de trafics. On imagine une version filmée développant des teintes jaunes, des moiteurs, des lourdeurs. Le style et le ton de Karim Madani renforcent cette atmosphère oppressante en additionnant des scènes rudes, racontées à la première personne par un personnage qui possède lui aussi une vision noire du monde.

Parfois les pauvres commettent l'erreur de se livrer à des actions qui gênent les riches alors qu'ils auraient pu se contenter de grouiller dans leur marigot en agressant des aussi pauvres qu'eux. Les sanctions tombent de suite. Katia était une pute droguée. Elle servait d'indic à Paco, le policier au cœur de l'histoire. Mais elle a été dénoncée au nom de l'intérêt supérieur des États et des grands notables. Depuis, Paco a entamé une descente aux enfers qu'il ponctue de grandes gorgées de sirop contre la toux comme drogue. C'est aussi le moment où il doit retrouver une jeune fugueuse des quartiers riches qui a mis le doigt dans un engrenage trop lourd pour un flic de base. C'est peut-être la raison pour laquelle il va s'obstiner et foncer.
Chaque étape enfonce le personnage dans une noirceur et une violence de plus en plus irrépressible. Dans un livre beaucoup plus ancien, Jésus le personnage central, vit ainsi un long calvaire en douze stations. Ici, c'est seulement en neuf jours que le policier va décrire son chemin de croix en des cercles de plus en plus étroits jusqu'à un final pressenti dès le départ comme suicidaire. Même quand Paco effectue une "bonne action", il ne fait en réalité que rembourser une dette ancienne.

La description de la ville, les redites de l'histoire, l'ancrage biblique et religieux, le fantôme de Katia réapparaissant pour contempler Paco, la chaleur qui s'appesantit, les pistes qui se brisent, les avertissements successifs pour demander au flic d'arrêter son enquête sont autant de brisures qui devraient faire chuter le "héros". Mais celui-ci se souvient que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, et il continue, comme ces morts qui se convulsent et s'agitent, pantins disgracieux, sous les rafales des armes automatiques.

Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2012
Grand prix de la littérature policière - roman français 2012

Citation

Si nous avions eu un peu plus de temps, je t'aurais proposé une partie de roulette russe, Raclure. J'adorais la roulette russe. J'y avais joué avec des barons de la came latinos.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 05 décembre 2011
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page