Ayant longuement médité sur la question, je suis à deux doigts de prendre un BlackBerry, mais pour finir je sens que je vais opter pour un iPhone, encore que le BlackBerry soit plus proche du monde des affaires, mais l'iPhone me plaît et j'hésite longtemps, et pour finir je prends les deux.
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jeudi 28 mars

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Nouvelle - Noir

N

Psychologique MAJ mercredi 04 juillet 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13,5 €

Mikaël Lafontan & Éric Pessan
Paris : Les Inaperçus, mars 2012
58 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 978-2-9541260-1-2

Promenons-nous aux abois

"Magicien, papa fait apparaître de temps en temps dans le creux de sa main une petite aiguille ensorcelée qui pointe éternellement la lettre N". Mais papa a beau avoir des allures de magicien, c'est plus de la crainte que de l'émerveillement qu'il suscite chez son fils. N, c'est la voix d'un enfant perdu au milieu d'une forêt. Ça pourrait être n'importe où en Europe, aucune identification géographique possible. N'importe où en Europe, n'importe où dans le Monde. Un enfant et son père, deux corps silencieux qui avancent dans une forêt où le silence n'existe pas, sans cesse troublé par le bruit du vent, le grattement des pattes des animaux, celui des oiseaux et tous ceux que l'on ne peut identifier. N, c'est un long poème sur la solitude d'un enfant qui ne sait pas, qui ne sait rien. Pourquoi est-il là ? depuis quand ? Où va-t-il ? Peu importe, il faut avancer, printemps, été, automne, hiver et de nouveau un cycle de saisons et encore un, et encore un, combien exactement ? Aucune idée. Mais voilà, la part d'humanité de cet enfant perdu dans la nature a besoin de s'exprimer, elle s'accroche à des souvenirs tellement lointains qu'ils semblent appartenir à un autre ; comme celle lampe de chevet dont l'image s'impose à lui au sortir d'un rêve : depuis combien de temps n'a-t-il pas dormi dans une chambre ? Comme cette chanson qui lui revient en mémoire : où l'a-t-il entendue ? Qui la lui a chantée ?

N, c'est la lutte d'un enfant pour survivre. Avancer, avancer, avancer, ne pas avoir le temps de s'appesantir sur les blessures, sur ses pieds en cloques ou cette fièvre qui le cloue au fond de son trou pendant plusieurs jours et qui l'angoisse : "Je vais mourir écrasé par les arbres, mon corps servira de nourrice aux bébés araignées." N, c'est la lutte entre deux personnes, une qui fuit la vie, le monde, sans que le lecteur puisse savoir pourquoi. Et une qui n'a d'autre choix que de le suivre mais qui commence à comprendre que, ailleurs, quelque chose d'autre est possible. Mais il ne connaît que la lutte, celle contre la nature qui l'entoure et celle contre le silence de son père, cet étranger qui l'effraie et qui le rassure de moins en moins. "Je n'ai aucun souvenir de mon père calme. La colère se tapit derrière chacun de ses gestes."

Éric Pessan nous raconte cette fuite en avant avec subtilité et poésie, nous plonge entre les racines des arbres, nous fait glisser sur les feuilles mortes, dresse un décor magistral, ce décor de contes qui effraient les enfants. Il nous prend par la main et nous abandonne dans le crâne d'un enfant qui hésite entre la peur et l'espoir. L'ensemble est magnifiquement illustré par les photos de Mikaël Lafontan qui, loin de vampiriser le texte, l'accompagne, sobrement, apportant un autre regard, une nouvelle sensibilité.

Citation

La forêt a gobé ma vie avec avidité. Elle a mâché ma mémoire comme elle sait si bien absorber les exuvies des serpents et les feuilles pourries. La forêt m'a assimilé.

Rédacteur: Gilles Marchand vendredi 29 juin 2012
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