Le Roman de Mildred Pierce

Catherine-Marie avait versé le champagne dans des coupes de plastique qu'elle remplissait au quart. Certains invités vidaient goulument leur ration pour s'empresser de quêter du rab en tendant les tremblotants réceptacles serrés dans leurs griffes.
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jeudi 28 mars

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DVD - Noir

Le Roman de Mildred Pierce

Social - Assassinat MAJ lundi 10 septembre 2012

Note accordée au livre: 6 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 2,87 €

Michael Curtiz
Scénario adapté de l'œuvre de James Mallahan Cain
Mildred Pierce - 1945
Paris : Warner Bros., août 2008
1 DVD VOST Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm

Actualités

  • 10/12 Cinéma: Othello, 35 mm et affiches de cinéma (75)
  • 30/01 Cinéma: Fuller, Aldrich, Siegel & Peckinpah : de la violence à la passion
  • 05/11 Cinéma: Marlene Dietrich et Michael Curtiz
  • 29/10 Cinéma: von Sternberg et Curtiz
    L'Action Christine* est plus noire que noire cette semaine avec d'un côté un cycle de deux films de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich - ceux-là-mêmes qui étaient à l'honneur la semaine dernière, et de l'autre une rétrospective sur les films noirs de Michael Curtiz, Casablanca et Mildred Pierce en tête. Des atmosphères, des répliques, des couples tous autant mythiques. Avec en prime un British Agent qui sera présenté le 6 novembre par Jean-Claude Missiaen. Diable que cette semaine augure !

    Exclusivité 1 : Shanghaï Express, de Josef von Sternberg
    "Plus grand succès commercial de l'association Sternberg-Dietrich, Shanghai Express devait rapporter à la Paramount environ trois millions sept cent mille dollars. C'est sans doute dans ce film qu'opère avec le plus d'évidence la magie de tous les talents conjugués, du scénario de Furthman aux images de Lee Garmes, en passant par les décors d'Hans Dreier et les costumes de Travis Banton. La notion de cliché est ici plus déterminante que jamais. Les personnages sont autant de 'types' romanesques, de conventions presque, qui évoluent dans un décor conçu selon l'idée qu'on se fait de l'Orient, au gré d'une intrigue d'une parfaite linéarité. Les dialogues abondent eux aussi de clichés ('En Chine, le temps et la vie n'ont pas de valeur', 'chaque train a sa cargaison de péchés'), qui achèvent de placer les personnages dans une situation d'une exemplarité affirmée. Le poids du passé pèse sur tous, en particulier sur le couple Shanghaï Lily-Doc. La célèbre phrase de Marlene-Lily, qui, après avoir dit au capitaine qu'elle a changé de nom, s'entend demander si elle est mariée et répond qu''il a fallu plus d'un homme pour changer (son) nom en Shanghaï-Lily', résume tout ce qu'est le personnage en amont du récit et définit l'image de la star et de son rapport (mythique) à l'amour. Son 'sacrifice' (littéralement 'pour les beaux yeux' de l'homme qu'elle aime) participe pleinement du mythe de la femme amoureuse, condamnée par son passé et son image à demeure incomprise. Cet aspect du personnage de Marlene peut indiquer peut-être à quel point le mythe était développé en direction du public féminin. Shanghai Express est sans doute aussi le film dans lequel la beauté de Marlene est le plus mise en valeur. Ses toilettes (plumes dans la première et la dernière scène, voilettes, fourrure de la fameuse scène sur la plate-forme, où elle embrasse Clive Brook, puis coiffe sa casquette de capitaine), le jeu sur les ombres, sur les cheveux, tout est d'une unité admirable. Jusqu'à la dernière scène du train, qui s'ouvre par un lent travelling avant sur elle à la porte avant qu'elle éteigne la lumière : trois gros plans fabuleux, ou l'évidence du génie."
    Pascal Mérigeau (Josef von Sternberg, Édilio)

    Exclusivité 2 : Agent X27, de Josef von Sternberg
    "En dépit du remplacement de Gary Cooper, qui ne voulait pour rien au monde, après Morocco, tourner sous la direction de Sternberg, par Victor McLaglen, qui n'est vraiment pas le personnage, Agent X27 est l'un des films les plus complets de Sternberg. Le scénario témoigne d'une richesse d'invention et d'une cohérence interne dont nous rendons compte par ailleurs. Agent X27 est également de tous les films de Sternberg, Anatahan mis à part, celui qui va le plus loin dans l'utilisation des bruits et de la musique. Le personnage d'X27 est sans doute, de tous ceux que Marlene a interprétés pour Sternberg, celui qui est le plus marqué par le sentiment de son propre destin. Cette veuve d'officier devenue espionne pour avoir dit trop haut son mépris de la mort, accepte le rôle qu'on lui demande de jouer en disant : 'Ma vie a été misérable, j'aurai au moins une belle mort.' Alors qu'elle disait préférer mourir pour sa patrie plutôt que de se suicider au gaz ou se jeter dans le fleuve, elle sera fusillée pour avoir trahi. Paradoxe troublant, qui lui fera demander à être exécutée dans l'uniforme de son choix, 'celui que je portais quand je servais mes compatriotes, et non ma patrie'. Et tandis qu'on l'arrête, Sternberg montre Marlene X27 rectifiant le rouge de ses lèvres et réajustant ses bas, comme au premier plan du film."
    Pascal Mérigeau (Josef von Sternberg Édilio)

    Mercredi 31 octobre :
    Shanghaï Express (Shanghaï Express), de Josef von Sternberg (14 h 15, 15 h 45, 18 h 45, 20 h 15 & 21 h 45).
    Jeudi 1er novembre :
    Agent X 27 (Dishonored), de Josef von Sternberg (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
    Vendredi 2 novembre :
    Shanghaï Express (Shanghaï Express), de Josef von Sternberg (14 h 15, 15 h 45, 18 h 45, 20 h 15 & 21 h 45).
    Samedi 3 novembre :
    Agent X 27 (Dishonored), de Josef von Sternberg (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
    Dimanche 4 novembre :
    Shanghaï Express (Shanghaï Express), de Josef von Sternberg (14 h 15, 15 h 45, 18 h 45, 20 h 15 & 21 h 45).
    Lundi 5 novembre :
    Agent X 27 (Dishonored), de Josef von Sternberg (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
    Mardi 6 novembre :
    Shanghaï Express (Shanghaï Express), de Josef von Sternberg (14 h 15, 15 h 45, 18 h 45, 20 h 15 & 21 h 45).

    Festival : Michael Curtiz
    "À vingt-six ans, Michael Curtiz commença, sous le nom de Mihály Kertész, une carrière de réalisateur prolifique, devenant un des fondateurs du cinéma de son pays natal, la Hongrie. Chassé par la guerre, il travailla en Allemagne et sa renommée fut telle que la Warner l'engagea en 1926 pour tourner une super-production L'Arche de Noé. Il devint un des réalisateurs-phares de cette société où il resta vingt-huit ans, tournant plus de quatre-vingts films, avec toutes les stars du studio : Errol Flynn, Humphrey Bogart, James Cagney, Bette Davis, Joan Crawford, Olivia De Havilland, Ingrid Bergman, Claude Rains, Cary Grant, John Garfield, Lauren Bacall... Son œuvre fut jalonnée de grandes réussites, d'immenses succès publiques, de films qui sont des titres majeurs du patrimoine cinématographique mondial. Mais, sous prétexte qu'il acceptait de tourner des sujets dans tous les genres, que lui imposait la Warner, une partie de la critique refuse de le considérer comme un auteur à part entière. Pourtant, il fut plus qu'un simple artisan-réalisateur de studio. Il créa son propre style, fait de recherche formelle dans les cadrages, la lumière, d'un art du découpage, donnant un rythme dramatique irréprochable, avec des moments d'inspiration d'une grande modernité. Ayant gardé ses influences européennes, il possède un ton personnel, accentuant parfois le côté sombre, cynique, de certains sujets, comme si une fatalité pesait sur les personnages. Il magnifiait le jeu des acteurs par des mouvements de caméra audacieux, créant ainsi une dramaturgie qui dépassait les convention des genres. Il n'y a qu'à revoir Casablanca, Mildred Pierce, Captain Blood, etc, pour en être convaincu."
    Mardi 6 à 21 h 30 séance présentée par Jean-Claude Missiaen, réalisateur et historien du cinéma.

    Mercredi 31 octobre :
    Les Aventures de Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood), de Michael Curtiz (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
    Jeudi 1er novembre :
    Casablanca (Casablanca), de Michael Curtiz (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
    Vendredi 2 novembre :
    La Femme aux chimères (Young Man with a Horn), de Michael Curtiz (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
    Samedi 3 novembre :
    Passage to Marseille (Passage to Marseille), de Michael Curtiz (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
    Dimanche 4 novembre :
    Le Roman de Mildred Piece (Mildred Pierce), de Michael Curtiz (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
    Lundi 5 novembre :
    Capitaine Blood (Captain Blood), de Michael Curtiz (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
    Mardi 6 novembre :
    British Agent (British Agent), de Michael Curtiz (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30, 20 heures & 21 h 30).

    * L'Action Christine
    4, rue Christine
    75006 Paris
    Tél; : 01.43.25.85.78
    contact@actioncinemas.com
    Liens : Shanghai Express |Josef von Sternberg |Michael Curtiz

  • 13/03 Cinéma: L'Action Christine plonge dans Le Port de la drogue
  • 09/11 Cinéma: Festival film noir à L'Action Christine
  • 16/10 Bibliothèque: Un drôle de comité à Lectoure

Mère assassine ?

Michael Curtiz, réalisateur de l'inoubliable Casablanca avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, adapte en 1945 un roman de James M. Cain porté haut par la grâce et le talent de Joan Crawford (et reconnu comme tel puisque le rôle lui vaudra un Oscar).

Véritable film noir à l'esthétique sûre et maitrisée enjolivée par un noir et blanc où le réalisateur s'en donne à cœur joie pour mieux faire rejaillir l'ombre et la lumière de la justice de Los Angeles, Le Roman de Mildred Pierce débute par le meurtre de Monte Beragon (Zachary Scott étonnant en dandy éhonté et désargenté), dernier mari en date de Mildred Pierce (Joan Crawford troublante dans son rôle de mère aimante) dans leur demeure côtière de la ville aux mille lumières. On ne sait pas qui a tenu l'arme qui a fait feu à de nombreuses reprises sur cet homme.
Dans la séquence qui suit, Mildred tente de se suicider avant d'entrainer un de ses amis, amoureux éconduit, sur les lieux du meurtre où elle essaie de le piéger. Peu après, interrogée au commissariat de police, elle revient sur sa vie au milieu de laquelle figure Velda, ultime enfant d'un couple déchiré, gâtée à outrance et pour qui elle a fait tous les sacrifices allant même jusqu'à se marier avec un homme qu'elle n'aime pas.
Pour la police, le meurtrier ne fait aucun doute. Il s'agit de son premier mari. Il avait un motif et pas d'alibi. D'ailleurs, il a avoué. Mais Mildred ne croit pas à sa culpabilité tout en s'interrogeant sur les raisons de ses aveux...

La moitié du film se réduit presque à un long flashback sur la première vie de Mildred et un mariage raté avec un mari volage et deux filles opposées. Une, garçon manqué, va mourir de pneumonie, l'autre, véritable monstre de vanité à qui Mildred offre tout ce qu'elle désire, n'adore que sa propre personne et l'argent. D'ailleurs, très vite le film se focalise sur cette enfant pourrie gâtée qui joue des sentiments que lui porte sa mère pour la mener par le bout de la baguette.
Joan Crawford a beau dire que "la liqueur des uns est le poison des autres", sa fille est sa faiblesse. Mais par amour pour elle, a-t-elle été jusqu'à tuer son mari ? Car l'on se doute que si Mildred Pierce est interrogée au poste de police alors que son ancien mari a avoué le meurtre, c'est avant tout parce que la police elle non plus ne croit pas à sa culpabilité et tente de démêler un imbroglio familial.
Et c'est là qu'apparait tout le talent de Michael Curtiz associé à des scénaristes parmi lesquels on note la présence de William Faulkner. Il dirige excellemment cinq personnages (deux femmes et trois hommes), manie à l'extrême leurs relations, leurs personnalités. On peut regretter cette caricature de gouvernante noire à la voix horrible. Mais le film est un chef d'œuvre scénaristique qui dépeint les travers d'une société où le rêve américain a vite fait de se transformer en cauchemar. Où la fierté mal placée se paie cash. Où l'argent ne fait pas le bonheur, n'y contribue même pas mais est l'apanage des sans scrupules.

Le Roman de Mildred Pierce : 111 min. réalisé par Michael Curtiz sur un scénario de Ranald MacDougall, William Faulkner & Catherine Turney d'après le roman Mildred Pierce de James M. Cain avec Joan Crawford, Zachary Scott, Ann Blyth, Jack Carson, Eve Arden, Bruce Bennett...
Bonus. Documentaire "Joan Crawford : la star hollywoodienne". Bande annonce de la collection "James Dean".

Illustration intérieure

L'interrogatoire avec Joan Crawford en mère tourmentée.


Citation

Mener une enquête c'est comme fabriquer une auto. Il suffit d'assembler les pièces et on a l'auto. Ou le meurtrier.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 09 septembre 2012
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