L'Amie du diable

Heureusement pour lui, sa vie s'acheva avant que le venin n'ait eu le temps de boursoufler ses chairs et de le faire agoniser dans d'atroces douleurs.
Gilbert Laporte - Carroge
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

L'Amie du diable

Tueur en série - Énigme MAJ vendredi 30 décembre 2011

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Voir plus d'infos sur le site polarmag.fr (nouvelle fenêtre)

Peter Robinson
Friend of the Devil - 2007
Traduit de l'anglais par Valérie Malfoy
Paris : Albin Michel, janvier 2009
418 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-226-19061-1
Coll. "Spécial suspense"
Les Enquêtes de l'inspecteur Banks, 17

Ce qu'il faut savoir sur la série

Las de la vie londonienne, l'inspecteur Alan Banks a demandé sa mutation à Eastvale, dans le Yorkshire. Marié à Sandra, il est père de deux adolescents, Brian et Tracy. Très intuitif, il n'hésite pas à braver la procédure pour mener ses enquêtes. Grand amateur de whisky de qualité, il aime aussi la bière "du cru". Mélomane, il goûte autant le classique que le pop-rock de sa jeunesse. Sa situation familiale évolue au fil de la série (il va divorcer, ses enfants vont quitter le bercail - Tracy ira à l'université, Brian intégrera un groupe de rock - et lui connaîtra diverses liaisons épisodiques...) D'un roman à l'autre, il incline de plus en plus à s'abandonner aux souvenirs et à la nostalgie...
Côté professionnel, il gagnera le galon d'inspecteur-chef; à ses côtés, on suit quelques-uns de ses collègues, personnages récurrents qui eux aussi évoluent - par exemple le superintendant Gristhorpe, avec qui il entretient une certaine amitié, partira à la retraite...

Déjà-vu déjà-lu ?

Il importe avant tout de signaler aux lecteurs que ce roman prolonge très directement l'affaire narrée dans Beau monstre – ce qui n'est précisé nulle part, pas même en note bas de page. Or il me semble que (re)lire au préalable la douzième enquête de l'inspecteur Banks est très profitable à la lecture de L'Amie du diable - et que mentionner ce lien entre les deux romans ne trahit rien de l'intrigue tant qu'on ne révèle pas où ni comment il se noue...

Eastvale, troisième dimanche de mars. Alan Banks ne connaîtra pas le repos dominical : un coup de fil matinal l'appelle auprès du cadavre d'une jeune fille, découvert dans une remise de Taylor's Yard – le Labyrinthe : une zone tout en ruelles étroites et en recoins sordides au cœur d'Eastvale, où les gens sensés ne s'aventurent guère. Tout indique qu'il s'agit d'un crime sexuel. Ce même jour, à quelques kilomètres de là, Annie Cabbot – temporairement mutée à Whitby – doit examiner le corps d'une tétraplégique abandonnée sur la falaise dans son fauteuil roulant, proprement égorgée. Les deux affaires n'ont rien à voir. Pourtant elles se rejoindront, quoique de manière biaisée, selon un principe bien rôdé et souvent mis en œuvre dans la série des "Enquêtes de l'inspecteur Banks". Quant à l'ancrage dans un passé plus ou moins lointain – autre élément constitutif de plusieurs romans de la série – il est ici à deux niveaux : par-delà le rapport avec l'affaire Payne – le sujet de Beau Monstre, donc – l'intrigue renvoie à une série de crimes commis dans la région de Whitby dix-huit ans plus tôt.

Voilà qui pourrait augurer d'une tortuosité de bon aloi. Mais retrouver pour la énième fois l'alternance, de chapitre en chapitre, entre les deux foyers narratifs correspondant à chacune des enquêtes, les rituels échanges d'informations et les conversations autour d'une pinte ou d'une tasse de thé, les interminables interrogatoires où l'on repose les mêmes questions parce que l'interrogé ment à l'évidence, les indices révisés en détail quand on est près de conclure et qui, évidemment, vont révéler un élément passé inaperçu... bref, autant de ressorts narratifs qui sentent leur recette éprouvée et appliquée à la lettre par un auteur qui semble avoir craint de la rafraîchir en usant d'une épice ne figurant pas dans la liste des ingrédients requis... Cette impression de redite, de sillon labouré à l'identique touche aussi la vie privée des personnages : on a déjà entendu les longues lamentations intérieures de l'inspectrice Cabbot, aux prises avec le syndrome de la quarantaine et, ici, avec une histoire sentimentale un rien envahissante ; quant à Alan Banks, il est égal à lui-même, brassant sa solitude et son penchant pour l'alcool mais toujours sensible aux charmes féminins. D'ailleurs, il s'engage dans une nouvelle aventure de cœur – comme dans d'autres romans précédents...

Et le cliché du final spectaculaire, qui balance dans les dernières pages la classique avalanche de révélations sur fond de tension extrême parce que l'assassin et l'enquêteur se font face, et se clôture sur l'arrivée in extremis de la cavalerie, achève d'enfoncer ce roman dans la banalité d'un polar mû par de sempiternelles ficelles de genre, alourdies de surcroît par des "marques de fabrique" de la série devenues véritables tics d'écriture et de composition.
Cette dix-septième enquête, peut-être de très honnête facture en elle-même – ce dont il est difficile de juger lorsque l'on aborde avec elle sa douzième incursion dans l'univers d'Alan Banks – et, par là, propre à séduire un lecteur novice, devient ennuyeuse dès lors qu'on la replace à l'intérieur de la série. C'est à ce moment de la chronique qu'il convient de se demander si ce profond ennui que j'ai éprouvé à la lecture est effectivement imputable à un auteur qui ne parvient pas à se renouveler ou bien si je suis, moi, devenue lasse de côtoyer un même personnage, une même façon d'enquêter – et un dispositif narratif trop souvent rencontré. Sans doute la réponse se situe-t-elle au point d'intersection...

NB – Pour tous ceux qui, peu au fait des coutumes britanniques, seront surpris de voir qu'il est question dans ce roman de la Fête des mères en plein mois de mars, au lendemain de la saint Patrick, précisons qu'au Royaume-Uni on rend hommage aux mères à l'occasion du Mothering Sunday, une fête chrétienne toujours célébrée trois semaines exactement avant Pâques. Sa date varie donc d'une année sur l'autre et peut être au plus tôt le 1er mars, au plus tard le 4 avril. Une note aurait été bienvenue qui eût précisé cette particularité – la traductrice en ayant par ailleurs apporté quelques-unes... telle celle-ci précisant que Sneck-Lifter, un nom de bière, se compose du mot écossais sneck signifiant "verrou" et d'un dérivé du verbe to lift, dont le sens est "soulever".

Citation

Or l'expérience lui avait enseigné que les assassins qui veulent s'exprimer sont comme ces raseurs dans les fêtes – très difficiles à faire taire tant qu'ils n'en ont pas terminé...

Rédacteur: Isabelle Roche samedi 13 juin 2009
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