La Mort accidentelle du patriarche

En fait, on sait exactement quel genre d'homme chercher, mais on ne peut pas suivre notre intuition sans devoir se justifier par des discours et des théories. Et là, on perd toujours du temps.
Brigitte Aubert - La Ville des serpents d'eau
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 25 avril

Contenu

Roman - Espionnage

La Mort accidentelle du patriarche

Écologique - Religieux - Géopolitique MAJ mardi 22 mars 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 0 €

Leif Davidsen
Patriarkens hændelige død - 2013
Traduit du danois par Monique Christiansen
Montfort-en-Chalosse : Gaïa, janvier 2016
510 p. ; 22 x 13 cm
ISBN 978-2-84720-646-3

Actualités

  • 10/03 Colloque-conférence: Leif Davidsen à la Maison du Danemark
    Le 18 mars 2016 à 19 heures est organisée à la Maison du Danemark (142, avenue des Champs-Élysées - 75008 Paris) une rencontre avec les auteurs Anne-Cathrine Riebnitzsky et Leif Davidsen, tous deux publiés aux éditions Gaïa. Cette soirée est organisée par le service culturel de l'Ambassade du Danemark en collaboration avec l'Association France-Danemark et les éditions Gaïa. Elle sera animée par la journaliste littéraire Marie-Madeleine Rigopoulos sur le thème "Le Romancier témoin du monde contemporain".
    Si les k-libristes ne connaissent pas encore Anne-Cathrine Riebnitzsky, celle-ci vient de publier ce mois Les Guerres de Lisa, un ouvrage qui se base principalement sur son expérience dans l'armée, puis comme conseillère auprès du ministère danois des Affaires étrangères en Afghanistan (notamment auprès des femmes opprimées). En revanche, le nom de Leif Davidsen doit forcément vous parler. Auteur de romans policiers et d'espionnage, cet ancien journaliste spécialiste de l'ex-bloc de l'Est et de la Russie vient dernièrement de voir son nouveau roman, La Mort accidentelle du patriarche, être traduit et publié. Il s'agit d'un drame russe sur les (més)alliances entre religion et politique. Ces deux auteurs vous parleront mieux que nous de tous ces sujets rapidement évoqués à l'occasion de cette rencontre-vente-dédicaces dont l'entrée est libre.
    Liens : Leif Davidsen

Amour, foi et géopolitique

La première partie est narrée à la première personne par un certain Adam Lassen et s'ouvre sur la nouvelle de la mort, présentée comme paisible, de Sa Sainteté Tikhon II, patriarche de Moscou, mais aussi, vingt-quatre heures plus tard, de Gabriel, frère jumeau du narrateur, tabassé à mort dans une ruelle de la capitale russe. Ils sont tous deux mi-danois (par leur affairiste de père, qui a fini par se suicider) mi-russes (par leur mère), mais Adam est un célibataire séducteur et mondain, présentateur météo à la télévision danoise, qui se trouve au Groenland, où il conduit un traineau à chiens pour les besoins d'un documentaire (un peu arrangé) censé alerter l'opinion sur le réchauffement climatique. Gabriel, lui, après une jeunesse turbulente, a trouvé le salut dans la foi orthodoxe et a fini par jouer un rôle non négligeable au sein de l'Église russe. Adam revient en catastrophe prendre sa mère au passage et partir à Moscou (ville totalement "mondialisée", en ce début du XXIe siècle, malgré des survivances tenaces de l'ère soviétique) pour rapatrier le corps de son frère et l'inhumer au Danemark. L'enquête s'enlise dans les sables d'une bureaucratie qui mêle les tares du libéralisme à celles du stalinisme, le dénominateur commun étant une corruption décrite comme "abyssale". Adam fait la connaissance (intime) d'une certaine Macha Koudrina, qui lui apprend que Gabriel travaillait pour son frère, Sacha, homme d'influence entre la Russie et le Danemark. La deuxième partie nous retrace, à la troisième personne, la façon dont Niels, le père des jumeaux, a rencontré Anastasia, leur mère, dans la Russie soviétique des années 1970, ce qui nous vaut un tableau bien noir et critique de la société de cette époque. La troisième est à nouveau narrée à la première personne par Adam qui, à son retour au Danemark, reçoit une lettre d'une certaine Maria Fedorovna, qui souhaite le rencontrer pour lui fournir des informations sur la mort de son frère. Le dénouement est mouvementé et tourne autour du rôle du patriarche Tikhon dans l'Église de Russie, de la géopolitique actuelle et de l'écologie à l'échelle de la planète, même si l'enjeu en est en fait le... Groenland, et tient sur une clé USB. Et le bras droit de la justice (plus immanente qu'institutionnelle) est un téléphone portable. Vive le progrès technique mais puisse la réalité tenir toujours aussi bien les promesses de la fiction.
Le livre se lit magnifiquement, il est rédigé dans une prose dont la traduction respecte la qualité et le récit progresse à la manière d'un fleuve majestueux, à défaut d'être tranquille. Quel plaisir d'échapper aux coquetteries snobinardes de l'écriture des candidats au statut d'auteur de best-seller, au point que l'on oublie qu'on est dans un roman policier (le comble de la réussite pour un polar). On y trouve une belle critique d'un monde au bord de la folie, en proie à des faux-semblants (depuis la religion jusqu'à l'écologie) qu'il exhibe fièrement pour masquer son échec et son inhumanité, le tout extrêmement bien documenté sous la plume d'un fin connaisseur des arcanes des relations entre son pays et la Russie, mais aussi mondiales de façon générale. Un régal à savourer sans aucune modération mais pour la plus grande édification de chacun.

Citation

La nouvelle Russie exhumait les vertus et les coutumes d'autrefois dans une quête de la tradition, à la fois religieuse et nationaliste. Comme si cela pouvait expliquer l'absurdité du modernisme.

Rédacteur: Philippe Bouquet lundi 21 mars 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page