Soupe tonkinoise

Nous partîmes à toute allure, aussi vite que pouvaient aller deux personnes menottées ensemble, sautant dans les flaques d'eau de la clairière, glissant dans des torrents boueuse, nous relevant, filant vers les arbres à une cinquantaine de mètres de la maison.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Soupe tonkinoise

Historique - Tueur en série MAJ dimanche 19 décembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Voir plus d'infos sur le site livresque-du-noir.fr (nouvelle fenêtre)

Jan Thirion
Labège : TME, avril 2010
344 p. ; 22 x 12 cm
ISBN 978-2-915188-17-2
Coll. "Collection noire d'Histoire"

Actualités

  • 13/07 Prix littéraire: L'Embouchure a son prix policier
  • 19/04 Prix littéraire: Jan Thirion primé à Balma (31)
  • 25/09 Festival: Toulouse, polars du Sud hors les murs...
    Du vendredi 8 au dimanche 10 octobre, la Ville Rose ressort les noirs atours qu'elle avait endossés pour la première fois en 2009 - Toulouse, Polars du Sud refait son festival et, cette année, prend de l'expansion avec notamment une série de signatures et de rencontres "hors les murs", en diverses librairies et bibliothèques des proches environs toulousains.
    - Le mercredi 29 septembre à 18 h 30, Jan Thirion présentera son roman Soupe tonkinoise en compagnie de l'éditrice Sandrine Banessy et de Françoise Delaporte, bibliothécaire, à la médiathèque de Saint-Orens de Gameville (Espace culturel Antigone - place Jean Beillères, 31650 Saint-Orens). Entrée gratuite
    - Le mercredi 6 octobre à 20 h 30 Benoit Severac sera à la bibliothèque de Lagardelle
    - Le jeudi 7 octobre il faudra choisir entre trois lieux et rois auteurs : Francis Pornon sera à 18 h 30 à la bibliothèque municipale d'Aucamville, Romain Slocombe - à 18 h 30 également - à la bibliothèque de l'INSA (135, avenue de Rangueil - 31077 Toulouse) et Jeronimo Tristante à la médiathèque de Pins-Justaret à 20 h 30
    - Le vendredi 8 octobre, ce sont pas moins de treize auteurs qui se dispersent :
    Mouloud Akkouche à 18 h 30 à la bibliothèque municipale des Izards (1 place Micoulaud 31200  Toulouse)
    Ingrid Astier à 19 heures à la bibliothèque municipale de Millau
    Jerôme Camut et Nathalie Hug à 18 heures à la bibliothèque de Saint-Cyprien
    Massimo Carlotto entre 11 h 30 et 13 h 30 à la bibliothèque du CE industriel d'Air rance
    Christophe Guillaumot à 17 h 30 à la bibliothèque d'Empalot (40, avenue Jean Moulin 31400 Toulouse)
    Hervé Le Corre à 18 heures à la bibliothèque de Rieupeyroux
    Loriano Macchiavelli à 18 h 30 à la médiathèque de Samatan
    Dominique Manotti à 19 heures à l'Estive à Foix (20 avenue du Général de Gaulle) sur une initiative de la bibliothèque de la ville
    Peter May à 21 heures à la bibliothèque de Plaisance du Touch
    Viviane Moore à 18 h 30 à la médiathèque de Saint-Jean
    Jean-Hugues Oppel à 17 h 30 à la bibliothèque Saint-Exupéry (37, rue du Lot 31100 Toulouse)
    Gilda Piersanti à 17 h 30 à la bibliothèque de la Côte Pavée (125, avenue Jean Rieux 31500 Toulouse)
    Marc Villard à 20 h 30 à la médiathèque du Gers (IUFM de l'université de Toulouse)
    Liens : Ingrid Astier |Mouloud Akkouche |Viviane Moore |Jean-Hugues Oppel |Massimo Carlotto |Marc Villard |Jan Thirion |Gilda Piersanti |Hervé Le Corre |Benoit Séverac |Dominique Manotti |Christophe Guillaumot |Peter May |Toulouse, polars du Sud |Toulouse, polars du Sud

L'amour comme un chou à la crème rance

Héli Auguste Thirion est militaire au Tonkin. Comme il a su se débrouiller dans des affaires mystérieuses, il a une réputation de policier. Aussi, lorsqu'il est convoqué par son chef, le colonel Manchecol, il se doute bien qu'il va devoir encore une fois démêler des fils étranges. Mais il ne s'agit que de retrouver l'officier Lamourette, qui a disparu. Thirion accepte, ne serait-ce que pour revoir la femme du colonel qui semble ne pas lui être indifférente.
Au même moment, un mystérieux tueur en série entreprend de liquider des prostituées tonkinoises. Lamourette en fréquentait. Aurait-il surpris quelque chose ? Et quel rapport avec ce groupe secret de francs-maçons qui a décidé de vénérer le chou à la crème ?

Les éditions TME ont lancé une collection historique qui a le mérite de publier peu (dans un format particulier) ce qui permet de choisir et de privilégier la qualité. Jan Thirion est un auteur discret mais dont les textes ont toujours eu aussi le bon goût de cette qualité. La jonction des deux ne pouvait que permettre une bonne surprise, et c'est le cas.
Tout d'abord, le cadre choisi : les colonies asiatiques au début du XXe sont rarement évoquées. C'est là l'occasion de dresser un portrait captivant du microcosme régional. Le militaire enquêteur voyage à travers les couches de la société : les pauvres tonkinois, la bourgeoisie indigène qui joue à la collaboration et envisage des mariages entre les soldats et ses enfants comme ascenseur social, les petits blancs et le groupe militaire qui essaie de remplir son rôle de "civilisateur" et de "pacificateur". Deux personnages surnagent à travers ce magma humain : un photographe qui répond aux commandes mais se sert de son temps libre pour photographier ce qu'il considère comme la réalité sociale du pays, et un indigène cultivé, responsable des forces de police, qui essaie de parler des poètes français à des interlocuteurs de Métropole qui semblent en savoir beaucoup moins que lui. Ce policier ressemble un peu au personnage central d'un ancien roman de Jim Thompson : il sait qu'il ne doit pas appliquer la justice brute, mais celle que l'on attend qu'il applique pour le bien-être de la civilisation.
Du coup, le roman décrit très bien sans pathos ni côté moralisateur des marges peu fréquentables de la colonisation : vision dantesque des condamnations à mort et des guillotinages à la chaîne, départ de forçats vers des îles inhospitalières. Le centre du roman révèle encore pire : les femmes locales se sont mises en ménage avec des soldats. Elles ont des enfants et ont été exclues de la société traditionnelle. Au moment du départ des troupes, elles découvrent que les militaires ne les emmèneront pas (et l'on pense à la folie douce de Le Vigan dans Goupi mains rouges). Peu après, on enferme les enfants dans des pensionnats car ils ont un statut particulier. Les femmes assistent au départ des bateaux qui emmènent les enfants et se jettent à l'eau pour se noyer, ayant perdu à la fois leur honneur, leur amour, leur progéniture et leur futur...
Le personnage central du roman, Thirion, est décrit avec finesse. Même si l'on devine certaines péripéties, on se surprend à accepter son mélange entre la rouerie obstinée du détective et des éléments fleur bleue. Les autres personnages acquièrent très vite une force surprenante, que ce soient le policier lettré, le photographe, la femme du colonel, un chasseur de rats ou un homme obsédé par la chasse des taupes...
Jan Thirion parvient à rendre, par un style qui sait osciller entre la rapidité d'une scène décrite avec force et des plongées dans la moiteur, et la lenteur, l'atmosphère étrange que devait revêtir une colonie entre l'exotisme et l'aventure rêvée, la bureaucratie nécessaire mais pesante, le fossé des cultures symbolisé par cette scène où Thirion est invité a poser sur la photo de groupe d'un notable local pour ensuite découvrir cette photo dans le journal, signalant ses fiançailles avec la fille du notable.

Citation

Chaque crocodile symbolise la tombe mouvante de chaque français mort sous ces latitudes ; le Tonkin est un vaste cimetière d'écailles et de dents adaptées au découpage rapide de la viande.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 16 juillet 2010
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