Contenu
Voyage au pays de la peur
Grand format
Réédition
Tout public
Journey Into Fear - 1942
Serge Bromberg (présentation)
Orson Welles (acteur)
Paris : Montparnasse, février 2004
1 DVD VOST Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "RKO", 21
Actualités
- 18/06 Cinéma: Série B et La Dernière rafale - acte II
- 11/06 Cinéma: Série B et La Dernière rafale
Quelle semaine de films noirs à L'Action Christine ! Si Les Incorruptibles, de Brian de Palma, après quinze jours de projection intensive, semble connaitre son dernier soubresaut, La Dernière rafale prend honorablement le relais. Le film de William Keighley bénéficie des sept jours pour vous convaincre avec un thème qui fera débat, celui de l'homosexualité (cachée entre des gangsters et de la violence). Fidèle à sa réputation, le cinéma offre également nombre de films de série B défendus avec talent et maitrise. Certains, qui sont accessibles en DVD chez Bach Films et Wilde Side, sont de petits bijoux à découvrir (Voyage de la peur, seul film noir de l'actrice Ida Lupino pour l'occasion réalisatrice, Je dois tuer, de Lewis Allen, La Tigresse, de Byron Askins...). Notons que le jeudi 13 juin à 20 heures a lieu un cycle unique intitulé "Justice, vérité et mémoire" avec le film La Bataille du Chili, de Patricio Guzman dans le cadre du quarantième anniversaire des coups d'État en Uruguay et au Chili. Cette projection sera en réalisation avec la Coordination "40 ans après", et suivie d'un débat en présence de Patricio Guzman.
Exclusivité 1 : La Dernière rafale, de William Keighley
"Le sujet lui-même - un policier s'infiltre dans un gang pour en démasquer les chefs - n'est pas spécialement original mais William Keighley a tenu à utiliser la technique réaliste propre aux films policiers produits pour la 20th Century-Fox par Louis de Rochemont. La bénédiction accordée au film par le FBI - l'avertissement signé J. Edgar Hoover en témoigne - n'empêche pourtant pas l'œuvre de Keighley d'être très surprenante. Parallèlement à l'intrigue policière classique, le cinéaste s'attache beaucoup plus au personnage de Stiles (Richard Widmark) qu'à celui de Gene Cordell (Mark Stevens). Samuel Fuller, sept ans plus tard, accordera de même plus d'attention à Robert Ryan qu'à Robert Stack dans La Maison de bambou. Repoussant Barbara Lawrence qui tente de lui mettre les bras autour du cou alors qu'il joue du piano, giflant avec un évident plaisir sa jeune compagne, la frappant sadiquement et la soupçonnant de trahison, Widmark compose une très étonnante figure de gangster homosexuel. Stiles est visiblement troublé - et attiré - par ce jeune amateur de boxe à la recherche d'un job, et la manière dont il lui parle, allongé sur le lit, est parfaitement révélatrice de la situation. Croquant une pomme ou respirant à un inhalateur de poche, Stiles est un personnage inquiétant, moins psychopathe mais tout aussi dangereux que Tommy Udo composé par Widmark dans Kiss of Death. La 20th Century-Fox a d'ailleurs dû élaguer la scène au cours de laquelle Stiles gifle à toute volée la blonde Judy, la séquence ayant été jugée trop violente... "
Mercredi 12 juin :
La Dernière rafale (The Street With No Name), de William Keighley (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Jeudi 13 juin :
La Dernière rafale (The Street With No Name), de William Keighley (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Vendredi 14 juin :
La Dernière rafale (The Street With No Name), de William Keighley (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Samedi 15 juin :
La Dernière rafale (The Street With No Name), de William Keighley (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Dimanche 16 juin :
La Dernière rafale (The Street With No Name), de William Keighley (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Lundi 17 juin :
La Dernière rafale (The Street With No Name), de William Keighley (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Mardi 18 juin :
La Dernière rafale (The Street With No Name), de William Keighley (14 heures, 16 heures & 18 heures).
Exclusivité 2 : Les Incorruptibles, de Brian De Palma
"Les Incorruptibles n'a pas pris la moindre ride et aurait même plutôt tendance à faire partie de ces films dits intemporels, qui ne vieillissent pas mais au contraire, se bonifient encore et encore à mesure que le temps passe. Comme un bon vin, en somme (seule différence, c'est que ce vin-là peut se consommer sans modération !). Si le scénario est bien sûr toujours identique à celui de la série, Brian De Palma s'en éloigne toutefois nettement, conférant à ses Incorruptibles un ton très personnel, très enlevé, très rétro. Un ton qui se rapproche finalement beaucoup de celui d'un bon vieux film noir des années 1930."
Vendredi 14 juin :
Les Incorruptibles (The Untouchables), de Brian De Palma (21 h 30).
Dimanche 16 juin :
Les Incorruptibles (The Untouchables), de Brian De Palma (14 heures).
Festival : 6 films noirs trésors de la Série B
"Pépinière de nouveaux auteurs, terrain d'élection de cinéastes chevronnés, la Série B est indissociable de l'ère des grands studios et d'une forme de cinéma hollywoodien tristement disparu depuis une vingtaine d'années... Méprisée par les incompétents paresseux qui ne voyaient en elle que le refuge d'une bande de cinéastes sans talent, confrontés tout à la fois à des sujets sans intérêt et à des budgets de misère, la Série B était au contraire, pour ceux qui voulaient bien la fréquenter, une succession de surprises... C'est dire que, contrairement à une idée souvent répandue, un film de Série B peut être une véritable œuvre d'auteur, produite avec un soin exceptionnel, le même que celui qui présidait à la fabrication de films plus onéreux. La présence des mêmes techniciens, le fait que les scénaristes travaillaient indifféremment pour des films de Série B ou de Série A et surtout la grande modestie des cinéastes hollywoodiens - y compris les plus célèbres - créaient une perpétuelle osmose au sein du studio, entre ces deux types de films... "
Mercredi 12 juin :
Voyage de la peur (The Hitch-Hicker), de Ida Lupino (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30, 20 heures & 21 h 30).
Jeudi 13 juin :
Il marchait la nuit (He Walked by Night), de Alfred L. Werken & Anthony Mann (14 heures, 15 h 30, 17 heures & 18 h 30).
Vendredi 14 juin :
Je dois tuer (Suddenly), de Lewis Allen (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30 & 20 heures).
Samedi 15 juin :
Le Balafré (Hollow Triumph), de Steve Sekely (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Dimanche 16 juin :
L'Emprise du crime (The Strange Love of Martha Ivers), de Lewis Milestone (16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Lundi 17 juin :
La Tigresse (Too Late For Tears), de Byron Askins (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Mardi 18 juinl :
Je dois tuer (Suddenly), de Lewis Allen (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30, 20 heures & 21 h 30).
* L'Action Christine
4, rue Christine
75006 Paris
Tél; : 01.43.25.85.78
contact@actioncinemas.com
Liens : La Tigresse |Il marchait la nuit |Je dois tuer |Ida Lupino |Anthony Mann |Lewis Allen
L'Ambler du décor
Voyage au pays de la peur a tous les ingrédients d'une adaptation cinématographique d'un roman d'espionnage d'Eric Ambler. Et ça tombe plutôt bien, c'est tout juste ce que c'est ! En pleine Seconde Guerre mondiale, des agents nazis essaient d'assassiner un ingénieur américain en armement travaillant en Turquie qui va n'avoir alors de cesse de fuir le pays. Le but de cet assassinat est d'immobiliser des flottilles à Izmir et Gazipolli pendant les mois froids de la guerre, et d'offrir aux forces de l'Axe un répit crucial. L'ingénieur ne peut alors compter que sur ses seules ressources et la mansuétude du colonel Haki (brillamment interprété par un Orson Welles au sommet de l'art solitaire face à la bouteille de gnôle), qui lui fait prendre un navire pour Botoum où il sera en sécurité. Sauf que, bien entendu, les agents nazis se retrouvent à bord...
Tout depuis le début en fait un film hitchcockien. Sous les traits du remarquable Joseph Cotten, Howard Graham vit une vie somme toute paisible. S'il échappe miraculeusement à la première tentative d'assassinat (il y a derrière tout ça une histoire de prestidigitation propre aux films de l'époque : nous sommes en 1942), il comprend très vite ce qui lui arrive, et dans sa fuite trouve les ressources assujetties aux innocents. La chance sourit aux audacieux, Graham n'en est pas un au sens professionnel du terme. Il tient à revoir sa femme et multiplie les petites bévues qui d'habitude coûtent cher. Une fois embarqué, le film tourne au huis-clos avec apparition d'une femme, Dolores del Rio (la ravissante et captivante Josette Martel, qui ne s'arrête pas à moitié dans son entreprise de séduction), avec laquelle il s'épanche sans trop se compromettre, mais un peu quand même. Personne ne le croit quand il dit que l'on veut sa mort. La machination ourdie est assez complexe. On lui soutire même son arme. Cela ne l'empêche absolument pas de débarquer après moult péripéties qui donnent la chair de poule.
Le final interminable sous un orage alors que quatre hommes sont en équilibre douteux contre la façade d'un hôtel, est un modèle du genre. Réalisé en noir et blanc par Norman Foster, le film avait initialement été scénarisé par Orson Welles dans le but avoué de se retrouver derrière la caméra. Un conflit avec les studios de la RKO en a décidé autrement. Welles disparait du générique (sauf en sa qualité d'acteur). Cela n'enlève rien aux qualités techniques et artistiques de Norman Foster qui arrive à se jouer d'une brochette interlope d'acteurs avec un art distingué de la mise en scène.
Voyage au bout de la peur : 68 min. réalisé par Orson Welles & Norman Foster d'après un roman d'Eric Ambler avec Dolores del Rio, Joseph Cotten, Orson Welles, Ruth Warrick...
Présentation de Serge Bromberg.
Illustration intérieure
Notez le regard d'un Orson Welles en pleine lumière et en colonel des services secrets turcs.
Citation
Monsieur Howard Graham, vous êtes un conducteur prudent et un piéton imaginatif. Vous ne pratiquez ni l'équitation, ni l'escalade. Vous ne chassez pas le gros gibier. Vous n'avez jamais la moindre envie de vous jeter sous un train. Vous ne pensez sûrement jamais à la mort. Sauf peut-être à l'occasion, quand vous souscrivez à une police d'assurance. Monsieur Graham, votre cerveau ingénieux me comprend parfaitement. C'est très simple. On cherche à vous tuer.