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Un attentat sans coupable
Le 12 décembre 1969, une bombe explose à la Banque nationale d'Agriculture sur la Piazza Fontana à Milan, faisant 17 morts et 88 blessés. Bien que les enquêtes et les procès se soient multipliés, personne à ce jour n'a été déclaré coupable de cet attentat qui a marqué le début des "années de plomb" en Italie.
Marco Tullio Giordana raconte l'histoire de cet attentat dans un thriller dont l'intrigue, à l'image des enquêtes menées depuis, s'obscurcit à mesure qu'elle progresse.
C'est le commissaire Luigi Calabresi, chargé de l'enquête, que le cinéaste a choisi de suivre pour reconstituer cet événement obscur, qui a lieu dans une période troublée de l'histoire italienne, marquée par une vague de grèves et de manifestations.
Calabresi commence par chercher les coupables dans les milieux d'extrême gauche, largement infiltrés par le gouvernement conservateur. Lors d'un interrogatoire à la préfecture de Milan, l'anarchiste Giuseppe Pinelli tombe par la fenêtre. Calabresi, absent au moment du drame, ne saura jamais ce qui s'est passé : accident, suicide. Toujours est-il que ce tragique événement enflamme l'opinion publique, et met Calabresi en délicate posture, tandis qu'il commence à douter des pistes suivies jusqu'ici, persuadé que les responsables se cachent dans les hautes sphères politiques.
Giordana, qui s'est déjà penché sur cette période (notamment avec la magnifique fresque Nos meilleures années), tente de reconstituer le plus fidèlement possible ce sombre épisode de l'histoire italienne. Entreprise difficile, car cet événement, sur lequel une foule de données et d'informations ont été publiées, est d'une très grande complexité, et vouloir en rendre compte dans un film est un pari risqué. De fait, l'Histoire a tendance à noyer un peu la fiction : si le film contient des scènes très impressionnantes, comme l'explosion de la banque, ou l'interrogatoire de Pinelli, l'abondance du texte (cartons, intertitres, longues discussions au contenu très dense) empêche la tension de s'installer. De même, la multiplication des personnages fait qu'on ne s'attache à aucun véritablement, malgré la qualité du jeu des acteurs : tandis que le commissaire Calabresi interprété par Valerio Mastandrea, émouvant notamment lors de son procès, n'a pourtant pas la densité espérée, Pinelli, interprété par Pierfrancesco Favino, est un superbe personnage qu'on regrette de ne pas voir plus.
Document très intéressant sur un épisode essentiel de l'Histoire de l'Italie, Piazza Fontana a le mérite de ne pas céder à la tentation d'une simplification, et aussi de ne pas conclure, ce qui est très louable, mais la fiction, malheureusement, n'est pas au rendez-vous.
Piazza Fontana : réalisé par Marco Tullio Giordana sur un scénario de Marco Tullio Giordana, Sandro Petraglia & Stefano Rulli. Avec Thomas Trabacchi, Giorgio Tirabassi, Fausto Russo Alesi, Denis Fasolo, Giorgio Marchesi, Andreapietro Anselmi, Sergio Solli...
Illustration intérieure
Interrogatoire à l'italienne...
Rédacteur: Camille Deltombe mercredi 28 novembre 2012 partager : | |