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Public averti
Silencio en la nieve - 2011
Paris : Filmedia, novembre 2012
19 x 14 cm
Du sang dans la neige
Drôle de titre que celui qu'on a réservé à la France. Le titre d'origine était plus explicite car on n'est pas ici dans une œuvre majeure sur la guerre à l'est. Non. Front de l'Est est une adaptation de L'Empereur des ténèbres d'Ignacio del Valle.
En deux mots : des crimes sont commis sur des soldats de la Division Azul (dix-huit mille volontaires espagnols envoyés par Franco sur le front de l'Est pour remercier le Führer de son aide durant la guerre civile) et sur chaque corps apparaît une étrange inscription renvoyant à une comptine... Arturo Andrade, inspecteur dans une autre vie (et personnage central d'une trilogie romanesque), est sollicité par ses supérieurs pour résoudre cette série de crimes et surtout, retrouver le meurtrier avant qu'il n'agisse de nouveau...
Résumé comme ça, Front de l'Est ressemble à un film de serial killer de plus. Mais sa grande force est de placer l'intrigue dans une page d'histoire méconnue chez nous : l'engagement des Espagnols dans le Seconde Guerre mondiale aux côtés des Allemands (même si certains passages nous font bien comprendre que l'Ibère n'est pas un nazi sanguinaire).
Cela permet de placer l'intrigue dans des décors vraiment très réussis et impressionnants : la neige et le silence qui l'accompagne, les constructions à la gloire du communisme reprises par les nazis avec leurs couleurs (du rouge sur le blanc, du sang sur la neige ?), l'omniprésence des monuments à la gloire des grands noms de l'Union soviétique... Cette qualité de reconstitution se retrouve aussi dans les menus détails qui donnent une réelle crédibilité à l'ensemble car pendant tout le film, on est sur le front de l'Est avec Arturo Andrade.
Avec lui, on découvre toute la complexité de cette société espagnole reconstituée sous d'autres cieux et sous l'uniforme : entre aumônier militaire rigide, bureaucrate tatillon, rebelle inverti, officier sanguinaire ; poids des hiérarchies catholique, militaire, maçonnique, phalangiste. Il y aussi la difficile cohabitation entre Espagnols et Allemands dans le même village, les relations avec les autochtones avec qui on ne peut pas échanger deux mots (ce qui n'empêche pas les étreintes furtives), la vie hors du front avec les soirées de beuverie, les jeux de cartes, les exécutions sommaires ou une drôle de distraction qui s'appelle la roulette russe... On y est d'autant plus que la direction d'acteurs est excellente et que le film réserve des séquences chocs : l'apparition des chevaux dans le lac gelé en ouverture du film ou la roulette russe qui n'atteint pas la folie de Cimino dans Voyage au bout de l'enfer mais qui marquera les esprits quand même. À l'image de ce film qui est une excellente surprise.
Le Front de l'Est : 110 min. réalisé par Gerardo Herrero sur un scénario de Nicolás Saad adapté du roman L'Empereur des ténèbres d'Ignacio del Valle. Avec Juan Diego Botto, Victor Clavijo, Carmelo Gomez, Andrés Gertrudix, Francesc Orella...
Bonus. Fiche de présentation d'Ignacio del Valle.
Accord parental souhaité.
Citation
Personne ne veut mourir dans une guerre comme ça. Ça n'a pas de sens