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Grand format
Réédition
Tout public
Bertrand Tavernier (présentation)
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, septembre 2012
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Massacre au Nouveau-Mexique
"La haine est puissante. Elle enfle jusqu'à cacher tout autre sentiment." C'est justement cette haine qui habite le sergent Vinson sous-officier d'un détachement de soldats américains attaqués par soixante-dix Apaches le 28 juillet 1879. Des années auparavant, sa femme a tué ses propres enfants pour ne pas qu'ils tombent entre les mains d'Indiens. Et lui garde ça en mémoire. Ce n'est pas tant du ressentiment que la réminiscence de la notion d'un courage qu'il n'est pas sûr d'avoir. Mais pour l'heure, il est le plus haut gradé des survivants de l'affrontement meurtrier initial, et doit les conduire à Fort Crane. Alors que l'on pourrait croire que son but est motivé par le désir de les voir s'en sortir sans encombre, le film va aller à contre-courant, être une succession de massacres à petite échelle où la férocité d'un homme raciste est mise en avant associée à l'absurdité du respect des ordres à tout prix dans l'armée.
Joel McCrea (qui jouera l'année suivante dans Le Shérif aux mains rouges, de ce même Joseph M. Newman, et qui est l'un des plus brillants interprètes de sa génération dans des westerns et des films de gangsters), impressionnant dans ce rôle de sergent sanguinaire, conserve sur lui les montres de ces hommes morts au combat, qu'il remonte quotidiennement et qui font un bruit assourdissant et infernal dans ces vastes paysages montagneux où l'on s'attend à voir surgir un Apache à chaque sommet. Il va installer ses troupes dans une maison en ruine à flanc de montagne qui va devenir Fort Massacre, et signer le glas de sa compagnie, de l'humanité en même temps que la révolte d'un homme faisant fi de la hiérarchie militaire face à la barbarie d'un autre.
Ce qui est par dessus tout intéressant dès le début dans ce western très particulier de Joseph M. Newman c'est que dès les premiers instants les uniformes des soldats sont crades, le décor est hostile et les dialogues laconiques. Pourquoi ? Eh bien parce que des extérieurs au costume en passant par la photographie (l'usage du décor est d'ailleurs exceptionnel avec des silhouettes qui se fondent dans les broussailles ou entre les rochers), la lumière et les dialogues cyniques au cordeau ("Tu es déjà un sauvage, ne sois pas un rabat-joie"), tout est pensé et millimétré pour réaliser un western d'une nouvelle génération qui annonce la violence de ceux de Sam Peckinpah.
Fort Massacre : 78 min. réalisé par Joseph M. Newman sur un scénario de Martin Goldsmith. Avec Joel McCrea, Forrest Tucker, Susan Cabot, John Russel, George N. Reiss, Anthony Caruso, Robert Osterloh...
Bonus. Présentation de Bertrand Tavernier. Présentation de Patrick Brion.
Citation
Vous l'avez dit, Travis. Vous êtes un bleu sans expérience. Ces Apaches nous détestent tellement qu'ils ne sont plus humains. La haine est puissante. Elle enfle jusqu'à cacher tout autre sentiment... La douleur... l'amour... même la peur. Quand un homme a autant de haine, la seule façon de la faire sortir, c'est par un trou de balle.