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Jack l'Éventreur
Grand format
Réédition
Tout public
Nuit londonienne
Le poète surréaliste Robert Desnos publiait en 1928 une série d'articles dans Paris-Matinal, relatant la rencontre du journaliste avec un homme qui disait connaître l'identité de Jack l'Éventreur suite à un fait divers sanglant - le corps d'une femme coupée en morceaux retrouvé dans le bois de Marly. Cette série d'articles a été adaptée au théâtre par la compagnie Dodeka, et récemment jouée au Lucernaire parisien dans une obscure petite salle obscure. Et l'on va voir que l'obscurité joue un rôle important dans cette histoire. Jack l'Éventreur, c'est avant tout Nicolas Rivals, un comédien à la carrure impressionnante qui pendant un peu plus d'une heure y va d'un long monologue tantôt scandé avec lenteur, tantôt éructé avec urgence. Il se sert de l'obscurité pour disparaitre et mieux réapparaitre dans un recoin de la scène où on ne l'attend pas instillant ainsi une peur grandissante car Jack est omniprésent, surtout là où justement on ne l'attend pas. Pour lui donner une réplique aphone mais non dénuée de charme et de danse, Armelle Gouget, qui interprète à tour de bras et de viscères, chacune des onze victimes de l'insolent meurtrier, et qui fait une première apparition tout en dératés. Pour arranger le tout, Sylvain Meillan joue du violoncelle, chante, multiplie les bruitages et accompagne Jack l'Éventreur dans sa folie meurtrière.
La mise en scène de Vincent, sobre, brillante et ingénieuse, se joue du lieu étroit et des décors. Le masque de prostituée qui donne à Armelle Gouget de vrais airs de poupée apparait comme une image irrévérencieuse à l'égard de celui dont on veut faire tomber le masque devant Robert Desnos journaliste. Cette même Armelle Gouget court, trébuche, se vautre, s'aimante au corps de Nicolas Rivals, s'échappe montant une échelle à demi-dénudée avant de retomber entre les griffes assassines. Quelques légers effets spéciaux - des flammèches, du sang - viennent alimenter joliment et avec un peu d'humour un ensemble qui s'apparente à une longue litanie chirurgicale du crime qui gagne en expérience. Nicolas Rivals commence par la première victime, s'offre un peu de repos avant d'attaquer la seconde, puis en un mouvement qui va s'accélérant nous parle des troisième et quatrième victimes, et ainsi de suite, sans qu'à aucun moment l'aspect répétitif nous prenne à la gorge. L'ensemble de ses victimes retrouve une voix questionnante et culpabilisante à la fin, avant que la lumière n'éclate, et que la vérité des faits que l'on imaginait n'assaille les yeux. Un bien beau spectacle de fait.
Jack l'Éventreur, de Robert Desnos
Mise en scène : Vincent Poirier
Avec : Nicolas Rivals, Sylvain Meillan et Armelle Gouget
Musique originale de Sylvain Meillan
Scénographie : Tramber Regard
Lumières : Charles Altorffer
Son : Amélie Polachowska
Coproduction Théâtre Municipal de Coutances. Création soutenue par le Conseil régional de Basse-Normandie et le Conseil général de la Manche.
Citation
Le mercredi 1er février je trouvai dans mon courrier un pneumatique dont le contenu me stupéfia. Je le reproduis in extenso.