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Grand format
Réédition
Tout public
Serge Bromberg (présentation)
Paris : Montparnasse, mai 2001
19 x 14 cm
Coll. "RKO", 26
Résistance indigène
John Wayne et Anthony Quinn se donnent la réplique dans ce film de guerre de 1945, qui revisite une défaite et annonce les sous-bassements d'une victoire par la résistance face à l'envahisseur. Un film qui tranche avec ceux réalisés jusque-là par Edward Dmytryk, plus connu pour ses positions pacifistes et de gauche - au point que John Wayne le trouvera trop à gauche, sympathisant des communistes, et qu'il s'en plaindra. Mais pour l'heure, à Bataan, le chaos s'annonce car les Japonais progressent à grands pas. Ils ont pour eux le nombre et l'héroïsme fanatisé, et ils cachent difficilement derrière de bonnes manières leur cruauté. "Nous sommes gentils, mais pas indulgents." C'est ainsi qu'au début du film, pour un Japonais qui meurt à Bataan, sept Philippins seront exécutés. À la fin, le ratio sera de un pour dix, preuve s'il en fallait une de l'inutilité de telles représailles. Comme à son habitude dans les films de guerre, John Wayne est l'officier supérieur (en presque tout). Droit dans ses bottes, sûr de son fait, effacé face aux rafales de mitrailleuses et aux tirs de mortier (il nous effectue même un joli saut de l'ange en pleine observation d'une avancée japonaise). Désigné devant la débâcle annoncée pour organiser la résistance, il abandonne le commandement de ses troupes à un Anthony Quinn dévasté par la trahison de sa promise (Beulah Bondi), passée à l'ennemi, et qui est devenue à la radio la voix officielle du nouveau gouvernement d'opérette philippin. Bien entendu, il n'y a nulle trahison, et il s'agit d'un agent double. Quinn ne tardera pas à s'en rendre compte. Mais dans l'immédiat, l'important est d'organiser la résistance sans arme mais avec chaque Philippin. Et chaque Philippin de sept à soixante-dix-sept ans, tous sexes confondus, va poser sa pierre avec toujours en tête la figure légendaire de Andres Bonifacio, qui fut l'artisan de la rébellion des siècles auparavant contre l'occupant espagnol. On assiste dès lors à une traversée de la jungle, à des escarmouches, des petites victoires et de grosses rapines pour la bonne cause avant de voir se tendre un piège à des Japonais trop sûrs de leur fait. Edward Dmytryk dresse un portrait catastrophique des Japonais, n'hésitant pas à montrer un officier japonais qui pour asseoir sa supériorité vis-à-vis de ses subalternes les aveugle avec un poignard qu'il tient entre ses mains. Mais là où il fait preuve d'initiative c'est sans conteste avec les interrogations des hommes du peuple philippin, qui ne voient pas l'intérêt de se battre contre un envahisseur si c'est pour qu'il soit remplacé par un autre. L'impérialisme américain en ressort égratigné. C'est peut-être cet aspect qui a poussé John Wayne à la délation...
Retour aux Philippines (87 min.) : réalisé par Edward Dmytryk sur un scénario de Ben Barzman & Richard Landau. Avec : John Wayne, Anthony Quinn, Beulah Bondi, Lawrence Tierney...
Bonus. Présentation de Serge Bromberg.
Citation
- Que dit le général Del Pilar à ceux qui l'avaient abandonné ?
- Nos faibles chances de survie nous effrayent, mes hommes vaillants et moi. Mais je suis heureux à l'idée de mourir pour le pays que j'aime. Partez dans les collines et défendez-le jusqu'à la mort.