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Chiennes de vies
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet
Paris : Gallimard, janvier 2013
250 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-013535-6
Coll. "Série noire"
Actualités
- 21/02 Édition: Parutions de la semaine - 21 février
- 15/07 Site Internet: Sélection de romans noirs de La Lettre du libraire
La Lettre du libraire, qui se définit elle-même comme une librairie de quartier sur le Net, est tenue par un libraire de profession, Thomas Coutenceau. Elle ne déroge pas aux sacro-saintes habitudes, et propose sa sélection de romans noirs à dévorer cet été. Mais le libraire s'en explique quelque peu, et surtout propose les quatre chroniques de ces quatre romans. "Quatre romans noirs, quatre styles différents pour vous divertir à l'ombre du figuier, un verre de rosé à portée de main", nous explique-t-il un peu plus qu'en substance. Et c'est bien le cas. Faire ainsi des choix mêmes estivaux peut s'avérer périlleux, mais dans la mesure du possible, tout ce qui est propice à faire lire (et lire des romans policiers) se doit d'être relayé !
Sélection de romans noirs de l'été :
- Chiennes de vie : chroniques du sud de l'Indiana, de Frank Bill (Gallimard, "Série noire") ;
- La Belle vie, de Matthew Stokoe (Gallimard, "Série noire") ;
- Tais-toi et meurs, d'Alain Mabanckou (La Branche, "Vendredi 13") ;
- Frères de sang, de Richard Price (10-18, "Domaine policier").
Liens : La Belle vie |Frères de sang |Matthew Stokoe |Richard Price - 02/03 Radio: Cercle Polar n°115
Nouvelles outrenoir
Les premières nouvelles du recueil de Frank Bill, Chiennes de vies, sont d'une noirceur horrifique à couper au couteau, qui plantent un décor dans la campagne profonde américaine - le sud de l'Indiana - où les victimes expiatoires prennent une revanche dans le sang, la sueur et la crasse. Le nouvelliste n'hésite pas à introduire quelques lignes très gores dans des histoires au réalisme troublant, prenant le risque de scinder la population en deux : d'un côté, des marginaux avides de petits profits écumant un paysage désolé armes au poing, heureux propriétaires de laboratoires de meth, de l'autre, des âmes innocentes (quoique), qui dans un dernier instinct de survie, acculées comme on l'est rarement, trouvent les forces de la rébellion (qui mène à l'acharnement destructeur). Frank Bill teinte tout cela d'un humour décapant. Ses nouvelles se suivent, vont de plus en plus loin, mais alors que l'on s'est habitué à cette plongée dans une réalité crasse, ses nouvelles deviennent plus conventionnelles sans que l'on sache si c'est prémédité afin que le lecteur puisse respirer un temps. Il faut bien le dire, l'ensemble parait inégal seulement parce que certaines nouvelles sont exceptionnelles. L'homme décortique ses personnages pendant que ses personnages se décortiquent entre eux avec une machette de fortune. Il construit une fresque humaine qui migre de la ville à la campagne, et inversement, avec autant de désœuvrement et de désenchantement tout en mettant en avant l'impact négatif des adultes sur les enfants, des hommes sur les femmes, de l'artificiel sur le naturel. On pourrait lui trouver de nombreuses inspirations d'Erskine Caldwell, pour la misère populaire des grands espaces désertés, à Jim Thompson pour ses portraits humains et psychologiques de personnes meurtries, mais nul doute que son inspiration première Frank Bill l'a trouvée en franchissant le seuil de sa demeure, et en jetant un regard désolé sur ce qu'il y a vu. Et c'est ainsi qu'il propose un lot de nouvelles nerveuses, à la force narrative brute, certes nous l'avons dit inégales, mais qui révèle un véritable talent pour la forme courte.
NdR - Le recueil comporte les nouvelles suivantes : "Hill Clan Cross", "Vieilles rancœurs", "Tout le mal", "La Pénitence de Scoot McCutchen", "Un homme à terre (Junkies)", "Pulsion", "Belle même dans la mort", "L'Accident", "Le Vieux Mécano", "Infréquentable", "Le Roman noir d'un chasseur de ratons laveurs", "Mauvais trip", "La Sagesse de l'Ancien Testament", "À la frontière entre le paradis et l'enfer", "Un lapin dans le carré de laitues", "L'Amour brut" & "Les Crimes du sud de l'Indiana".
Citation
En allant de la cuisine à la chambre, son verre de bourbon à la main, Moon constata que les placards étaient vides. Les valises d'Ina avaient disparu. Il avait trop honte pour appeler le poste et demander une localisation du Toyota Land Cruiser de 85 qu'elle conduisait. Alors qu'il portait une nouvelle fois le verre à ses lèvres, faisant s'entrechoquer les glaçons, il songea que le pire de tout, c'était qu'il était lui-même trop bourré pour se lancer à sa recherche.