Contenu
Le Massacre de Fort Apache
Grand format
Réédition
Tout public
Bertrand Tavernier (entretien)
Paris : Montparnasse, novembre 2004
19 x 14 cm
Coll. "DVD collector"
Charge désolante
C'est peut-être le plus surprenant des westerns de John Ford avec John Wayne car, pendant près des trois quarts du film, l'acteur ne tient pas la vedette et l'abandonne aux mauvais soins d'Henry Fonda qui incarne pour l'occasion l'arrogant et aigri lieutenant-colonel Thursday. L'histoire est des plus simples et se pose comme un classique du genre western civilisateur. Un homme qui a tout donné à l'armée vit comme un calvaire le fait de se retrouver cantonné à Fort Apache alors que d'autres se couvrent de gloire en luttant contre les Sioux et les Cheyennes. Aveuglé par les lauriers qu'il n'a pas, il fait régner une discipline de fer dans le camp retranché et s'attire l'inimitié des soldats alors même qu'en première intention ils étaient prêts à l'accueillir. Ce colonel a une fille, Philadelphie (Shirley Temple à la grâce faussement innocente), qui n'a pas plus tôt fait de déposer ses bagages qu'elle est déjà tombée amoureuse d'un bel et jeune officier d'origine irlandaise (O'Rourke - roulez les "r"). Amour impossible qui lutte contre une discipline méthodique, un protocole poussé à l'extrême et, surtout, une caste - "Nous ne sommes pas du même monde" -, qui contraste avec la bonne humeur dégagée par quelques sous-officiers (Beaufort, Quincanon, Mulcahy), l'éternel Victor McLaglen en tête. Car malgré la menace des Apaches - dès le début le télégraphe est coupé -, les hommes boivent, trichent, festoient, plaisantent et ce même pendant les missions (pas très) périlleuses. Mais, d'un coup, Thursday se voit couvert de gloire. Alors il prépare sa troupe et, après un simulacre de rencontre pour y parler paix, provoque un affrontement à un contre cinq en sa défaveur. Fier des leçons qu'il a appris à West Point ("Cochise doit s'inspirer de la tactique d'Alexandre le Grand"), il tombe grossièrement dans le piège apache. La ruse des Indiens qui n'avait pas échappé à l'expérimenté capitaine York, provoquera le massacre de l'unité de cavalerie. Thrursday aura eu ce qu'il était venu chercher : la gloire éternelle, mais à un prix très élevé, sa mort et celle de nombreux soldats. Quant à York, "l'homme qui a ramené Cochise", il sera dorénavant en charge de Fort Apache. Déconstruction brillante du mythe de la conquête de l'Ouest, appropriation sans trop la dénaturer de la bataille de Little Big Horn, servi par un couple de stars exceptionnelles épaulées de seconds couteaux qui équivalent à des vétérans, avec au milieu Shirley Temple, Le Massacre de Fort Apache est un film magnifique qui fait revivre le quotidien méticuleux d'une cavalerie lustrée qui entre au galop dans l'histoire peu reluisante des États-Unis.
Le Massacre de Fort Apache (127 min.) : réalisé par John Ford sur un scénario de Franck S. Nugent. Avec John Wayne, Henry Fonda, Shirley Temple, Pedro Armendáriz , Ward Bond, George O'Brien, Victor McLaglen, Anna Lee...
Bonus. "Une période heureuse", entretien avec John Ford (18 min.). "Rituels fordiens", entretien avec Bertrand Tavernier (28 min.). "Massacre à Monument Valley", analyse de séquences par Jean-Louis Leutrat (26 min.). Bande annonce originale.
Booklet. Livret prestige sur John Ford.
Citation
Dans l'armée, après être tombé, on remonte comme un général.