Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Violence sur la société
Je dois tuer, de Lewis Allen, ne dure que soixante-douze minutes, mais ne laisse que peu de répit, il faut dire que c'est un film à l'action prenante, tout en rythme, qui prend cependant le temps de jouer sur la tension qui s'installe avant d'exploser en un final ultra-rapide. L'histoire est des plus simples : une petite ville des États-Unis voit son quotidien chamboulé par l'arrivée imminente en train du Président. Dans le même temps, les services de sa sécurité sont sur les dents car un indic mourant a révélé l'existence d'un complot visant à l'assassiner. Aussi, débarquent police d'État, CIA et faux agents du FBI. À la tête de ces derniers, John Baron (Frank Sinatra renaissant après une traversée du désert cinématographique), tueur psychopathe et pointilleux qui a eu la Silver Star pendant la guerre. Pour l'en empêcher, Tod Shaw (l'immense par le talent - Johnny Guitare, Quand la ville dort -, et par la taille Sterling Hayden, à qui l'on pardonne son témoignage devant l'HUAC, témoignage qui l'a hanté pour le restant de sa vie), le shérif de Suddenly (tout un programme !), cette petite ville bien tranquille. La confrontation entre les deux hommes se fera à l'intérieur d'une maison surplombant la gare. Une maison où l'on retrouve un retraité des services secrets, sa belle-fille et son fils, un réparateur de télé et quelques personnes de passage qui ne manquent de trépasser. Bien sûr, Tod Shaw est amoureux de la femme, Ellen Benson (Nancy Gates), qui se raccroche à la mémoire de son mari mort sur le front, et qui surprotège son petit enfant. La violence qui s'abat sur son foyer ne manquera pas de changer la donne. Et c'est bien le thème sous-jacent de ce film qui est à la frontière du film noir et du thriller : l'héritage violent de la Seconde Guerre mondiale, et la manière dont il est appréhendé aussi bien par les soldats que par les civils. Le film prend une autre dimension lorsque l'on sait qu'il est tourné en pleine guerre de Corée, et que la question de la démobilisation et le retour à la vie civile de soldats devenus des meurtriers est posée alors que dans le même temps, le Maccarthysme met sur le flanc nombre de réalisateurs et acteurs. On pourrait rajouter que la légende veut que Lee Harvey Oswald l'aurait vu quelques jours avant l'assassinat de Kennedy. Intriguant, non ?
Je dois tuer (78 min.) : réalisé par Lewis Allen sur un scénario de Richard Sale. Avec : Frank Sinatra, Sterling Hayden, James Gleason, Nancy Gates, Kim Charney, Willis Bouchey, Paul Frees...
Citation
Tu sens le devoir à plein nez, tout comme les gars au front.