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Grand format
Réédition
Tout public
The Purple Plain - 1954
Bertrand Tavernier (présentation)
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, octobre 2013
19 x 14 cm
Coll. "Classique de guerre"
Mort intérieure
Un film de guerre naturaliste de Robert Parrish sur un scénario d'Eric Ambler, le romancier de l'espionnage, avec Gregory Peck, voilà de quoi intriguer. D'autant que ce film qui se passe en 1945 dans une Birmanie entre jungle et désert est tout particulier. D'abord parce qu'il dépeint la trajectoire d'un homme brisé en proie à des cauchemars, vidé de sa substance physique, meurtri par le décès de sa femme dans une capitale anglaise bombardée, et qui depuis vit dans la mort - ce pilote canadien incarné par Gregory Peck n'aura alors de cesse d'affronter le danger pour aller à sa rencontre, mais quand il va réellement se confronter à elle, Gregory Peck va vouloir vivre à tout prix. Ensuite parce que ce film n'est pas tant un film de guerre qu'un film qui se passe pendant la guerre. Hormis la scène d'introduction qui présente une escadrille en action dans laquelle Gregory Peck montre toute l'étendue de sa désobéissance vis-à-vis de la hiérarchie, il n'y a aucune autre scène de guerre. L'ennemi japonais est absent même si une partie du film se déroule en territoire hostile. L'histoire est simple et repose sur une intrigue principale et une secondaire. La principale se résume en une phrase : c'est l'histoire d'un homme mort qui retrouve goût à la vie. Gregory Peck est chargé d'emmener un passager à bon port en avion. Un moteur prend feu. Après un atterrissage de fortune, trois hommes dont un blessé se retrouvent avec peu d'eau au milieu de nulle part. S'ensuit une traversée du désert avec un brancard, une chaleur torride et un homme qui devient presque fou et finit par se suicider. L'intrigue secondaire se base sur la renaissance du héros après sa rencontre avec une femme birmane, Anna, dont il va tomber amoureux. Il se dégage de ce film un aspect sombre et méditatif, à la limite de l'introspectif, qui confine à la sobriété. Robert Parrish excelle à filmer en très gros plans des hommes transpirant sang et eau sans exalter un quelconque nationalisme, loin de la propagande de l'époque et des héros sans failles comme John Wayne peut les porter à l'écran. Il tourne en extérieur des paysages grandioses, il réalise un travelling extraordinaire lors d'une fuite sous un bombardement où l'on voit Anna sous le choc brinquebalée par la foule birmane en mouvement, il réalise une double allégorie sur la vie et la mort à travers deux scènes où sont filmés deux lézards. La Flamme pourpre est celle qui est rallumée dans le cœur d'un héros dévasté par la guerre et qui retrouve foi en l'humanité par le biais d'une femme modeste et pragmatique. Robert Parrish est à l'orée du manichéisme, mais toujours dans la jungle, non loin de la sauvagerie, ce qui rend ce film intriguant, intéressant, et agréable à regarder. Et puis Gregory Peck...
La Flamme pourpre (100 min.) : réalisé par Robert Parrish sur un scénario d'Eric Ambler d'après un roman de H. E. Bates. Avec : Gregory Peck, Win Min Than, Brenda De Banzie, Bernard Lee, Maurice Denham...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Présentation de Bertrand Tavernier. Galerie photo.
Citation
Ils ne sont pas faits de glace comme nous. Ils se débarrassent de leurs chagrins et de leurs peurs. Ils ne les gardent pas en eux jusqu'à ce qu'ils pourrissent, comme nous.