Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Ah ! Le vieux monde...
Saint-Fiacre. La comtesse a eu le bon goût de mourir à la fin de la messe d'une crise cardiaque. Un crime en fait, provoqué par un avertissement glissé dans son missel : la police saurait tout. Voici Maigret à confesse. Moins enquêtant parmi l'assistance que se révélant ses souvenirs d'enfance, qui remontent au galop et le submergent tout d'un coup. L'enquête ? Il en laisse le soin au suspect lui-même. Un Columbo avant l'heure. Tandis qu'il l'observe s'enferrer, trop occupé qu'il est à se livrer, corps et âme, à la poussée de nostalgie qui l'affecte, celle d'un monde qui n'est décidément plus. Autour de lui, le vieux monde se délite. Personne n'y échappe, ni le curé, ni le régisseur, pas même le petit peuple, son chapeau à la main. Georges Simenon a mis beaucoup de lui dans ce Maigret tout entier habité par la mélancolie. Un infime écart qui laisse entendre dans la narration la voix auctoriale. C'est sur cet infime écart que semble reposer le parti pris de lecture de François Marthouret, livrant le récit dans un rapport d'extériorité qui est presque celui du personnage lui-même, hanté par le trouble de l'auteur. Une voix suave quand elle se met à évoquer ce monde disparu. Bienveillante aussi, malgré l'atmosphère à bien des égards pesante du drame que noue Maigret : son monde disparu. Mais une lecture d'une folle intelligence, qui introduit subtilement une légère distanciation par son phrasé, cette drôle de façon qu'à François Marthouret de traîner sur les syllabes pour donner à entendre, aujourd'hui, ce que les mots de Georges Simenon ont d'étrange à nos oreilles. Comme pointant, dans la distance qu'elle prend avec la distance que Simenon avait lui-même prise avec son récit, le lointain appel d'un appareillage narratif disparu lui aussi. On n'écrit plus comme ça aujourd'hui, quelle beauté alors, dans cette évocation !
NdR - 1 CD MP3, 3 h 48 d'écoute.
Citation
Un crime sera commis pendant la première messe.