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Grand format
Réédition
Tout public
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, janvier 2014
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Autant en emporte le clan
Van Heflin n'est pas Clark Gable, mais par certaines postures dans ce film, il rappellera fortement l'acteur américain d'Autant en emporte le vent. Susan Hayward, elle aussi, avec son air buté et ses jolies moues, est ce qui se rapproche le plus de Vivian Leigh pour ce film qui lui aussi se déroule pendant la guerre de Sécession. L'un des rares, à en croire Patrick Brion, car l'Amérique, à cette époque, n'a pas encore pansé ses plaies et ne veut pas de films partisans qui ferait replonger le pays dans une scission nord-sud. Alors dans ces conditions, Le Sang de la terre détonne par son scénario. Dans l'État du Mississippi, la famille Darbey règne depuis deux générations (une éternité !) sur la vallée du Liban. Alors que Lincoln s'apprête à devenir Président entrainant le départ de l'Union des États du Sud, les Darbey souhaitent la neutralité de leur vallée encaissée non loin de marais. Le film du réalisateur George Marshall est un mélange de western et de mélodrame. Une fresque romanesque vingt ans après Autant en emporte le vent comme les aime Hollywood. Le clan Darbey vit au rythme de ses deux filles qui convoitent le même homme, un capitaine fougueux de la cavalerie qui s'engagera avec les Sudistes, rompant ainsi ses liens et ses engagements. L'homme, à la fois lâche et traître, aura pour ennemi personnel le journaliste Keith Alexander, tombé amoureux de la belle Morna. Pour parachever le tout, un vieux shaman indien, personnifié par Boris Karloff (!), joue les bons samaritains et est la sagesse incarnée dotée d'une parfaite maitrise du lasso. Il y a des bons sentiments, un accident de cheval qui rend Morna temporairement invalide, des points de vue politiques, des dialogues acerbes ("Touché", énoncé longuement avec l'accent que les Américains donnent à ce mot français lorsqu'ils pratiquent l'escrime), une bataille impitoyable... Le tout sur un scénario d'Alan LeMay, le romancier à l'origine de La Prisonnière du désert. L'un des plus gros budgets de l'époque - le film fera d'ailleurs perdre de l'argent à Universal, Le Sang de la terre se conclue sur une leçon de morale de Van Heflin à la famille Dabney après que Morna aie sacrifié sa virginité pour la survie (vaine) des belles idées du clan. Honnête film d'un honnête réalisateur artisan des mauvais genres, il mérite d'être connu, vu et apprécié.
Le Sang de la terre (108 min.) : réalisé par George Marshall sur un scénario de Alan Le May d'après un roman de James H. Street. Avec : Van Heflin, Susan Hayward, Boris Karloff, Julie London, Whitefield Connor, Ward Bond, Richard Long...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Galerie photo.
Citation
- Je répandrai le bruit que vous refusez un duel.
- Si vous le répétiez, chacun rirait de vous. Mais si vous insistez, et tirez votre arme, moi, je vous tirerai dans le postérieur !