Contenu
Poche
Inédit
Tout public
250 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-914657-96-9
Coll. "Polars en Nord", 50
Un Boulogne déboulonné
Un gang de motards décide de s'implanter à Boulogne-sur-Mer afin de vendre une toute nouvelle drogue, inédite en France. Mais pour cela, il faut mettre en place les réseaux et donc commencer par éliminer la concurrence. Les policiers boulonnais, englués dans les procédures et les soucis personnels, ont bien du mal à s'y retrouver dans une guerre des gangs d'une violence sauvage, comme jamais le Nord-Pas de Calais n'en a connu.
Pour célébrer le numéro 50 de leur collection "Polars en Nord", les éditions Ravet-Anceau n'ont pas choisi les bougies mais carrément les bâtons de dynamite. Pour la première fois, l'éditeur a dû mettre un avertissement sur la couverture. Il attire l'attention sur le fait que certains passages de ce livre peuvent choquer les lecteurs sensibles.
Argument publicitaire ? Volonté d'attirer les voyeurs ?
Pas du tout.
Boulogne K est un livre violent. Hyperréaliste. D'une noirceur extrême. Une claque dans la gueule, une vraie. Et ça fait un bien fou, dans le milieu parfois ronronnant du polar, de se prendre un coup de pied au cul de cette ampleur.
Michel Vigneron, flic dans une brigade de nuit à Boulogne-sur-Mer a un parti-pris. Une démarche d'écriture à laquelle il se tient du début à la fin : décrire la réalité – sa réalité – sans détours, ni euphémismes. Raconter le sordide parce qu'il le vit, le côtoie au jour le jour. Bien sûr, il a beau expliquer qu'il a "importé" à Boulogne ces histoires de bikers et de drogue de nouvelle génération (de fait, rien de ce genre n'existe encore dans ce port de pêche), les à-côtés ne trompent personne. La vie de la brigade, les allumés en cellule de dégrisement, les situations personnelles parfois tragiques des flics, les anecdotes croustillantes ou pathétiques, tout cela sent le vécu à plein nez.
Et tant mieux. Ça confère à l'intrigue principale une dimension presque naturaliste, documentaire, particulièrement intéressante.
Alors oui, des scènes sont à la limite du supportable (voire le dépassent) : tortures, exécutions sauvages, rites initiatiques, misère sexuelle et sociale. Et l'on comprend que l'éditeur ait placé l'avertissement, comme on comprendra que certains lecteurs puissent être rebutés par la noirceur sans tabous de ce livre.
Et pourtant, Boulogne K est un grand roman noir. De ceux qui sont cohérents, qui assument leurs objectifs et se donnent les moyens de les atteindre. Pas de compromis ni de concession, ce n'est – semble-t-il – pas le genre de Michel Vigneron. Mais n'en concluez pas qu'il écrit avec la sécheresse d'un procès-verbal ou le désespoir du flic blasé. Déjà auteur d'un remarqué Maryline de Boulogne l'année dernière, on sent une évolution flagrante dans l'écriture : directe, certes, mais avec un réel souci d'aimer la langue, voire de poétiser ce qui peut encore l'être.
Boulogne K, un roman à mettre dans le maximum de mains… averties.
Citation
Mon seul regret, c'est de ne pas vous avoir coupé les burnes comme je l'avais promis. Si ton pote ne m'avait pas niquée par surprise, on t'appellerait déjà le chapon, poulet.