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Réédition
Tout public
Saint-Sébastien-de-Morsent : Rimini, septembre 2022
Combo Blu-ray + DVD Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
L'Apocalypse est pour bientôt !
Alors qu'une guerre nucléaire a ravagé la planète, sans qu'on sache bien qui l'a déclenchée, l'Australie est encore épargnée, dans l'attente des radiations mortelles qui devraient arriver dans cinq mois. Un sous-marin nucléaire, seul reste de l'armée américaine, arrive à Melbourne puis est envoyé pour voir s'il reste des traces de vie sur terre, alors qu'un mystérieux signal morse semble émaner des États-Unis. Tandis que des scientifiques envisagent des pistes de survie, la population australienne se prépare à la mort.
Sorti en 1959, Le Dernier rivage, adapté d'un roman du britannique Nevil Shute, est le premier film à dépeindre un Holocauste nucléaire, en pleine Guerre froide et alors même que se construit peu à peu ce qu'on a appelé "l'équilibre de la terreur". Résolument engagé, le film de Stanley Kramer ne laisse aucun doute quant à la possibilité de "gagner" une guerre atomique, un choix qui entraînera le boycott de l'armée américaine, refusant d'y apporter toute aide. C'est donc en Australie, conformément au roman, qu'il sera tourné, avec un casting de choix réunissant Gregory Peck, Ava Gardner, Anthony Perkins et Fred Astaire dans l'un de ses seuls rôles dramatiques, au service d'une vision d'un pessimisme presque insoutenable alors, et même maintenant. Post-apocalyptique, le film baigne pourtant dans une ambiance pré-apocalyptique, dans une attente inquiète mais résignée. Point de scènes d'hystérie collective, de survivants hébétés et de messies nucléaires, juste une poignée de gens, cherchant à vivre du mieux que possible le peu de temps qui leur reste. De l'Apocalypse, nous ne verrons rien, pas de corps, pas de ruines, juste quelques plans de villes désertes. Allant foncièrement à l'encontre des règles du cinéma américain, Stanley Kramer brosse des héros sans avenir, des espoirs qui se révèlent vides et absurdes, ose aborder des thèmes comme l'impuissance, le suicide collectif, l'acceptation de la mort, sans jamais verser dans le pathos, sans jamais risquer le prosélytisme. Au contraire, Le Dernier rivage offre des scènes qui paraissent incongrues dans un tel contexte, de la pure comédie burlesque ou du mélodrame, un faux happy end aux deux tiers du film ou une course de voitures (seule scène d'action de tout le métrage) d'une violence désespérée anticipant Mad Max de trente ans, parallèlement à des images fortes et poignantes qui marquent longtemps après la fin du film, jusqu'à un dernier plan superbement ironique. Film noir s'il en est, film funèbre et magnifique élégie, Le Dernier rivage est toujours, plus de soixante ans après sa sortie et alors que le spectre de la guerre nucléaire revient hanter le monde, une œuvre essentielle, traumatisante dans le bon sens du terme (on dit qu'elle a empêché Kennedy de recourir à l'arme atomique dans la crise des missiles de Cuba), qui devrait être montrée à tous pour que personne ne puisse plus prétendre pêcher par ignorance.
Le Dernier rivage (135 min.) réalisé par Stanley Kramer sur un scénario de John Paxton adapté du roman éponyme de Nevil Shute. Avec : Gregory Peck, Ava Gardner, Anthony Hopkins, Fred Astaire, Donna Anderson...
Bonus. "Le Dernier rivage" par Vincent Nicolet (31'04). Le Roman de Nevil Shute par Marie-Odile Probst, traductrice (34'36).
Citation
Le conflit est né du jour où les peuples ont accepté le principe grotesque que la paix serait sûrement maintenue grâce à des moyens défensifs plus puissants mais inutilisables sans risque de se suicider. Tout le monde avait une bombe atomique, contre et contre-contre-bombes. Et on perdait tous peu à peu le contrôle de nos armes. Je sais. J'ai aidé à les fabriquer. Dieu en est témoin.