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Le Passager du Polarlys
Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Dargaud, mai 2023
74 p. ; illustrations en couleur ; 29 x 23 cm
ISBN 978-2-505-11223-5
Coll. "Simenon et les romans durs"
Actualités
- 19/09 Librairie: Bibliothèques noires à Strasbourg (67)
Septembre à Strasbourg, c'est le temps des Bibliothèques idéales – l'un des temps seulement car ces Bibliothèques idéales, créées par François Wolfermann et portées par l'association Relatio, une "association strasbourgeoise qui vise à organiser ou produire des événements artistiques ou culturels [...] structurés au sein d'un ou plusieurs festivals ou de grands rendez-vous, et articulés autour de l'actualité littéraire, musicale, théâtrale, cinématographique ou toutes autres disciplines artistiques". Parmi ces événements, donc, les Bibliothèques idéales, elles-mêmes bisannuelles: en janvier, et en septembre. Deux rendez-vous pluridisciplinaires, proposant "des rencontres croisées où le texte répond à la musique, au dessin, à la danse et à la performance" – bien au-delà, on le voit, d'un classique salon du livre.
En 2023, les Bibliothèques idéales d'automne ont lieu du 19 au 24 septembre. La Tache noire fait partie des librairies partenaires de l'événement et, à ce titre, propose trois rencontres noires:
Jeudi 21 septembre à 18 h 30 l'équipe de la librairie accueille dans ses murs (1, rue de Zurich – 67000 Strasbourg) Jérémy Fel qui présentera son dernier roman paru chez Rivages, Malgré toute ma rage.
Vendredi 22 septembre à 18 heures, la même équipe vous convie à une rencontre avec Caryl Férey. À l'honneur : son roman Okavango paru chez Gallimard dans la mythique "Série noire". Rencontre extra muros puisqu'il faudra se rendre à l'Aubette (un vaste édifice construit entre 1765 et 1778, d'abord à vocation militaire, classé aux monuments historiques en 1929 et aujourd'hui l'un des musées de Strasbourg sous le nom d'Aubette 1928... bref : l'Aubette se situe place Kléber).
Dimanche 24 septembre à 14 heures, toujours sous la houlette des libraires de La Tache noire, et à l'Aubette, il sera question de Georges Simenon et de l'adaptation graphique de son œuvre à l'occasion du 120e anniversaire de sa naissance, en compagnie de John Simenon, José-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental et Christian Cailleaux. Le premier roman à avoir ainsi été adapté dans la collection est Le Passager du Polarlys, un huis-clos maritime.
Toutes ces rencontres sont gratuites, en accès libre et sans réservation préalable, dans la limite des places disponibles.
Liens : Okavango |Malgré toute ma rage |Caryl Férey |Georges Simenon |José-Louis Bocquet
Traversée en eaux cruelles
Adaptation assez fidèle et linéaire du roman Le Passager du Polarlys (1932) de Georges Simenon, la bande dessinée de José-Louis Boquet (scénario) et Christian Cailleaux (dessin) est surtout un petit bijou de noirceur tout en couleurs. Extrêmement graphique, avec un rendu pastel qui sied à la mélancolie du voyage, l'histoire nous embarque à bord d'un navire qui fait la liaison entre le port de Hambourg et la Norvège, ravitaillant les ports côtiers et récupérant certaines cargaisons. Adaptation assez fidèle car l'un des points forts et ingénieux de la bande dessinée est d'apporter une certaine linéarité et d'expliciter la mort de la jeune Marie Baron, vendeuse dans un magasin de Clichy, d'une overdose en introduction. Là où Georges Simenon est moins prolixe avec des inspecteurs de la Sûreté qui tirent des conclusions, les deux auteurs nous font découvrir ce qui est arrivé un triste soir de 1930 dans le quartier de Montparnasse et qui a conduit à la mort accidentelle de la jeune femme. Puis on embarque quelques semaines plus tard à Hambourg, à bord du Polarlys, avec un commandant qui se demande dès le début si le navire n'a pas le mauvais œil, et qui cherche une série d'avaries qu'il ne tarde pas à débusquer. Surtout, il accueille à son bord un troisième officier fraichement sorti de son école, Vriens. Viennent ensuite des passagers, Ericksen, Evjen, Schuttringen et Katia Storm. Et puis Krull, un nouveau soutier, le précédent souffrant de malaria. Pour un commandant bougon, austère mais professionnel, c'est beaucoup à la foi(s). Aussi quand, après le départ, un des passagers manque à l'appel, qu'un officier de police arrive en navette et réclame l'anonymat tout en niant enquêter, la situation devient pénible. D'autant plus que le nouvel arrivant ne tarde pas à être retrouvé assassiné dans sa cabine, laissant plus tard la place à un autre policier. Alors que les éléments se déchainent, que la tension augmente, que les passions s'exacerbent et que des vols d'argent se multiplient, l'énigme devient à la fois plus trouble et plus évidente. À la fois ouvrage de mœurs, d'énigme, maritime et d'émancipation, Le Passager du Polarlys joue sur une ambiance calfeutrée en huis-clos dans des paysages majestueux qui oscillent entre mer déchainée et fjords gris-blanc pour tisser une toile intrigante. On s'aperçoit rapidement que le roman de Simenon est cruellement visuel. José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux réussissent à donner corps à cet univers magistral où le soin du détail est primordial, alternant les pages sombres, blanches et colorées, n'hésitant pas à nous offrir quelques panoramiques majestueux pour nous embarquer dans une traversée à la fois ordinaire et extraordinaire où la mer change les destins des hommes. Surtout, ils nous font la brillante démonstration qu'ils ont bien digéré l'un des premiers romans durs du Maître belge. Une bien belle manière d'inaugurer une nouvelle collection de l'adaptation d'œuvres de Simenon chez Dargaud.
Illustration intérieure
Citation
Il n'y a rien d'inouï ! Ou plutôt ça l'est pour des gens comme vous, avec une femme, des gosses, sans vice apparent... Donnez-moi quelques mois de votre vie et je vous fais lécher la soute pour une pincée de drogue...