Mourir en mai

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Roman - Thriller

Mourir en mai

Politique - Attentat - Uchronie MAJ mercredi 28 juin 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Stéphane Keller
Paris : Le Toucan, avril 2023
21 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-1162-9
Coll. "Toucan noir"

La solution du pire ?

Mai 1945, sur le front européen, la guerre s'achève. Et tandis que les derniers combats sporadiques se déplacent en Allemagne, à Paris, De Gaulle prépare déjà son gouvernement provisoire en s'alliant si nécessaire avec les résistants d'obédience communiste. Mais à Washington, cette idée déplaît fortement, et l'un des derniers ordres que donnera Roosevelt à l'un de ses hommes de l'ombre est simple : éliminer De Gaulle à tout prix, puis faire de la France un protectorat sous contrôle américain, quitte pour cela à aller chercher des assassins tout juste dépouillés de leur uniforme de SS.

Scénariste pour la télévision, Stéphane Keller aime l'Histoire, et en particulier, l'histoire trouble des années 1940-1950 qu'il met en scène dans ses romans policiers historiques, avec toujours un œil sur les événements liés aux attentats politiques. Cependant, avec Mourir en mai, qui s'articule autour d'un projet d'assassinat du général de Gaulle, c'est-à-dire quinze ans avant les diverses tentatives menées par l'OAS pour l'éliminer. Partant de faits réels et documentés, bien que largement passés sous silence dans les manuels scolaires, tels que la rivalité avec Roosevelt (qui le considérait comme un apprenti dictateur), les arrangements comme une partie de billard à double bande, avec d'un côté les communistes, de l'autre d'anciens collaborationnistes, le projet avorté des États-Unis d'occuper la France comme ils l'ont fait pour le Japon et l'Allemagne en prenant les rênes du pays, Stéphane Keller dresse un tableau particulièrement réaliste d'une époque complexe, utilisant pour cela certains des vrais protagonistes de cette période, jusqu'à ce moment où... il choisit de faire basculer le roman dans l'uchronie par une péripétie que l'on n'évoquera pas pour ne pas gâcher la lecture. À partir de cet instant, Mourir en mai prend une tout autre dimension, et interroge avec intelligence et jusqu'au bout de la logique ce passé qui n'a pas eu lieu. Si l'exercice, trompeur car il n'est nulle part fait mention de ce glissement qui pourrait rebuter les purs amateurs de polars historiques, est des plus inventifs et finement mené, on pourrait déplorer que Stéphane Keller ne parvienne jamais vraiment à tirer parti de ses personnages qui apparaissent comme de simples marionnettes sans grande personnalité alors que certains, de l'ancien nobliau dévoyé passé par la Division Charlemagne avant de se mettre au service occulte des Américains ou cet agent double, sinon triple, informant aussi bien les gaullistes que les communistes, avaient les moyens de porter le roman bien plus haut s'ils avaient été mieux exploités. Il en résulte un texte un peu froid, souvent à la limite du documentaire, mais qui sait se révéler surprenant pour qui aimerait plonger dans cette France en devenir et imaginer ce qui aurait pu lui arriver si...

Citation

Qu'elle le veuille ou non, la France ne représente plus rien ! Elle n'a plus aucun crédit, plus aucun poids. La défaite de 40 l'a sortie de l'Histoire et à jamais. Elle n'a plus droit qu'au silence et ce jusqu'à la fin des temps.

Rédacteur: Jean-François Micard mercredi 28 juin 2023
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