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Grand format
Inédit
Tout public
510 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-6047-5
Coll. "Littérature francophone"
Actualités
- 19/09 Librairie: Bibliothèques noires à Strasbourg (67)
Septembre à Strasbourg, c'est le temps des Bibliothèques idéales – l'un des temps seulement car ces Bibliothèques idéales, créées par François Wolfermann et portées par l'association Relatio, une "association strasbourgeoise qui vise à organiser ou produire des événements artistiques ou culturels [...] structurés au sein d'un ou plusieurs festivals ou de grands rendez-vous, et articulés autour de l'actualité littéraire, musicale, théâtrale, cinématographique ou toutes autres disciplines artistiques". Parmi ces événements, donc, les Bibliothèques idéales, elles-mêmes bisannuelles: en janvier, et en septembre. Deux rendez-vous pluridisciplinaires, proposant "des rencontres croisées où le texte répond à la musique, au dessin, à la danse et à la performance" – bien au-delà, on le voit, d'un classique salon du livre.
En 2023, les Bibliothèques idéales d'automne ont lieu du 19 au 24 septembre. La Tache noire fait partie des librairies partenaires de l'événement et, à ce titre, propose trois rencontres noires:
Jeudi 21 septembre à 18 h 30 l'équipe de la librairie accueille dans ses murs (1, rue de Zurich – 67000 Strasbourg) Jérémy Fel qui présentera son dernier roman paru chez Rivages, Malgré toute ma rage.
Vendredi 22 septembre à 18 heures, la même équipe vous convie à une rencontre avec Caryl Férey. À l'honneur : son roman Okavango paru chez Gallimard dans la mythique "Série noire". Rencontre extra muros puisqu'il faudra se rendre à l'Aubette (un vaste édifice construit entre 1765 et 1778, d'abord à vocation militaire, classé aux monuments historiques en 1929 et aujourd'hui l'un des musées de Strasbourg sous le nom d'Aubette 1928... bref : l'Aubette se situe place Kléber).
Dimanche 24 septembre à 14 heures, toujours sous la houlette des libraires de La Tache noire, et à l'Aubette, il sera question de Georges Simenon et de l'adaptation graphique de son œuvre à l'occasion du 120e anniversaire de sa naissance, en compagnie de John Simenon, José-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental et Christian Cailleaux. Le premier roman à avoir ainsi été adapté dans la collection est Le Passager du Polarlys, un huis-clos maritime.
Toutes ces rencontres sont gratuites, en accès libre et sans réservation préalable, dans la limite des places disponibles.
Liens : Okavango |Le Passager du Polarlys |Caryl Férey |Georges Simenon |José-Louis Bocquet
Humain, trop humain
Juliette, Manon, Chloé et Thaïs sont toutes quatre des amies d'enfance, certaines ont même des liens de parenté. Elles vivent dans les milieux parisiens huppés, parfois liées au monde de l'édition. Mais elles veulent fêter leurs premières vacances de filles sans parents et elles obtiennent l'autorisation d'aller en Afrique du Sud, dans une maison louée par une Hollandaise raciste et fière de son passé. De loin en loin, un certain Albert, banquier français expatrié sur place, leur servira de mentor. À peine arrivées, les filles décident de se balader. C'est alors que Manon prend en photo des gens, dont une vieille dame noire qui lui crie dessus. Les filles partent mais quelques heures plus tard elles sont rattrapées par deux noirs qui tentent de les violer. Si elles parviennent à s'enfuir, les deux hommes se sauvent avec leur voiture et leurs papiers. Elles joignent alors Albert qui les rapatrie en ville. Mais c'est aussi le glas du périple car leurs familles respectives, inquiètes, programment leur rapatriement. La nuit suivante, la dernière de leurs vacances, Manon est enlevée dans sa chambre. On retrouvera son corps violé et brûlé dans une maison en ruines. Différentes pistes sont possibles : les voleurs qui avaient leur adresse, des gangs liés au chauffeur de taxi qui les avait amenés dans leur maison, Albert qui a été inculpé de pédophilie mais s'en est sorti grâce à son argent et ses relations. De son côté, le policier noir chargé de l'enquête est en train de vivre un divorce éprouvant et il n'est pas d'une humeur très facile...
Après trois romans qui oscillaient entre les différents genres de l'imaginaire, variant du polar au fantastique en passant par la S.-F. et le gore, Jérémy Fel nous propose une intrigue que l'on pourrait à tort plus assagie. La construction romanesque reste la même : différents personnages, dont le nom en tête de chapitre indique qui va parler, racontent une histoire qui se suit, sinue, revient parfois en arrière, mais présente à chaque fois un éclairage nouveau sur les éléments racontés et sur l'intrigue. Mais là où l'auteur invoquait des puissances ténébreuses, des monstres hantant le monde et s'incarnant dans les personnages, nous avons ici affaire à un Mal encore plus insidieux, car profondément humain. Vivant dans leurs propres certitudes, la plupart des personnages poursuivent leurs propres buts, au détriment des autres, n'hésitant pas à en abuser, à les faire plier à leurs volontés, usant de leur pouvoir sexuel, financier, politique ou policier pour aboutir à la fin qu'ils souhaitent. La construction intelligente, qui fait penser aux meilleurs moments d'un David Lynch (entre autres, une scène où les jeunes filles se croient sauvées et l'une d'elles découvre que le vieux monsieur qui les a aidées cache dans sa remise un très lourd secret), est toujours menée de main de maître. L'épure de l'intrigue (en se concentrant sur le noir des hommes, sans mettre en scène des monstres lovecraftiens ou des nazis, mais autour du monde de l'édition, de l'élite parisienne de la culture) conserve toute sa force venimeuse, pour un écrivain qui a créé un univers impressionnant et une œuvre singulière en quelques années.
Citation
Quand j'étais gamine, ce vide me fascinait et m'horrifiait à la fois. Je me demandais dans quel état finirait mon corps si je chutais, je m'amusais à y jeter des figurines ou des poupées et à compter le temps qu'il leur fallait pour s'écraser en bas. Une fois, j'ai même failli assommer la femme de ménage.