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Inédit
Tout public
Traduit du polonais par Kamil Barbarski
Paris : Métailié, octobre 2024
392 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-226-1404-7
Coll. "Noir"
Science sans conscience
Avec Saturation totale, l'auteur polonais Jakub Szamalek conclut sa "Trilogie du Dark Net" dans laquelle nous retrouvons, entre autres, Julita, une journaliste qui a bataillé dans les volumes précédents contre des utilisateurs criminels du Dark Net. Ici, la menace est encore plus grande car les "méchants" utilisent pour les seconder la puissance de l'intelligence artificielle. Nous allons suivre en parallèle une enquête complexe que mène un informaticien qui vient de découvrir un virus informatique. Il l'a isolé et tente maintenant de percer ses mystères, mais ce virus semble être doté de systèmes qui le protègent de toute intrusion. Et surtout ce scientifique se demande pourquoi il a été écrit en polonais. Y a-t-il un rapport avec une grande entreprise polonaise chargée de s'occuper de déchets et qui vient d'être à l'origine d'une catastrophe de pollution industrielle ? Difficile de savoir car l'entreprise en question est aussi gérée par des membres de partis politiques qui en tirent financement pour leurs campagnes (et peut-être leurs comptes personnels) et qui ne veulent pas trop que l'on comprenne ce qui se passe. Et puis, il y a un ancien chercheur soviétique, un des précurseurs de l'intelligence artificielle, et qui pour continuer ses recherches est prêt à tout, y compris à développer des activités illégales. Son travail porte principalement sur la façon de contrôler les discours des populations et de créer ainsi des fake news virales et efficaces.
Ce troisième volet conclut la trilogie en oubliant un peu personnages et intrigues au profit d'une description aiguë des risques que peut faire courir l'intelligence artificielle. Vue à travers le regard des personnages, l'histoire développe surtout le côté pessimiste des choses : peut-on lutter contre un monstre caché qui nous dévore de l'intérieur, capable de beaucoup et alimenté par des humains malveillants ? De ce point de vue, le roman est glaçant même si, par moments, on perd un peu le fil narratif. Il n'en reste pas moins un texte qui annonce les dégâts à venir ou ceux, encore plus terribles que l'on pourrait imaginer. Les premier et deuxième volumes nous avait habitué à cette montée en puissance de l'alliance du crime et de l'informatique. Comme toute science, elle n'est que le reflet de notre conscience et Saturation totale montre froidement les dangers potentiels de ce futur proche.
Citation
Mais les informaticiens étaient également habitués à itérer. Le produit de leur travail n'était jamais terminé, il y avait toujours quelque chose à faire, à mettre à jour ou à corriger, et, en réparant une erreur, on en créait souvent une autre, plus grave parfois.