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Hard-Boiled Dicks n°
Fanzine
Prix: €
p. : x cm
ISSN
Ce qu'il faut savoir sur la revue
Au tout début des années 1980, passionné de littérature noire américaine, Roger Martin décide de créer un fanzine dont chaque livraison se verra consacrée à un seul auteur.
Le plus facile est de choisir un titre. Ce sera "Hard-Boiled Dicks", les durs-à-cuire, en hommage à l'école "Hard-boiled" qui s'était épanouie au sein de la revue "Black Mask" aux États-Unis, autour d'auteurs comme Dashiell Hammett, Raoul Whitfield, Caroll John Daly, Jonathan Latimer et beaucoup d'autres.
Bien sûr, Roger Martin ne sait pas qu'aux États-Unis, Dick a depuis un certain temps cessé de désigner un type, un gars, pour évoquer un sexe masculin !
Peu importe !
Commencent alors les premiers envois de courriers outre-Atlantique. Internet n'existe pas encore. Les réponses tardent à venir, les adresses fournies par la "Série noire" et les agents français des auteurs contactés sont parfois caduques. Beaucoup d'écrivains ne répondent pas. Qui est ce Français qui les bombarde de questions et prétend leur faire gaspiller un temps précieux ?
Heureusement, il est un auteur qui va répondre et, coup de chance, il vit en France, à Cap d'Ail, au-dessus de Nice.
Courant 1980, Roger Martin rencontre pour la première fois Marvin H. Albert, alias Al Conroy, Nick Quarry, Anthony Rome (et aussi, mais personne ne le sait encore, Ian Mac Alister, James Falcon, Mike Barone, John D. Christilian...). Plus de quatre-vingts romans, des scénarios à Hollywood, westerns et films noirs, Marvin Albert est un gentleman. D'autres rencontres suivront. Roger Martin transcrit les interviews, soumet la traduction à l'auteur des propos, vérifie, complète et à Noël 1981 sort le premier numéro de la revue.
Une cinquantaine de pages, avec bio, biblio, filmo, interview, commentaires, qui ont été tapées, puis photocomposées, puis tirées de nuit au siège de la Fédération du Parti communiste de Meurthe-et-Moselle, à Longwy. Gilbert Boni, sidérurgiste et responsable du S.O. du PC, est aux commandes. Il tape, filme, découpe les films plastiques, colle, tire. Roger Martin joue les manœuvres. Ensuite, et ce sera encore le cas pour les six premiers numéros, il faut plier les feuilles et les encarter en famille. Dans le bureau de Roger Martin, Édith, sa femme, Marc et Carole, ses enfants, passent des heures à cette tâche.
Il faut à présent trouver des acheteurs, des abonnés. Localement, Roger Martin parvient à écouler une centaine de numéros à un public "captif" : collègues de travail, militants politiques et syndicaux. Nationalement, il entre en contact avec une douzaine de librairies spécialisées dans le polar, comme le 3e Œil de Stéphane Bourgoin. En moins de deux ans, "Hard-Boiled Dicks" comptera deux cents abonnés et une centaine de lecteurs occasionnels.
Entre-temps, il a adressé le N°1 à divers écrivains et reçu des réponses favorables de Michael Collins, William Campbell Gault, William Peter Mc Givern et Joseph Hansen.
Pendant huit ans, la revue s'étoffera, s'améliorera, grâce à l'aide technique de la mairie d'Homécourt et du personnel de l'imprimerie municipale et à la collaboration amicale de passionnés comme Claude Mesplède, Jean-Jacques Schléret, Jean-Paul Schweighaueser, Robert Deleuse. En 2004, elle a reçu le Prix Maurice Renault au Festival de Reims.
Mais il s'agit d'un travail de romain ou de bénédictin, et Roger Martin n'est ni l'un ni l'autre et il finit par jeter l'éponge après avoir publié vingt-deux numéros dont plusieurs consacrés à des auteurs non anglo-saxons : Scerbanenco, Montalban et Paul Berna/Paul Gerrard.
Outre la mine d'informations qu'elle permit d'offrir aux mordus du genre, la revue attira l'attention en France sur Joseph Hansen et Elmore Leonard à une époque où ils étaient considérés comme des auteurs parmi d'autres et fut souvent pillée, phénomène qui est allé s'amplifiant depuis la création d'Internet.
Grâce aux efforts de Bernard Strainchamps, elle fut numérisée et tous ses numéros devinrent disponibles sur le site extraordinaire qu'il avait créé, "Mauvais Genres", avant d'être repris sur Bibliosurf, puis sur le site de Roger Martin lui-même.
"Hard Boiled Dicks", dont on peut toujours se procurer certains numéros auprès de son créateur, a durablement marqué Roger Martin, mais aussi ses abonnés. Près de trente ans après sa naissance, elle reste un outil de référence indispensable.