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vendredi 19 avril

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L’estru corsu du polar corse (I)

MAJ vendredi 19 avril

L’estru corsu du polar corse (I)

11 mai 2009 - La Corse publie. Beaucoup. La Corse invente. Beaucoup. Sans doute son insularité (géographique et culturelle) y est-elle pour quelque chose dans ce regain d’invention et d’expression qui la marque aujourd’hui. Son "insularité", ou plutôt, la prise de conscience de sa place dans le monde. Le "monde", oui : les cinq continents. La conscience que le sentiment d’appartenir à une entité historique, culturelle, que l’on vit ailleurs comme menacée, ne l’est pas en réalité. Même si, en Corse même, ce sentiment-là semble parfois vaciller et se charger de connotations négatives, sinon d’une désespérance agacée pour cette "corsitude" qui désenchante parfois les Corses eux-mêmes. Changeons de vocabulaire donc, abandonnons le mot de "corsitude", habituellement employé pour en témoigner, substantif trop chargé des représentations stéréotypées que le vieux continent a forgé d’une île imaginaire vouée à un sot exotisme, et parlons plutôt du fait d’être corse qui, dans un monde globalisé, est une chance. Explorons ce sentiment, semblent proclamer les éditeurs corses, dont l’ambition s’affiche à hauteur d’un investissement proprement militant pour que cette culture rayonne enfin, comme s’ils étaient persuadés que l’ancestrale culture corse représentait non seulement le salut pour la nation corse, mais un vrai laboratoire des mondes à venir (même "noir", voir l’excellent Nimu de Jean-Pierre Santini).

Car voici que confluent de sérieux héritages pour former les conditions d’un (re)surgissement exemplaire du fait corse. À moins qu’il ne s’agisse du surgissement de sa littérature, mais d’une littérature cette fois ouvrant le fait corse à des horizons qu’il ne se soupçonnait pas.

Au point de confluence, l’héritage culturel de la diaspora corse, la culture orale corse et la volonté d’être Corse par-delà les dérives identitaires et les reniements de toutes sortes, leur tentation du moins, dans un monde culturellement aliéné à la globalisation libérale-américaine.

L’héritage de la diaspora corse tout d’abord. On l’a dit de bien d’autres nations : c’est une chance de posséder une forte immigration à l’étranger, formant les têtes de pont d’une culture vivante, exposée au défi d’exister envers et contre l’exil. Une diaspora donc, non seulement ambassadrice du fait corse, mais et peut-être surtout, affrontée aux autres cultures, sachant mieux mesurer les défis du monde, tel qu’il les réorganise.

Au point de convergence, toujours, la volonté d’être corse : un corps, plutôt qu’un corpus à ressasser. Et donc la nécessité de rompre avec une représentation véhiculée par le vieux continent d’une terre mystifiée — et par mystification, entendons toutes les dérives intra et extra muros que la Corse a connues, subies, ou s’est imposée. Car le mythe impose une rhétorique et une langue dont il faut s’emparer. C’est bien ce que les éditeurs corses ont compris, qui convoquent désormais la littérature mondiale autour du texte corse. Faisant ainsi entrer de plain pied dans la langue corse une géographie expansive qui l’irrigue et l’ouvre au genre du siècle, celui des littératures policières.
L’estru corsu du Polar corse : Chjam’è rispondi (II)
Liens : Jean-Pierre Santini | Jean-Paul Ceccaldi | Nimu | La Nuit s'achève | Tamo ! Samo ! | | 15 2009 Par Joël Jégouzo

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