Dépêche | Tardi épingle la Légion d'honneur

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MAJ jeudi 28 mars

Tardi épingle la Légion d'honneur
09/01/2013

Tardi épingle la Légion d'honneur
Alors que vient de paraitre en novembre aux éditions Casterman Moi René Tardi, prisonnier de guerre, Stalag II B, une adaptation des carnets dans lesquels son père a consigné des souvenirs de sa jeunesse, de la Seconde Guerre mondiale et de sa captivité en Allemagne, l'auteur de bande dessinée, bien connu des k-libristes pour les "Aventures d'Adèle Blanc-Sec" et ses adaptations de romans de Jean-Patrick Manchette et de Léo Malet (pour son détective de chic et de choc Nestor Burma), a refusé la Légion d'honneur qui lui avait été attribuée le 1 janvier par décret et apparue au Journal officiel dans une liste de 681 personnes.
Jacques Tardi y était fait chevalier en compagnie de Bruno Podalydès et Jean-Pierre Léaud. Ce refus n'est ni une première, ni une surprise. Les précédents se nomment Louis Aragon, Albert Camus, Claude Monet, Hector Berlioz, Jean-Paul Sartre (qui en habitué des refus en fit de même avec le Nobel de littérature) et Simone de Beauvoir. Quant à Jacques Tardi, son travail de réhabilitation des fusillés pour l'exemple durant la Première Guerre mondiale plaide en ce sens. La Légion d'honneur et son combat semblant bien entendu inconciliables.
L'auteur d'ailleurs tout surpris d'une telle promotion n'a pas manqué de rappeler : "Je n'ai cessé de brocarder les institutions. Le jour où l'on reconnaîtra les prisonniers de guerre, les fusillés pour l'exemple, ce sera peut-être autre chose." Et de rajouter : "Étant farouchement attaché à ma liberté de pensée et de création, je ne veux rien recevoir, ni du pouvoir actuel, ni d'aucun autre pouvoir politique quel qu'il soit. C'est donc avec la plus grande fermeté que je refuse cette médaille."
Qu'il se rassure, Le Monde, dans son édition du 2 janvier, rappelle qu'il faut se faire décorer pour obtenir une décoration proposée par les ministres à la grande chancellerie de la Légion d'honneur, puis instruite par le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur et enfin soumise au président de la République. L'absence de celui qui a adapté brillamment Le Cri du peuple, l'adaptation de la fresque romanesque de Jean Vautrin sur la Commune, tout un programme qui aurait dû alerter l'indélicat outrecuidant dans sa proposition, suffira amplement à écarter ce péril épinglant.


Liens : Jacques Tardi | Léo Malet | Jean-Patrick Manchette

Par Julien Védrenne

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