Mama Black Widow

– Tu sais ce que ça veut dire quand une amitié commence à faire un tchaqueti tchac qui devient un claqueti clank ? – Oui. Ça veut dire que t'as merdé.
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Noir

Mama Black Widow

Social - Urbain MAJ mardi 07 décembre 2010

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Public averti

Prix: 7 €

Iceberg Slim
Mama Black Widow - 1969
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gérard Henri
Paris : Points, novembre 2010
346 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-2020-9
Coll. "Roman noir", 2514

Actualités

  • 07/01 Édition: Parutions de la semaine - 7 janvier
    Cest La Dernière nuit blanche, d'Alessandro Perissinotto, qui est sans conteste la parution d'une semaine où si les grands formats foisonnent, ils nous paraissent étranges. Ainsi qui est Camille Andrea aux nom inversement homonymique de l'écrivain italien Andrea Camilleri ? Et que sont ces Disparus de Saint-Amand ? Sont-ils moins Agyl que ceux de Pierre Véry ? Dominique Labarrière nous propose trois de ses romans chez Muses de France, une maison d'édition qu'il semble bien avoir créée juste pour lui puisque nous avons là la moitié des parutions de Muses de France d'un coup, d'un seul, et le catalogue n'a qu'un seul nom. Les éditions du Batsberg pointent également le bout de leur nez avec quatre polars régionaux (mais d'auteurs différents, loin du petit Nantais précédemment cité). Enfin, pour celles et ceux qui préfèrent lire en poche, comme toujours on retrouve des classiques du genre (Maurice Leblanc ; le Georges Simenon de la semaine), des auteurs à suivre ou à découvrir (Joseph Bialot ; Iceberg Slim) et comme d'habitude il y a le lot personnel de surprises ! À vous de voir :

    Grand format :
    Robin le Crétois : l'alpiniste des vagues, de Camille Andrea (Bastingage)
    Les Disparus de Saint-Amand, de Anne Basc (Le Batsberg, "Les Polars régionaux")
    Le Mystère de la sacristie, de Roger Blandignères (TDO)
    Mort aux œnarques !, de Jean-François Gautier (Presses du Midi)
    La Vallée du temps, de Lucienne Girardier-Serex (Mon village, "Policiers")
    Broadway-La Baule sans retour, de Dominique Labarrière (Muses de France, "Muse noire")
    Le Plus grand crime de Nantes, de Dominique Labarrière (Muses de France, "Muse noire")
    Trois folies nantaises, de Dominique Labarrière (Muses de France, "Muse noire")
    Une enquête explosive, de Michel Llory (TDO)
    Couvre-feu, de Andy McNab (Nimrod)
    Pétrouchka, de Albert Paraz (L'Âge d'homme, "Revizor")
    La Petite camarde alsacienne, de Louis Perin (Le Batsberg, "Les Polars régionaux")
    La Dernière nuit blanche, d'Alessandro Perissinotto (Gallimard, "Série noire")
    G20 ans... OTAN mourir, de Jean-Pierre Schackis (Le Batsberg, "Les Polars régionaux")
    La Poupée des ténèbres, de Claude Schmitt (Le Batsberg, "Les Polars régionaux")

    Poche :
    La Nuit du souvenir, de Joseph Bialot (Folio, "Policier")
    Sourire en coin, de Nicci French (Pocket, "Thriller")
    Six heures plus tard, de Donald Harstad (Points, "Policiers")
    Le Bouchon de cristal, de Maurice Leblanc (LGF, "Policier")
    À couper au couteau, de Kris Nelscott (Points, "Roman noir")
    Le Monde est un bousillage, de José Noce (Krakoen, "Forcément noir")
    Elle est morte blonde, de PHD (Nycta, "Petite nuit")
    Voyage fatal, de Kathy Reichs (Pocket, "Thriller")
    Les Reines du crime  une anthologie, sous la direction d'Elizabeth George (Pocket, "Noir")
    L'Outlaw, de Georges Simenon (Folio, "Policier")
    Mama black widow, de Iceberg Slim (Points, "Noir")

    Liens : L'Outlaw |Nicci French |Maurice Leblanc |Georges Simenon |Iceberg Slim |Elizabeth George |Alessandro Perissinotto

Mauvaise pioche

Pas facile d'être noir, homosexuel et de vivre dans le Chicago des années 1960. C'est le cas d'Otis Tilson, alias Pois de Senteur, qui se résout à quitter la femme qui partage sa vie. Enfin, une des deux femmes, puisque sa mère joue un rôle central depuis qu'ils ont quitté le Sud pour un Eldorado qui vola rapidement en éclats : Chicago, ses macs, ses putes, ses dealers, ses assassins. Chouette programme pour un enfant de six ans qui découvre ce que l'Amérique peut faire de pire, ce que la pauvreté et la discrimination peuvent offrir de plus terrible. C'est d'ailleurs vers son enfance que Pois de Senteur se retourne au moment où sa vie bascule pour la énième fois. Il se souvient de son père qui n'accepta jamais d'être inutile, de ses sœurs attirées par l'argent facile ou par l'amour, de son frère qui s'acoquina avec un gros dur et de ces ombres de passage, prêtes à tout pour prendre par la force, par le fric ou par l'abandon. Le Sud et la récolte du coton reviendraient presque comme de doux souvenirs, celui d'une époque où Otis avait un père qui tenait encore debout, celui où la peur ne l'occupait pas jours et nuits.

C'est avec ce livre qu'Iceberg Slim clôt sa trilogie, après Pimp et Trick Baby. Il fallait s'attendre à du noir et on a du très noir, une nouvelle fois. L'envers du ghetto, ce que l'on ne s'attend pas à trouver, les minorités parmi les minorités, les exclus des exclus, ceux qui sont en dehors, au point que leur existence même peut être niée. C'est à cette frange des sous populations qu'Iceberg Slim redonne vie dans ce livre. Il procède en deux temps, celui passé de l'enfance de son "héros" et celui présent, brisé, de l'enfant devenu adulte qui survit sans parvenir à assumer ses vices, ses pulsions, qui tente d'oublier les assassinats de ses proches en s'habillant en femme, qui essaie d'oublier qu'il ne se sentira jamais un homme dans un monde inhumain. Pour cela, il ne fait pas semblant (comment faire semblant ?) et use d'un vocabulaire âpre, dur, qui ne renâcle pas à racler là où ça fait mal, sans parvenir à bout des restes de tendresse qui subsistent chez Otis.

Citation

Je n'arrivais pas à me débarrasser de l'idée qu'il n'était pas né flic, qu'il avait peut-être été un jour un être humain.

Rédacteur: Gilles Marchand samedi 11 décembre 2010
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