Histoire de la crim' : 100 ans de crimes, d'enquêtes et d'aveux

Du sang. Des cris. Des gens qui courent partout. D'autres qui filment avec leur téléphone portable. Gros plan sur un corps allongé sur le dos, criblé de balles, en direct sur les réseaux sociaux. Tout pour le clic et le buzz, aucune compassion pour ce vendeur ambulant assassiné, ses marchandises (des paréos et des chapeaux) répandus à côté de lui.
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Beau livre - Policier

Histoire de la crim' : 100 ans de crimes, d'enquêtes et d'aveux

Faits divers MAJ vendredi 25 novembre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 35 €

Matthieu Frachon
Paris : Jean-Claude Gawsewitch, novembre 2011
304 p. ; illustrations en couleur ; 26 x 19 cm
ISBN 978-2-35013-291-4

De l'apache au serial killer

Pour les cent ans de la Brigade Spéciale dite "la Crim", le journaliste Matthieu Frachon compile un historique passionnant pour les non-initiés à grand renfort de documents inédits dont la majorité sont issus de la Préfecture de Police. Imprimé sur papier très épais dans une typographie aérée où, bien sûr, le caractère "courrier" des inévitables machines à écrire est omniprésent, ce faux gros pavé se lit à toute vitesse grâce à son écriture enlevée et son système de fiches de couleur qui rompt le récit en mettant en évidence soit un personnage clé (le Préfet Lépine), soit un crime (Les J3), soit une technique de recherche (l'ADN), soit un fait interne (la guerre des polices). Les photos, reproductions de journaux, de notes, de graphismes jouent sur des formats différents et des fonds de couleurs. Réussite qui prouve que l'on peut faire une bonne utilisation des documents sans passer forcément par les fac-similés sous pochette. Cette dynamique d'écriture, que l'on trouvait avant dans la collection de chez De Vecchi "Les Grands procès" est due au statut de journaliste de Matthieu Frachon qui ne renie pas son amour pour le genre policier en livres et en films TV. Son récit alerte transforme la stricte documentation. Il inclut des réflexions voire de courts dialogues (comme dans le cas de Guy Georges) qui sont peut-être de la fiction mais restent toujours dans les rails d'un bon historique populaire. Malgré la chronologie du livre qui aide à la démarche, il manque un index et une table des matières détaillée qui permettraient à l'amateur de retrouver un fait particulier.

Le début de l'aventure se situe en 1912, avec les "coups d'éclat" de la Bande à Bonnot, premiers bandits motorisés qui ridiculisent la "police de papa". L'une des grandes victimes sera le révolvérisé Commissaire Jouin venu arrêter Bonnot sans aucune arme, et le Préfet Lépine remercié après dix-huit ans de bons et loyaux services. Outre des portraits de "l'Apache" (le mauvais garçon de l'époque au look soigneusement étudié), de Bertillon, du fameux légiste Dr Paul et aussi du Commissaire Guillaume qui servit de modèle à Maigret, Matthieu Frachon s'accorde une visite guidée dans les locaux du 36 Quai des Orfèvres (faute de place, le service émigrera prochainement, signant la fin d'une époque) et un long paragraphe sur Georges Simenon et son Commissaire Maigret. Il aborde ensuite la riche période de la Pègre puis celle des Gestapo françaises où les mêmes hommes comme Henri Chamberlin dit Henri Lafont y jouèrent les rôles principaux. "La Gestapo française se croit tout permis. Cette alliance incroyable de l'organisation policière et du monde du crime fait mal, détruit le réseau de résistance de Geneviève De Gaulle, nièce du Général et envoie la jeune femme mourir en camp de concentration". Grossière erreur de l'auteur car Geneviève De Gaulle née 1920, si elle fut effectivement déportée en 1944, revint de Ravensbrück et créa par la suite ATD Quart Monde avant de mourir de sa belle mort en 2002. La Résistance, l'Épuration et l'Après-Guerre trouvent en Marcel Petiot et en Pierre Loutrel dit Pierrot le Fou, de sinistres fils conducteurs. Nombreux sont les commissaires qui ne sortirent pas indemnes de l'épuration, soit pour collaboration évidente, soit par manœuvres jalouses de collègues briguant leur place. Des fiches sur fond rouge rappellent aussi le mystérieux meurtre de l'éditeur Denoël et la mise en prison de Grasset. Les chapitres des années 1950 à 1970 donnent des noms moins connus au chapitre des faits divers, comme ceux des J3 (référence à la catégorie des Jeunes n°3 des cartes d'alimentation) Petit et Pancoli qui assassinent un autre garçon mythomane de dix-sept ans ou celui de la veuve Marie-Louise Bouquiaux qui avoue le dépeçage de son mari presque dix ans après les faits, manquant de peu leur amnistie. Le nécrophile Charles Clément dit Crippa appelé "le tueur aux baignoires" est aussi évoqué ainsi que la guerre entre les gangs corses qui se partagent alors Paris. Autre affaire moins connue largement évoquée, celle de Jean-Claude Vivier, vingt ans (il n'y a pas de mention mais il semble que ce soit lui en couverture du livre, sans ses fameuses lunettes et ses gants en pécari) décapité en 1958 pour l'assassinat d'un jeune couple de vingt ans dont il a volé la voiture avec l'aide d'un jeune complice. Suivent les affaires plus souvent traitées comme l'attentat contre De Gaulle, l'enlèvement du petit Peugeot, celle du baron Empain, "le braqueur gauchiste" Pierre Goldman (demi-frère de Jean-Jacques), l'Attentat de la rue Copernic, Action Directe, Thierry Paulin, le tueur de vieilles dames, et Issei Sagawa, le Japonais cannibale. Matthieu Frachon clôt son ouvrage sur le "serial killer" à la française (Chanal, Alègre, Rezala, Heaulme) qui dément cette affirmation de Jacques Vergès : "Le serial killer, puritain refoulé appartient à la civilisation américaine". Dans un dossier détaillé, l'auteur raconte comment Guy Georges, le tueur de l'est parisien est passé entre les mailles du filet pendant sept ans : deux équipes travaillant parallèlement sur le "tueur des parkings" et le "tueur des appartements". C'est la nouvelle patronne du 36, Martine Monteil, qui demandera de mettre les renseignements en commun.
Au final, un livre passionnant et agréable où l'on pioche dans une documentation intelligente de cent ans d'histoire criminelle.

Citation

Mais rien ne se passe. Roland Peugeot décide de payer et demande à la police de ne pas intervenir. Le commissaire Denis reçoit l'ordre formel de 'ne pas faire le con'.

Rédacteur: Michel Amelin jeudi 24 novembre 2011
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