Franco est mort jeudi

Rien de tel que la répétition des gestes pour se nettoyer le cerveau, le régénérer, puis le laisser doucement gambader. Alors des mots, des phrases, chansons ou poèmes, obsédants comme des mantras, finissent par rythmer chaque mouvement... Le blues est né comme ça... De l'uniforme et sempiternel épuisement des travailleurs de la terre.
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jeudi 18 avril

Contenu

Roman - Noir

Franco est mort jeudi

Historique - Drogue - Faits divers MAJ lundi 26 mars 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Maurice Gouiran
Paris : Jigal, septembre 2010
322 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-914704-72-4
Coll. "Polar"

Actualités

  • 13/09 Festival: Pour qui sonne le polar à la Fête de l'Huma
    À l'occasion de la Fête de l'Huma qui se déroule le week-end du 13 au 15 septembre, de nombreuses animations proposent des thèmes sociétaux et sociaux qui sont très k-librés. Assurément, celui qui l'est le plus est bien ce "Pour qui sonne le polar ?", très Hemingway dans son intitulé, qui se déroule le samedi 14 septembre à 16 heures. Cette rencontre-débat qui réunit des auteurs de romans policiers français qui font s'entrecroiser fiction et histoire se déroulera sur le stand de l'ACER (avenue Angela Davis - La Courneuve) avec Maurice Gouiran (Franco est mort jeudi (Jigal, "Polar"), Pierre Domenges (Poison Heart, Arcane 17), Patrick Pécherot (Belleville Barcelone, Gallimard, "Série noire") et Gérard Streiff (Le Cas G.B., Baleine, "Le Poulpe"), et sera animée par Patrick Amand (Gurs 10.39, Éditions du Caïman "Polar") avec en toile de fond la guerre d'Espagne et les Brigades internationales. Elle sera suivie à 18 heures de chansons de la guerre d'Espagne. Espérons que le beau temps sera au rendez-vous !

    Fête de l'Huma
    Liens : Patrick Amand |Gérard Streiff |Patrick Pécherot |Maurice Gouiran

  • 28/06 Prix littéraire: Hervé Le Corre recalé au Boccace
  • 01/06 Édition: Parutions de la semaine - 1er juin

Marseille-Madrid-Marseille

Maurice Gouiran brasse de nombreux sujets dans Franco est mort jeudi, de la guerre d'Espagne aux problèmes économiques qui minent la cité phocéenne en passant par les très nombreux errements sentimentaux de son héros récurrent, Clovis. C'est ainsi qu'il nous convie à une intrigue qui nous plonge dans les méandres madrilènes, les non-dits d'une guerre civile et de la dictature qui s'ensuivit, et la mélancolie franquiste.

Tout débute naturellement à Marseille, ville de passion, ce qui n'est guère un secret. La langue est là, avec un phrasé qui hésite cependant à trouver certaines délimitations car, dans ce roman, la narration ne fait pas vraiment la distinction avec les dialogues ou les pensées des personnages. Il y a Manu qui vit de petits boulots au noir, et qui ne sont pas vraiment légaux. Il y a Patrice, son fils, surtout qui s'est mis en tête d'être à son compte au détriment d'une petite frappe locale, qui s'est empressée de lui demander avec insistance trente mille euros. C'est le déclencheur des ennuis, tout juste pondéré par l'apparition d'une lettre d'une cousine espagnole et inconnue de la famille. Cette histoire s'appuie sur trois générations, même si elle n'habitent pas sous un même toit. Élisa, mère de Manu, aujourd'hui décédée, avait fui à la fin de la guerre d'Espagne son pays natal pour les bords de la Méditerranée. Mais elle avait opté pour le silence qui va être brisé avec cette lettre.

C'est justement dans le récit de cette guerre d'Espagne que Maurice Gouiran nous offre quelques fulgurances romanesques et épiques. Il y a des conflits de pensée, des dissensions et déchirements familiaux, des biens que les franquistes s'approprient, des enfants enlevés à leurs parents, des familles déracinées quand elles ne sont pas emprisonnées voire exterminées, des histoires russes de l'époque de Staline avec le camp de Karaganda (sans compter des histoires russes contemporaines avec la mafia qui s'insinue un peu partout, mais là, on s'écarte de la période historique). Il nous invite à découvrir les conséquences actuelles dans le pays du poète fusillé Federico Garcia Lorca avec des nostalgiques en masse du Caudillo (le terme même de Caudillo est absent du roman alors que son nom intégral comme pour montrer l'emphase et l'ironie de la situation l'est à plusieurs reprises : Francisco Paulino Hermenegildo Teódulo Franco y Bahamonde), mais aussi en France, à Marseille, évidemment, avec les descendants de la retirada, ces Républicains espagnols qui ont franchi en 1939 les Pyrénées pour s'installer sur les bords de la Méditerranée.

Les petites histoires marseillaises n'apparaissent alors que comme une excuse en filigrane pour envoyer Clovis en terre madrilène. Il faut accepter ses élans sensuels et ses élancements sexuels. Les diverses enquêtes semblent au regard de toute l'Histoire déroulée bien minimalistes avec une conclusion bienveillante, mais entretemps Maurice Gouiran nous aura donné envie de visiter Madrid, de lire des poèmes de ces hommes meurtris, d'aller voir Guernica, ce tableau-témoin de Picasso des massacres hitlériens dans le village basque... Bref : de voyager et de nous cultiver, ce qui est une des vocations des romans !

Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2011

Citation

Il ne termina pas sa phrase. Une des vertus du Glock est généralement de rendre muets les jacasseurs sur lesquels on les pointe.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 26 mars 2012
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