Retour à Whitechapel : la véritable histoire de Jack l'Éventreur

Inspirez, mais pas trop profondément. Suivez les profonds effluves des tanneurs, la puanteur de caramel pourri des brasseries qui plane à travers Seven Dials. Dépassez les parfums de naphtaline des tailleurs bon marché et tournez à gauche, en direction des odeurs de soie brûlée du chapelier fou. Juste au-delà, vous noterez le bouquet douteux de l'entrejambe d'une prostituée surmenée et la sueur très vertueuse d'une femme de ménage.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Thriller

Retour à Whitechapel : la véritable histoire de Jack l'Éventreur

Historique - Tueur en série MAJ lundi 04 février 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Michel Moatti
Préface de Stéphane Durand-Souffland
Bordeaux : Hervé Chopin, janvier 2013
300 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-35720-136-1

Actualités

  • 04/12 Édition: Parutions de la semaine - 4 décembre
  • 17/01 Édition: Parutions de la semaine - 17 janvier
  • 01/10 Prix littéraire: Sélection 2013 du prix Historia du roman policier
  • 25/01 Édition: Parutions de la semaine - 25 janvier
    Cette semaine sort l'un des coups de cœur de la rédaction : À qui se fier ? de Peter Spiegelman (Le Seuil, "Policiers"). Est-ce utile de vous dire que nous vous invitons à découvrir ce roman ? La semaine promet avec Orchid blue, de Eoin McNamee au Masque, La Disparition d'April Latimer, de Benjamin Black chez NIL dans la collection "Détectives" et Le Dernier roi de Brighton, de Peter Guttridge au Rouergue. Sans compter les quelques romans qui passeront à côté de notre mauvais filtre.
    Les rééditions, que ce soit en grand format ou en poche, mettent à l'honneur Maurice Leblanc, Georges Simenon, Dashiell Hammett, San-Antonio et Dorothy Belle Hugues pour les plus anciens, et Marcus Malte et Caryl Férey (assisté pour l'occasion de Sophie Couronne) pour les plus récents tandis que Dominique Sylvain a le droit à son roman en grands caractères.
    Les plus jeunes pourront jouer au détective façon Sherlock Holmes, avec la découverte d'un livre-jeu de bonne composition. Ceux qui adorent la bande dessinée pourront se réjouir de la parution en intégrale de Berceuse assassine, de Tome & Ralph Meyer (Dargaud), et de la sortie de Bouche du diable, signée Jerome Charyn & François Boucq...
    Pour le reste, faites votre choix !

    Fictions adulte grand format :
    Fleur de cimetière, de David Bell (Actes sud, "Actes noirs")
    La Disparition d'April Latimer, de Benjamin Black (NIL, "Détectives")
    Premier homme, de Xavier-Marie Bonnot (Actes sud, "Actes noirs")
    Les Mâchoires du passé, de Bernard Boudeau (In octavo)
    Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides")
    Passage des astragales : autofiction policière, de Henri Cueco (JBZ & Cie)
    L'Espion, de Clive Cussler & Justin Scott (Grasset, "Grand format")
    Elvis ou La vertu, de Frantz Delplanque (Le Seuil, "Roman noir")
    Les Chiens du purgatoire, de Jérôme Fansten (Anne Carrière)
    Le Dernier roi de Brighton, de Peter Guttridge (Le Rouergue, "Rouergue noir")
    Le Violent, de Dorothy Belle Hugues (J, "La Bibliothèque policière")
    Le Formidable événement, de Maurice Leblanc (Maison de l'évolution, "Science en fiction")
    Les Ombres du marais, de Claudie Lecœur (Val-d'Oise)
    Royan garden blues, de Jacques-Édouard Machefert (Croît vif, "Imaginaires")
    Meurtre en prime time, de Liza Marklund (Hachette, "Black moon")
    Orchid blue, de Eoin McNamee (Le Masque, "Grands formats")
    Conviction, de David Michaels (City, "Thriller")
    Retour à Whitechapel : la véritable histoire de Jack l'Éventreur, de Michel Moatti (HC)
    Exfiltrations, de Max Moreau (L'Harmattan)
    La Dame aux orchidées, de Jean Perney (Val-d'Oise)
    Homicide 69, de Sam Reaves (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    IG : intelligence génétique, de Franck Senninger (Anfortas)
    À qui se fier ?, de Peter Spiegelman (Le Seuil, "Policiers")
    Chambre froide, de Thimothy Weaver (Pôle, "Noir")

    Fictions adulte poche :
    La Double vie d'Arthur, de Grégory Cotelle (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    D'amour et dope fraiche, de Caryl Férey & Sophie Couronne (Folio, "Policier")
    La Clé de verre, de Dashiell Hammett (Folio, "Policier")
    Les Harmoniques, de Marcus Malte (Folio, "Policier")
    Une banane dans l'oreille, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio)
    La Matronne des sleepings, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio)
    Les Nouvelles enquêtes de Maigret, de Georges Simenon (Folio, "Policier")
    Mais qui a tué Harry ?, de Jack Trevor Story (Cambourakis, "Littérature")
    Le Mystère du fort de Bondue, de Bernard Thilie (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Le Beau Danube rouge, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, SAS")

    Fictions adulte en grands caractères :
    Le Champ du potier, de Andrea Camilleri (Feryane Livres en gros caractères, "Policier")
    À découvert, de Harlan Coben (Feryane Livres en gros caractères, "Policier")
    Les Eaux noires, de Martine Delomme (Feryane Livres en gros caractères, "Détente")
    Le Roi lézard, de Dominique Sylvain (Feryane Livres en gros caractères, "Policier")

    Bande dessinée :
    Hero Corp. 1, Les Origines, de Simon Astier & Marco Failla (Soleil, "Comics")
    Bouche du diable, de Jerome Charyn & François Boucq (Le Lombard, "Signé")
    Sherlock Holmes : Crime Alleys. 1, Le Premier problème, de Sylvain Cordurié & Alessandro Nespolino (Soleil)
    Grant Morrison présente Batman. 4, de Grant Morrison, Tony Daniel & Ryan Benjamin (Urban comics, "DC signatures")
    Berceuse assassine, de Tome & Ralph Meyer (Dargaud)
    Superman : les origines, de Mark Waid & Francis Leinil Yu (Urban comics, "DC essentiels")

    Mangas :
    Detective Conan. 71, de Gosho Aoyama (Kana, "Shonen Kana")

    Littérature de jeunesse (documentaires) :
    Profession détective : indices, empreintes, alibis, portraits-robots... : réveil le Sherlock Holmes qui est en toi, de Jim Smith & Dan Waddell (De La Martinière jeunesse)

    Littérature de jeunesse (fictions) :
    Le Procès, de Stéphane Henrich (Kaléidoscope)
    Opération Silverfin, de Charles Higson (Gallimard jeunesse, "Folio junior")

    Criminologie & prisons :
    Crimes contre les cultures : clinique interculturelle, clinique humanitaire, de Philippe Bessoles (PUG, "Psychopathologie")
    Jamais je ne te pardonnerai : le combat d'une fille contre son père : témoignage, de Sandra Brown (Presses de la Cité, "Documents")
    Buveurs, voleuses, insensés et prisonniers à Namur au XVIIIe siècle : déviance, justice et régulation sociale au temps des Lumières, de Sarah Auspert, Isabelle Parmentier et Xavier Rousseaux (Presses universitaires de Namur, "Histoire, art, archéologie")
    Rédemption, itinéraire d'un enfant cassé, de Karim Mockhtari (Scrineo)
    Rwanda, une ère nouvelle : comprendre le travail de reconnaissance, de Brice Poreau (L'Harmattan, "Études africaines")


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La recette des tripes à la mode de Londres

Le roman s'ouvre sur une carte victorienne du fameux Whitechapel et de Spitafield, son quartier adjacent, en 1894 soit six ans après les cinq meurtres attribués à Jack l'Éventreur : Mary Ann Nichols le 31 août 1888, Annie Chapman, le 8 septembre, Elizabeth Stride et Catherine Eddowes le 30 septembre, à une heure d'intervalle, et enfin Mary Jane Kelly le 9 novembre, "point d'orgue" du serial killer qui eut tout le temps, dans la pauvre chambre n° 13, de mettre en scène ses sanglants talents. Mais le début du roman est pour le moins déstabilisant puisqu'il commence avec le journal intime de Mrs Pritlowe, une infirmière dans le Londres bombardé en 1941, journal dont les caractères en italiques vont s'avérer le corps du roman ce qui est un choix typographique pas forcément heureux pour la lecture. Insérés entre ces chapitres de 1941, voilà des témoignages écrits et des portraits courts, issus de l'enquête en novembre 1888 après le meurtre de Mary Kelly. S'y ajoutent des scènes romancées sur l'avant et l'après de ce meurtre ainsi que des flash-back tout aussi romancés sur les autres meurtres précédents. Ce choix de tronçonner son roman avec des allées et venues entre 1941 et plusieurs périodes de 1888, alors qu'on le lit en 2013, oblige à une gymnastique de l'esprit que la mode actuelle des docu-fictions rend sans doute plus facile.

Le fil conducteur est vite annoncé : la narratrice infirmière est la fille de Mary Kelly ! L'apprenant sur le tard après la mort de son père, elle se lance dans une enquête sur ses origines. Elle intègre un cercle érudit de "ripperologues" et fouille les archives. Elle rencontre la voisine de Mary Kelly encore vivante en 1941 et qui la gardait, bébé de deux ans à peine, dans la chambre juste au-dessus de celle de sa mère. Enfin, Mrs Pritlowe rencontre le peintre Walter Sickert, mort le 22 janvier 1942 à Bath. Celui-ci est devenu célèbre par les motifs récurrents de ses tableaux faisant penser à des scènes de meurtres sublimées de Jack l'Éventreur. De là à en faire un coupable idéal pour Patricia Cornwell. Mais notre infirmière ne se contente pas de réaliser un voyage "matériel", elle va aussi user des moyens novateurs de l'hypnose avec la professeur Renshaw qui retient notre héroïne pour son protocole de recherche sur les souvenirs de la petite enfance avec le médium Mrs Turnipp. Nous voilà donc dans un voyage "immatériel" qui va conduire notre infirmière à découvrir la vérité puisqu'elle a tout vu à travers les lames du plancher !

Michel Moatti, universitaire et journaliste de formation, est un passionné de Jack l'Éventreur, qui a tout lu sur le sujet. Par son style, il réussit à brosser l'ambiance de ces quartiers misérables où frappa le tueur à la lame. Grâce aux témoignages des proches, aux listes de leurs vêtements, à leurs déplacements avérés, leurs rencontres et leur vie, il nourrit ses portraits de victimes, filles perdues, alcooliques et malades. Il y joint un talent certain à brosser une société de caniveau exploitée par des entreprises esclavagistes. On notera d'ailleurs que la scène la plus impressionnante n'est pas un meurtre mais le récit d'une manifestation d'allumettières dont celles du premier rang sont masquées, on comprendra pourquoi...

Au final, ce roman pourrait ne pas en être un. C'est même son ambition annoncée puisqu'on lit en quatrième de couverture dans le bandeau rouge que Michel Moatti, d'ailleurs membre de la Whitechapel Society de Londres "offre une nouvelle thèse, preuves à l'appui, sur la véritable identité du plus mystérieux tueur en série de tous les temps". Mais les documents et indices de cette nouvelle vérité sont noyés dans une fiction toute romanesque et en pâtissent. Romancière, Patricia Cornwell avait pris soin d'éviter la fiction pour son rapport (controversé quant à sa qualité littéraire) sur l'Éventreur, lui donnant un statut a priori plus percutant. Michel Moatti a fait le choix inverse.

Voilà donc un titre hybride, patchwork de plusieurs romans non aboutis mais dont l'ensemble constitue une curiosité qui titille l'imagination avec ce nouveau coupable. Il est lesté d'un séduisant "carnet d'enquête" de l'auteur, ainsi que de notes personnelles motivantes où celui-ci s'interroge sur sa passion.

Nominations :
Prix Historia du roman policier historique 2013

Citation

Mais le plus important sans doute dans l'épisode nocturne au cours duquel Long Liz a été égorgée dans Dutfield's Yard, sous les fenêtres de l'International Working Men's Educational Club – en vérité une sorte de café politique fréquenté surtout par des Juifs d'Europe centrale et des socialistes – c'est que Jack était là, coincé au-devant des roues de la carriole de Louis Diemschutsz, un commerçant qui remisait son attelage.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 27 janvier 2013
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