Crimes et jardins

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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Crimes et jardins

Historique - Psychologique - Assassinat MAJ lundi 07 avril 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Pablo de Santis
Crimenes y jardines - 2014
Traduit de l'espagnol (Argentine) par François Gaudry
Paris : Métailié, mars 2014
264 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-226-0081-1
Coll. "Bibliothèque hispano-américaine"

Du superbe au sordide !

La littérature policière hispano-américaine est impressionnante tant par la richesse et la variété des intrigues que par la puissance évocatrice de sociétés mal connues. Il suffit, pour s'en convaincre, de fréquenter l'œuvre de Pablo de Santis, un auteur, éditeur, scénariste argentin.

Craig, le grand détective, se meurt, Craig est mort. Il laisse, derrière lui Margarita, sa veuve, et Sigmondo Salvatrio, son dernier élève, le seul rescapé de l'Académie.
Jérónimo Seguí, un poète-journaliste, le charge de retrouver un de ses amis, Isodoro Ranier, un antiquaire disparu depuis quatre jours. Dans la boutique, le détective est reçu par l'épouse qui s'étonne de son enquête. Cependant, elle répond à ses questions et le laisse chercher des indices. C'est dans le laboratoire où "vieillissaient" les "antiquités" qu'il trouve le corps de Ranier au fond d'une cuve. Pensant avoir rempli son contrat, Sigmondo rend compte. Mais Seguí veut qu'il confonde l'assassin qui, d'après lui, est connu. Il s'agit de Baltazar Dux Olaya, le seigneur du sel, un des cinq hommes qui se réunissaient, il y a quelques années, pour philosopher sur les jardins. Ce groupe, constitué autour de Dux Olaya, un riche entrepreneur, comprenait un psychiatre, un antiquaire, un poète et un chasseur. Jérónimo est persuadé que les meurtres vont continuer si...
Sigmondo, en rencontrant les membres du groupe, tente de comprendre les mobiles du tueur. Parallèlement, il est confronté à une énigme relative à Mme Craig, devenue sa logeuse, et à un enquêteur écossais exclu du Cercle des Douze.

Craig, sous la plume de Pablo de Santis, a créé une confrérie de détectives de nationalités différentes, sous le nom du Cercle des Douze. Leurs enquêtes sont relatées dans la revue La Clé du crime. Dans Le Cercle des Douze, un roman précédent (réédité concomitamment), la place du héros est déjà tenue par Sigmondo. Ce dernier, alors qu'il est envoyé par son maître à Paris pendant l'Exposition universelle de 1890, se trouve mêlé à un assassinat. Dans Crimes et jardins, on retrouve cet héritier du maître, en quelque sorte un "Docteur Watson", du Sherlock Holmes argentin. Il est confronté, cette fois, à un groupe d'individus, des philosophes des jardins, tous plus atypiques les uns que les autres. C'est dans ce milieu que Sigmondo évolue et doit traquer un assassin aux mobiles particulièrement obscurs. Ceux-ci sont-ils motivés par de hautes considérations philosophiques ou relèvent-ils du droit commun le plus banal, le plus odieux ?
La progression de l'enquête du jeune détective, ses différentes rencontres, sont orchestrées de belle façon et génèrent nombre de péripéties et rebondissements pour en faire un récit passionnant, avec une intrigue fort bien troussée.
Pour celle-ci, le romancier élabore un cadre qui tient d'un club de chercheurs, d'un groupe d'explorateurs d'idées sur les jardins, sur leur conception, sur leur organisation, voire leur finalité esthétique et sociale. Il dissèque, de façon attractive, les modèles de jardins qui dérivent tous de deux types fondamentaux : "un qui propose l'ordre, la symétrie, l'artifice, et l'autre qui essaie d'imiter la nature dans sa démesure et ses caprices". Il montre alors que ces choix ne sont pas innocents, ne sont pas sans incidences sur la société, sur la perception des individus...

Sa galerie de personnages, construite avec un soin particulier permet à l'auteur de porter une vision étendue sur l'humanité souffrante, sur la vie en groupe... Il en tire un humour noir, voire corrosif.

Pablo de Santis multiplie les maximes, les remarques, les sentences et offre à la lecture un livre magnifique tant par son érudition que par sa capacité à générer des atmosphères étranges, voire fantastiques, des ambiances lourdes. Avec un sens aigu du récit, un art de conteur chevronné, il entremêle une quête philosophique à une sordide affaire d'assassinats.


On en parle : La Tête en noir n°167

Citation

Je fis un bref calcul de la quantité d'espèces : si chaque arbre était suivi d'une explication, la promenade allait durer des mois. Pourquoi alourdir les arbres de paroles, alors que ce qu'il y a de merveilleux dans les plantes c'est qu'elles ne parlent pas, ne grognent pas, n'aboient pas ?

Rédacteur: Serge Perraud jeudi 27 mars 2014
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