Le Retour du capitaine Emmett

Bien sûr, tu as besoin de quelqu'un pour apporter un peu d'humain aux gens quand ton numéro de glaçon ambulant ne marche pas... Mais c'est surtout parce que tu patauges dans l'horreur, et que tu as besoin de quelqu'un pour te remettre en question, t'assurer que tu ne vas pas trop loin... Comme tu l'as déjà fait, pas vrai ?
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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Le Retour du capitaine Emmett

Historique - Vengeance - Guerre MAJ mercredi 28 janvier 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,1 €

Elizabeth Speller
The Return of Captain John Emmett - 2010
Traduit de l'anglais par Bella Norac
Paris : 10-18, octobre 2014
408 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-06333-5
Coll. "Grands détectives", 4833

Actualités

  • 28/01 Auteur: Avis contrasté concernant Le Retour du capitaine Emmett
    Rédacteur émérite qui se penche en nos pages sur les faits divers sanglants et sur les romans policiers historiques (et qui se spécialise sur les romantic suspense dont il parle dans l'ajout fanzine La Tête en rose), Michel Amelin a lu Le Retour du capitaine Emmett, de l'Anglaise Elizabeth Speller. Et son avis contraste avec celui de Serge Perraud. Aussi, méritait-il une place sur k-libre. Ce qui est fait !

    Officiers et gentlemen
    A priori, pour son premier roman, l'Anglaise Elizabeth Speller a choisi un thème porteur : la Première Guerre mondiale, celle des tranchées en France et elle s'intéresse plus particulièrement aux "fusillés pour l'exemple", qui ne le furent pas seulement par l'armée française mais aussi par la britannique. Laurence Bartram, qui a perdu sa jeune femme et son bébé lors même d'une sanglante attaque au front, reçoit trois ans après sa démobilisation une lettre de la sœur d'un lointain ami, John Emmett, lui aussi survivant de la grande boucherie. Dans cette lettre, Mary Emmett lui fait part de son désarrois : John est revenu changé et a dû être hospitalisé dans une clinique psychiatrique. Alors qu'il semblait aller mieux, il s'est suicidé après une fugue. En son nom et en celui de sa mère, Mary lui demande des renseignements complémentaires pour faire le deuil de ce frère. Laurence accepte de rencontrer Mary qui lui donne quelques objets et, bien malgré lui, se voit ainsi chargé d'une sorte d'enquête. Celle-ci va le conduire de connaissance en connaissance, tissant lentement une toile autour du défunt et faisant émerger des secrets bien cachés.
    Servie par un bon style et du talent pour dépeindre société et environnement au sortir de cette guerre, la romancière ne va hélas pas trouver le rythme pour donner une cadence soutenue à cette enquête qui s'avère pourtant bien policière puisqu'il y a une série de crimes et un meurtrier. Hormis le caractère emprunté du héros heureusement contrebalancé par son riche ami Charles qui fouille les archives inaccessibles au commun des mortels, le manque d'originalité de la démarche (un personnage mène à un autre) finit par plomber les quatre cents pages. Et pourtant quelles cartes tenait en main la romancière ! Une documentation riche, des amours malheureuses, des naissances illégitimes, des traîtrises et des gestes d'honneur...
    On ne peut que se rappeler la parfaite maîtrise de Rennie Airth sur le même sujet dans Un fleuve de ténèbres.
    Mais sans doute Elizabeth Speller ne voulait-elle pas écrire un roman policier.
    Liens : La Tête en rose

Tous les retours ne se font pas dans la joie !

L'existence quotidienne pendant la Grande Guerre, les batailles, les victoires ont été longuement décrites et évoquées, plus ou moins glorifiées. Les psychoses des soldats, les conséquences de "l'obusite", les traumatismes des combats ont été niés durant de nombreuses années, puis oubliés. Les exécutions sommaires, ordonnées par des cours martiales, ont été soigneusement tues. Cependant, ces faits commencent à faire l'objet de documentaires, de publications. Le présent roman s'inscrit dans cette veine, avec une galerie de personnages et une intrigue remarquables.

Le capitaine Laurence Bartram, démobilisé, a rompu totalement avec sa vie d'avant. Il écrit un livre et ne fréquente plus que Charles Carfay, un ami d'école, un combattant qui a connu la même horreur des combats.
Une lettre de Mary Emmett le replonge dans le passé. Elle est la sœur de John, un camarade de lycée et d'université. Laurence a été reçu dans cette famille. Elle souhaite le rencontrer pour tenter de comprendre les raisons qui ont poussé son frère au suicide. Celui-ci n'a laissé aucune explication, sauf un testament qui met sa famille à l'abri du besoin et des legs à trois inconnus. Laurence, touché par la beauté de la jeune femme, propose de rechercher des explications vers ceux qui l'ont fréquenté. Or, les témoins de la vie de John sont rares, presque tous tombés sur le front.
Il rencontre d'abord ceux à qui John a légué de l'argent. Deux d'entre eux ne peuvent expliquer ce geste. Le troisième reste inconnu. Aidé par Charles, Laurence se lance dans une véritable enquête car ces rencontres génèrent plus de d'interrogations qu'elles n'apportent de réponses.
Et il apprend que Mary a été au cœur d'un scandale avec un homme marié, que John était en rapport avec un truand, un poète condamné pour trahison et qu'il avait commandé un peloton d'exécution.
Traquer les fantômes d'un passé, même récent, compte-tenu des circonstances, n'est-ce pas dangereux pour la sauvegarde d'une mémoire respectable et pour les survivants ?
Un individu peut-il être le même que celui qui est parti quand il a participé, vécu, comme tous ces "poilus" les horreurs d'une telle tuerie ? Le caractère, la vision de choses ont changé si le corps est resté intact.

Elizabeth Speller offre un roman élaboré autour de la reconstruction, après une guerre pareille, des combattants comme de ceux qui ont tremblé d'angoisse pour leurs proches.
Elle met en scène les conséquences d'actes commis dans le feu de l'action, dictés par l'instinct de survie et qui engendrent ressentiment et culpabilité. Elle revient sur ces traumatismes, sur cette justice expéditive imposée par les responsables de l'armée pour faire taire les objections et obliger les soldats à continuer à se battre malgré l'inutilité des assauts.
Elle met le projecteur sur les trafics et les profiteurs, sur ceux qui savent utiliser les circonstances pour continuer à faire des affaires et du profit. Elles évoquent le sort de ces innocents frappés par des psychoses et qui parce qu'ils avaient perdus la tête se sont retrouvés accusés de désertion et qui furent condamnés, voire exécutés pour certains.
Elizabeth Speller brosse une galerie de personnages d'une grande justesse dans une intrigue toute en sous-entendus.
Son écriture élégante, son style solide, font merveille pour dépeindre le portrait d'une période qui fut, malgré le soulagement de la fin de la guerre, génératrice de grands tourments. Mais, ce livre refermé, des personnages continuent de vous hanter, et des questions sur le sort de l'humanité souffrante perdurent.

Un avis plus contrasté de Michel Amelin

Citation

... il ressentait un désir physique beaucoup plus sombre. Un désir qui avait commencé à l'assaillir lorsque Charles avait insinué que Mary n'était peut-être pas aussi innocente qu'il ne se l'était imaginé. Apprendre qu'elle avait eu une aventure avec un homme marié l'avait surpris, et troublé aussi.

Rédacteur: Serge Perraud jeudi 13 novembre 2014
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